Publié le: 20 janvier 2023

Défis en 2023: du pragmatisme et du bon sens – s.v.p.

Ces dernières années ont été marquées par de nombreuses crises qui ont secoué notre pays et le reste du monde. Elles ont représenté des défis importants pour nos PME. La crise semble être le «new normal». Pour y faire face, les entreprises doivent rester flexibles et innovantes. L’État doit aussi s’adapter et réagir parfois très vite, ce qui soumet à un stress-test les structures consultatives, complexes et fédéralistes de la Suisse. Voici un tour d’horizon, non exhaustif, de quelques défis qui marqueront 2023.

COVID-19 – La situation s’est heureusement largement normalisée, grâce notamment à la vaccination et à l’immunité naturelle de la population. Cela devrait nous permettre, pour la première fois depuis trois ans, de débuter l’année avec l’espoir d’une certaine normalité. Pourtant, la crise n’est pas complètement terminée. Il s’agit de rester attentifs aux nouveaux variants. La réouverture brutale de la Chine – après trois ans sous cloche – et le bas niveau d’immunité de son immense population seront à observer de près, de même que de nouveaux sous-variants en circulation aux États-Unis. En cas de nouveaux soubresauts, il faudra répondre avec pragmatisme.

Guerre en Ukraine – La guerre d’agression russe contre l’Ukraine et ses développements possibles au cours des prochains mois constitueront évidemment un autre facteur disruptif de grande importance. L’impact en termes de sécurité, y compris nucléaire, de migration, de difficultés d’approvisionnement ou encore de renchérissement restera important et les efforts, notamment diplomatiques, devront se poursuivre pour éviter une escalade, aider les populations affectées, assurer la justice, travailler à la paix et préparer la reconstruction de l’Ukraine. La Suisse doit se montrer solidaire, défendre ses valeurs et agir avec pragmatisme.

Énergie – Grâce à des mesures d’urgence très coûteuses, qui restent un pis-aller par rapport à un marché du gaz qui s’est adapté (là aussi avec des coûts importants) et à un hiver jusqu’ici très doux, le pire pour cet hiver pourrait être évité. Plus que jamais, la prudence reste de mise! Nous devons nous préparer aux prochains hivers et composer avec une insécurité de l’approvisionnement énergétique devenue structurelle. Elle découle de nombreux facteurs externes, mais surtout d’un manque de pragmatisme de la politique suisse qui a cru pouvoir tout obtenir: stabilité des prix, sécurité de l’approvisionnement, mise sous cloche du paysage, sortie du nucléaire et décarbonation. Des choix sont à faire et des priorités sont à fixer pour augmenter massivement notre production d’électricité indigène. Toutes les technologies devront répondre à l’appel. Les procédures devront s’accélérer. Du pragmatisme et du bon sens sont exigés!

Suisse et UE – Après le coup de frein de 2021, il fallait remettre l’ouvrage sur le métier et reprendre son bâton de pèlerin. Le Conseil fédéral l’a fait l’an dernier sous l’impulsion de son président, Ignazio Cassis. Les efforts doivent se poursuivre, car la modernisation et le développement de nos accords d’accès au marché et de nos coopérations, notamment en matière de recherche, restent des défis stratégiques. Le Conseil fédéral mène des entretiens exploratoires pour définir un nouveau cadre commun de négociation. La volonté de renforcer l’économie des deux partenaires et de trouver des solutions pragmatiques doit l’emporter, car il y a suffisamment d’autres freins à la croissance! Il importera d’appuyer les efforts du Gouvernement et de construire une large coalition de la raison prête à soutenir des nouveaux accords avec pragmatisme lorsqu’ils seront sur la table.

Prévoyance professionnelle – Après l’acceptation de la réforme AVS 21, étape importante pour le financement du premier pilier, c’est au tour de la LPP de subir une réforme nécessaire. Le Conseil des États a retravaillé le projet qui revient au National. Les différences sont importantes entre les Chambres. Il faudra trouver un projet capable de réunir des majorités, dont les mesures de compensation n’absorbent pas l’essentiel des effets financiers stabilisateurs. Ce projet devra tenir compte de la réalité du vieillissement de la population et des rendements des marchés; il devra aussi permettre une meilleure prévoyance pour les petits revenus et les temps partiels. Du pragmatisme est requis.

Fiscalité des entreprises – Une importante votation aura lieu en juin prochain sur la réforme fiscale de l’OCDE, qui exige que les grandes entreprises internationales soient imposées à 15 % au moins. La Suisse a tout intérêt à appliquer cette réglementation. Sinon, le substrat fiscal supplémentaire des entreprises concernées sera imposé ailleurs dans le monde et la sécurité juridique sera compromise. La répartition entre cantons et Confédération est un compromis équilibré. Si la gauche s’y oppose, comme elle l’a fait au Parlement, elle poussera à une exportation de revenus fiscaux! Soyons pragmatiques!

Élections fédérales: choisir le bon cap – Le 22 octobre sera essentiel pour savoir si notre Suisse sera gouvernée par une majorité pragmatique qui mise sur les recettes ayant fait le succès de la Suisse: libéralisme, responsabilité individuelle, finances équilibrées, fiscalité raisonnable, système social solide et finançable, marchés ouverts, infrastructures modernes et compétitives, fédéralisme. Ou si des solutions de doux rêveurs semblent mieux adaptées dans un contexte de défis mondiaux. Pour nos PME et notre place économique, il faut faire montre de pragmatisme et fixer le bon cap!

Résilience, volonté, pragmatisme: trois ingrédients que je nous souhaite à tous pour une bonne année 2023!

*conseiller national (PLR/NE), président de l’Union neuchâteloise des arts & métiers (UNAM).

www.damien.cottier@parl.ch

Les plus consultés