Publié le: 20 janvier 2023

Liberté et fiabilité au menu

finances fédérales – Dans son allocution à la Conférence d’hiver des arts et métiers, la nouvelle ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, a insisté sur l’urgence d’agir et de s’en tenir au frein à l’endettement. Il faut éponger les 30 milliards de dettes de la pandémie. Aucun nouveau fonds d’État ne figure au programme.

Pour clore la 73e Conférence d’hiver des arts et métiers à Klosters, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a honoré de sa visite la traditionnelle manifestation des PME. À cette occasion, la nouvelle ministre des Finances s’est montrée partisane convaincue du frein à l’endettement qui a fait ses preuves – et adversaire tout aussi claire des fonds d’État et autres fonds similaires. «65 % des dépenses publiques sont aujourd’hui liées et bénéficient d’un large soutien politique. Mais des dépenses liées supplémentaires réduiraient continuellement la marge de manœuvre et diminueraient en outre la transparence», a déclaré sans équivoque la cheffe du DFF.

Finances saines, plus que jamais

«La fiabilité de la politique financière me tient autant à cœur que la liberté», a déclaré «KKS» face aux entrepreneurs. L’impératif d’une politique financière solide est «d’autant plus valable en période de turbulences, comme celle que nous vivons aujourd’hui».

Lorsque les certitudes deviennent relatives et qu’il faut se préparer à des surprises, il est important de créer de la fiabilité. Pendant la pandémie, l’État a apporté «un soutien d’une ampleur gigantesque». «Aujourd’hui, nous devons réduire environ 30 milliards de dettes que nous avons accumulées en seulement deux ans.»

Il est donc d’autant plus important de s’en tenir au frein à l’endettement éprouvé et apprécié du peuple, créé il y a exactement 20 ans sous la direction de l’ancien ministre des Finances Kaspar Villiger et approuvé à l’époque «par 84,7 %des voix». «Le peuple a ainsi tiré un trait sur l’économie d’endettement des années 1990», a rappelé la ministre des Finances.

«Le faible endettement de l’État était une condition importante pour que la Confédération puisse réagir rapidement pendant la pandémie et soutenir la population et l’économie.» Bien que le frein à l’endettement n’ait donc fait ses preuves que récemment – «justement en temps de crise» –, il y a de nouveau de plus en plus de tentatives de l’affaiblir. En tant que ministre des Finances, elle s’engagera comme son prédécesseur Ueli Maurer pour que le frein à l’endettement soit respecté, que la politique financière de la Confédération reste solide et fiable à l’avenir et que «l’État gère avec soin l’argent que vous, en tant qu’employeurs, produisez avec vos collaborateurs».

Enfin, elle souhaite s’engager pour que «les conditions-cadres soient conçues de manière à ce que vous puissiez bien gérer votre entreprise».

Libres et responsables

Il est juste, a poursuivi la conseillère fédérale, que l’industrie s’engage pour moins de réglementation et plus de liberté. «Vous avez raison! Défendez-vous contre les restrictions excessives!» Mais il faut tout autant assumer la responsabilité qui va de pair avec la liberté, a-t-elle ajouté. «Ce principe semble avoir été un peu oublié ces derniers temps.» Et de constater que l’action rapide et non bureaucratique de l’État lors de la pandémie a aussi éveillé des convoitises qui ne disparaîtront apparemment pas de sitôt. «Il y a un risque que cette attitude de revendication vis-à-vis de l’État soit devenue trop confortable.»

Elle considère dès lors que l’attitude consistant à venir en soutien à l’économie à la moindre baisse de régime ne fait pas partie du rôle de l’État.

«LE FREIN À L’ENDETTEMENT A FAIT SES PREUVES et cette fois même en temps de CRISE.»

Quant au fédéralisme, il fait aussi partie d’une conception libérale de l’État. Forte de ce constat, elle se réjouit que la Confédération et les cantons aient décidé de réexaminer leur répartition des tâches dans le cadre de la réforme de la péréquation financière (RPT).

«Je suis convaincue que cet examen est nécessaire 15 ans après l’entrée en vigueur de la RPT.» Il s’agit de contrecarrer «certaines tendances à la centralisation». Mais cela implique «que les cantons ne se contentent pas de revendiquer leur autonomie, mais qu’ils assument aussi les responsabilités qui en découlent, y compris financières».

Gerhard Enggist

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