Publié le: 8 juillet 2016

Le coup du péage généralisé

MOBILITé – Mieux vaudrait éliminer les goulets d’étranglement que de surtarifer tous azimuts les déplacements des PME!

La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans les bouchons de la mi-journée sur l’Arc lémanique et dans les ralentissements en Suisse romande. Le Conseil fédéral tire à nouveau à boulets rouges contre les PME qui doivent emprunter la route pour satisfaire leur clientèle.

Dans les faits, Berne a bouclé son audit stratégique et balance ses conclusions: «La plupart des cantons considèrent que la tarification de la mobilité est un dispositif judicieux pour utiliser plus efficacement les capacités routières et ferroviaires existantes et réduire les pics d’affluence, estime l’Exécutif fédéral. En conséquence, le Conseil fédéral a chargé le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) non seulement de réfléchir, avec le concours des cantons et communes intéressés, à la possibilité de mettre en place des projets pilotes, mais aussi de clarifier le cadre juridique nécessaire.»

Joli programme! Nous avons notamment appris que lors de l’audition, «l’idée de réaliser des projets pilotes locaux et limités dans le temps pour évaluer la tarification de la mobilité a rencontré un écho très positif». La Confédération explique qu’elle souhaite comprendre les conséquences réelles de la tarification de la mobilité sur le trafic, l’économie, l’environnement et l’aménagement du territoire. Les zones visées? Apparemment, en plus de Genève (lire JAM 06 en juin dernier), il y a d’autres volontaires pour jouer aux cobayes: le Tessin et Zoug, de même que la ville de Rapperswil-Jona et l’agglomération de Berne, se sont annoncés. «En plus de clarifier le cadre légal, la Confédération va donc également désormais mener des discussions avec les régions intéressées (cantons, agglomérations, villes).» Le grand péage généralisé menace! En tarifant la mobilité, le Conseil fédéral veut diriger le trafic et arnaquer les citoyens. Les petites et moyennes entreprises doivent répondre aux exigences de leur clientèle et ne choisissent, en règle générale, ni le lieu, ni l’heure des trajets.

Position de l’usam

Pour les PME, la tarification de la mobilité entraîne forcément une hausse des coûts sur laquelle elles n’ont aucune prise. L’Union suisse des arts et métiers usam s’oppose à la tarification de la mobilité en tant que taxe supplémentaire. Elle s’oppose également aux projets pilotes correspondants. Tarifer la mobilité est une manière administrativement coûteuse et lourde de gérer le trafic qui, pour les PME, engendre des coûts sur lesquels elles n’ont aucun moyen d’agir. Les principes tels que «conception sociopolitique», «intermodalité par le biais d’une tarification de la mobilité appliquée à tous les modes de transport» et par là même l’exigence d’une utilisation «plus homogène» des modes de transport que sont la route et le rail ne sont pas de nature à faciliter les défis que doivent relever au quotidien les entreprises pour distribuer biens et services.

On croit rĂŞver en plein jour!

Pour rappel, 85% de la distribution des marchandises (et notamment la micro-distribution) se font par la route. Cela ne changera pas. Outre l’augmentation de 4 centimes du prix de l’essence, les PME risquent donc de se voir imposer de nouvelles charges administratives et financières. Dans le contexte économique difficile que nous connaissons aujourd’hui, elles n’ont aucune marge de manœuvre pour absorber une augmentation de taxes et de redevances supplémentaire.

Quid des bouchons?

Même si le Conseil fédéral assure que son intention n’est pas de prélever de nouvelles taxes, les mesures de répartition du trafic via cette tarification se traduiront bel et bien par des coûts plus élevés pour les PME. Ce sont en effet les clients qui décident à quel moment et où les professionnels doivent utiliser la route. Plutôt que de gaspiller des ressources pour des mesures de régulation aussi fumeuses, l’usam demande que le Conseil fédéral se concentre sur l’élimination rapide des goulets d’étranglement et la réduction des 24 000 heures d’embouteillages actuelles. C’est dans les bouchons que se trouvent les vraies priorités en matière de mobilité!.

Dieter Kläy, responsable du dossier à l’usam

 

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