Publié le: 16 décembre 2022

Deux chaînes d’État à la botte du gouvernement? Non merci!

SSR – Par le biais d’un postulat, le chef du Centre demande la création d’une deuxième chaîne publique qui con­currencerait la SSR. ARD et ZDF servent de modèle, justement. Cette propo­si­tion ne résout aucun autre problème, ni pour les PME, ni pour les ménages, bien au contraire.

«SSR doit avoir une concurrence nationale.» Voici le titre que plusieurs journaux de la maison d’édition CH-Media ont publié jeudi en première page. En toile de fond, un postulat que le chef du Centre Gerhard Pfister veut déposer vendredi au Parlement.

Concrètement, le Conseil fédéral doit octroyer une deuxième concession à une chaîne qui se limite à l’information. Celui qui remportera l’appel d’offres recevra environ 150 millions de francs provenant du pot fiscal de Serafe.

ARD Ă  gauche, ZDF Ă  droite?

La condition est la diffusion d’un programme d’information en allemand, français et italien à la radio et à la télévision. Gerhard Pfister mentionne dans ce contexte les deux chaînes publiques allemandes, dont l’orientation politique de l’ARD penche un peu à gauche et celle de la ZDF à droite. C’est en tout cas ce qu’il estime.

En dehors de cette classification politique plutôt étrange, ces deux chaînes ne peuvent guère servir de modèle pour la Suisse. La chaîne ARD, par exemple, a récemment fait les gros titres en raison des frais excessifs de certains responsables d’antenne.

Les relents de la crise du Covid

D’une manière générale, il convient de classer cette initiative sous la devise «Des idées dont personne n’a pas besoin». En principe, il est certes bon que la SSR soit confrontée à une concurrence. Celle-ci doit toutefois provenir du secteur privé.

Certes, les opérateurs privés peuvent se porter candidats à la deuxième concession. Mais cela ne change rien au fait qu’ils seraient également financés de force. C’est un vœu pieux que de croire qu’un deuxième acteur, lui aussi financé par l’État, parviendrait à créer une véritable concurrence. En effet, les dépendances sont restées les mêmes.

Ce dont la Suisse a besoin en dernier lieu, c’est d’une deuxième grande chaîne publique qui, en situation de crise, suit tout aussi sagement les consignes du gouvernement afin d'augmenter ses subventions ou de ne pas les mettre en péril. Il suffit de penser ici à la crise du Covid.

En outre, nous avons de nombreuses chaînes régionales qui reçoivent déjà des compensations du pot commun de la redevance. Pourquoi ne pas simplement les renforcer par des moyens si l’on souhaite, comme M. Pfister, une couverture médiatique plus diversifiée?

Estimation grossière

Outre cela, la proposition de M. Pfister n’apporte aucun allègement de la taxe sur les médias pour les ménages privés. Bien au contraire: la baisse à 300 francs, jadis promise par la conseillère fédérale Doris Leuthard, ministre des médias, devrait même être repoussée de quelques années.

Selon la proposition, la deuxième chaîne d’information peut être financée sans que la SSR perde des moyens. Ceci parce que le nombre de ménages en Suisse augmente chaque année et que, par conséquent, plus d’argent atterrit dans le pot de Serafe. M. Pfister fait tout de même remarquer: «Que 150 millions suffisent correspond à une estimation grossière. Des clarifications plus précises sont sans aucun doute nécessaires à ce sujet.»

La tendance semble toutefois claire: aucune réduction n’est prévue, ce sera plutôt une augmentation. En outre, les PME ne sont pas mentionnées dans l’article de presse et ne seront pas non plus soulagées par le postulat. Rien que pour cette raison, la proposition doit être rejetée.

Un véritable allègement

En effet: renchérissement, forte augmentation des coûts de l’énergie et sortie de la crise du Covid. Voilà les problèmes existentiels des PME et des personnes dans ce pays. L’initiative populaire «200 francs, ça suffit» permet de remédier à cette situation.

Elle plafonne la taxe sur les médias à 200 francs pour les particuliers et en exclut les PME. Une mesure nécessaire depuis longtemps, car les entreprises sont aujourd’hui scandaleusement doublement imposées. Ce serait un véritable soulagement. Contrairement à une deuxième chaîne publique à la botte du gouvernement, qui coûterait à nouveau de l’argent et dont personne n’a besoin.

Hans-Ulrich Bigler, directeur de l’Union suisse des arts et métiers usam

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