Publié le: 20 janvier 2023

Ce fonds souverain qui fait figure de mal-aimé

débat – Luzius Meisser a tenu à Klosters une conférence sur les cryptomonnaies, sujet rebattu par les médias.

Lors de la table ronde qui a suivi, l’idée d’un fonds d’État pour la Suisse a été plutôt mal accueillie.

«Nous nous trouvons actuellement dans l’hiver de la cryptomonnaie», a déclaré Luzius Meisser, président du conseil d’administration de Bitcoin Suisse, lors de la conférence commerciale d’hiver à Klosters. L’insolvabilité de la plateforme de cryptomonnaies FTX de Sam Bankman-Fried a déclenché une grande méfiance et une profonde crise de confiance. On ne trouve plus guère d’investisseurs et les fonds de placement se négocient avec de fortes décotes. Meisser a souligné qu’un cas comme FTX n’aurait toutefois pas été possible en Suisse – en raison de l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers Finma.

Malgré la crise de confiance actuelle, il voit une base croissante pour ces monnaies Internet organisées de manière décentralisée. Les bitcoins font l’objet d’un commerce intensif. «L’un des avantages est que personne ne contrôle la masse monétaire.» En outre, les cryptomonnaies sont neutres et numériques.

«Mais le bitcoin peut aussi servir de monnaie de substitution dans les pays où le système monétaire étatique s’effondre.» Meisser a cité le Venezuela comme exemple. Il a remercié l’ancien ministre des Finances Ueli Maurer d’avoir vu «intuitivement» les grandes opportunités pour la Suisse dans ces nouvelles monnaies et les technologies qui y sont liées.

BNS, des bénéfices convoités

La table ronde qui a suivi a porté sur le thème des fonds souverains, et sur la question de savoir s’il s’agissait d’un nouvel engouement politique. Sous la modération de l’éditeur et rédacteur en chef de «Nebelspalter» Markus Somm, le directeur adjoint de l’usam Henrique Schneider, l’entrepreneur et marchand de cigares Manuel Fröhlich ainsi que les conseillers nationaux Peter Schilliger (PRD/LU) et Nicolo Paganini (Le Centre/SG) ont discuté.

«si on a besoin d’argent et qu’on n’en trouve pas, c’est la faute AU marché!»

Les quatre participants se sont montrés critiques à l’égard d’un fonds souverain en Suisse. M. Schneider a déclaré que de tels fonds ne fonctionnaient que dans les pays arabes, avec beaucoup de pétrole et pas de démocratie. La Norvège constitue une exception. Mais l’influence de la politique sur le fonds souverain y est très faible. L’idée revient régulièrement en lien avec les bénéfices de la Banque nationale suisse (BNS). «Cela suscite des convoitises.»

M. Paganini a relativisé et demandé, au vu des 132 milliards de pertes annoncées par la BNS en 2022, si cette idée était encore actuelle. Pour M. Schilliger, on mélange trop de problématiques: «Nous devons nous demander où nous avons un problème et comment le résoudre. Par exemple, la garantie de l’approvisionnement en énergie.» La recherche est très importante.

«Argument aventureux»

Le projet de fonds à 500 millions de la Confédération pour les jeunes entreprises (fonds d’innovation), actuellement discuté par le Conseil fédéral, a aussi été mal accueilli. «On le justifie par une défaillance du marché. C’est un argument aventureux», a lancé M. Fröhlich. Le marché serait mis hors jeu et les fonds viendraient de ses impôts. Ce qui dérange M. Paganini dans ce fonds, c’est qu’il doit «passer en fraude du frein à l’endettement». Selon M. Schneider, il y a assez d’argent dans le système. «Si on a besoin d’argent et qu’on n’en trouve pas, c’est la faute au marché.»

Des critiques ont aussi été formulées contre «l’État-nounou» et des réglementations toujours plus nombreuses. «Nous devons nous défendre contre les réglementations excessives», a déclaré M. Schilliger. Derrière cela, il y a souvent une idée de protection, mais en fin de compte, on retire ainsi aux gens leur propre responsabilité. M. Fröhlich a parlé de la menace qui pèse sur la liberté. Il habite en ville de Zurich et le peuple y a décidé que l’on ne pouvait plus rouler qu’à 30 km/h. C’est totalement absurde selon lui.

Rolf Hug

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