Publié le: 3 mars 2023

La SSR hors de ses gonds

«SERVICE PUBLIC» – La SSR a d’abord ravi la Ligue des champions à la chaîne privée CH Media. La voilà qui met en place une plate-forme en ligne «décen­te». De quoi alerter tous les amis de la liberté. Les citoyens ordinaires paient et les PME paient à double. Il faut ré­duire les moyens de la chaîne publique.

L’offre de la SSR a dû être imbattable. C’est ce qu’a écrit récemment CH Media dans un communiqué, lorsqu’on a su que le service public avait arraché la Ligue des champions au nez et à la barbe de l’entreprise de médias privée. Mais ce n’est pas tout: pour la nouvelle attribution des droits, la SSR aurait même dû payer des contributions nettement plus élevées que celles versées récemment par CH Media. Et ce, bien que la SSR ait estimé à l’époque que son offre était trop élevée.

La Ligue des champions devait donc revenir à la SSR, quel qu’en fût le prix. Mais cela n’a rien d’étonnant: l’argent continue de couler à flots à Leutschenbach, siège de la SSR à Zurich. C’est possible parce que tout le monde paie la taxe Serafe, qu’on regarde ou non les programmes. Ce qui est particulièrement scandaleux, c’est que les entrepreneurs doivent continuer de payer deux fois cet impôt. Car qui, à part les fonctionnaires, a le temps de regarder la télévision pendant les heures de travail?

Le patron de PME est donc doublement pris pour un idiot: il paie à titre privé et par le biais de son entreprise. Les employés en pâtissent également. Pour payer la redevance Serafe, il faut économiser sur un autre poste. Sur les charges salariales peut-être?

Moins de choix: votre télévision

Les citoyens ne sont pas seulement contraints de payer une offre trop chère. Ils reçoivent même en remerciement une offre de programmes réduite. En effet, la SSR aurait pu produire d’autres contenus. Du «service public», par exemple.

Un terme qui a d’ailleurs été utilisé avec force dans le titre du communiqué de presse du Conseil fédéral, lorsque celui-ci a informé de l’attribution de la concession actuelle. «Nouvelle concession SSR: plus de service public», disait-il alors. Le service public est en fait la mission de la SSR: offrir des contenus qui sont absolument nécessaires et que les acteurs privés et le marché ne fournissent pas. Il s’agit donc de l’exact contraire de la surenchère d’un privé sur les droits de la Ligue des champions.

Mais pourquoi la SSR s’en soucierait-elle? On peut voir les grands rendez-vous du foot et les stars surpayées du petit ballon courir sur le gazon. Les mauvaises langues prétendent que ce serait peut-être même mieux que si la SSR produisait de vrais contenus politiques assumés comme tels. A-t-on entendu un seul mot critique sur la Commission fédérale extraparlementaire pour les questions familiales (COFF), lorsque celle-ci a récemment exigé (un euphémisme) à la manière d’une organisation de lobbying, un «congé parental» de 38 semaines (hautement préjudiciable aux PME) alors que sa mission de base devrait être de communiquer avec retenue? La SSR n’a même pas évoqué le point de vue selon lesquel la COFF était en train de déraper.

Différentes émissions, comme «Tagesschau» et «Arena», ont été consacrées à ce thème très apprécié de la gauche et des Verts. Mais on n’y trouve pas un mot sur le lobbying incompatible avec le mandat de base. Est-ce du «service public» ou de la désinformation?

Censurer et faire la leçon

Dans ce contexte, le dernier coup d’éclat devrait être encore plus inquiétant – même si cela ne semble peut-être pas être le cas à première vue. Ainsi, la SSR a récemment fait savoir qu’elle recherchait, en collaboration avec des prestataires du service public en Allemagne, en Belgique et au Canada, des approches «permettant d’établir un dialogue loyal et conscient avec les internautes». Sous le titre «Public Spaces Incubator», elle veut donc créer, avec les millions des contribuables de Serafe, une sorte d’alternative à Twitter et Facebook. Le fonctionnement exact de ce nouveau service en ligne n’est pas clair. Il est bien possible que des journalistes de la SRF, pour la plupart proches de la gauche et des Verts, y manient la censure en «modérant» les dialogues. On pourrait imaginer des récompenses pour ceux qui auraient le courage d’exiger que des toilettes pour trois sexes soit installées dans tout nouveau bâtiment public. Seuls les bons journalistes recevraient des gommettes dans leur carnet quand ils se sont bien conduits!

Mais gare à ceux qui ne veulent pas adopter les nouveaux termes «genrés» de l’idéologie dominante. «L’idée derrière la nouvelle plateforme en ligne est en fin de compte de limiter la liberté d’expression.» Ce dernier point n’est d’ailleurs pas un exemple théorique. L’année dernière, la «SonntagsZeitung» a ainsi fait état d’une contribution Instagram de la plate-forme «We, Myself & Why» de la SRF, qui donnait des consignes de discours claires aux utilisateurs. «S’il t’arrive d’utiliser le mauvais pronom dans la conversation, corrige-toi et continue à parler», disait-il en guise de leçon. Car le soi-disant «misgendering» peut être blessant ou traumatisant. C’est du plus mauvais genre!

Quelle sera la prochaine Ă©tape?

L’idée derrière la nouvelle plateforme en ligne est donc finalement – et c’est cela qui devrait nous inquiéter – de restreindre la liberté d’expression et de limiter le débat public aux contributions dites «constructives». Ce sont les journalistes de la SSR avec leurs lunettes vert-rouge-rose – ou un algorithme programmé selon leurs directives – qui décident ensuite de ce qui est «constructif».

Or, une démocratie vit de la liberté de parole et de la critique, qu’elle soit «constructive» ou non, tant qu’elle ne relève pas du droit pénal.Tous ces développements soulèvent la question de savoir ce que le colosse médiatique qu’est la SSR veut encore s’approprier avec l’argent qu’il nous prend – et qu’il affecte à des tâches totalement en dehors de sa mission de base. Et la suite? Aura-t-on une App de rencontres de la SSR, où les thèmes liés à la démocratie seraient construits de manière constructive.

Une initiative pour y remédier

Ces deux exemples montrent que la SSR est complètement hors de contrôle. Il est grand temps de mettre un terme à cet étatisme forcené en lançant l’initiative populaire «200 francs, ça suffit!». Ce projet réduit la redevance Serafe de 335 francs aujourd’hui à 200 francs. Et elle exclut les PME de l’impôt sur les médias.

«L’initiative veille à ce que l’étendue du mandat de service universel de la SSR soit enfin discutée sérieusement», lance Bruno Walliser, conseiller national (UDC/ZH) et patron de PME. En outre, elle supprime la double imposition injustifiée des entreprises et des PME par cette taxe. Une mesure qui aurait dû être prise depuis longtemps.

Rolf Hug

adapt.: JAM

www.initiative-ssr.ch

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