Publié le: 14 avril 2023

AVS étendue, poches vidées

13e RENTE AVS – En dépit de sombres perspectives financières, les pres­ta­tions de l’AVS devraient être massive­ment étendues. Une fois de plus, les jeunes devraient payer les pots cassés et reboucher les trous dans le finance­ment.

Grâce à la réforme fiscale et au financement de l’AVS adoptés il y a quatre ans, l’AVS a bénéficié de recettes supplémentaires de deux milliards de francs. Avec l’entrée en vigueur d’AVS 21 en 2024, le résultat financier de l’AVS pourra être amélioré de deux milliards de francs supplémentaires.

Le financement des rentes AVS est-il ainsi assuré sur le long terme? Non, loin de là. Dès la fin de cette décennie, l’AVS sera dans les chiffres rouges. Dans une bonne dizaine d’années, la réserve de capital de l’AVS pourrait être entièrement épuisée.

Dans la tĂŞte du syndicaliste

Que fait le financier avisé face à ces sombres perspectives financières? Il veille le plus possible à ne pas laisser les dépenses augmenter davantage et prend rapidement des mesures d’assainissement. Que fait le syndicaliste? Il continue de développer les prestations de la prévoyance vieillesse publique, par exemple sous la forme d’une 13e rente AVS. Coût: quatre milliards de francs par an dans la phase initiale – et beaucoup plus par la suite.

C’est irresponsable. Une augmentation des rentes AVS de plus de 8 % n’est simplement pas finançable. La garantie financière du niveau actuel des prestations exigera déjà de nous tous de grands sacrifices. Il n’est pas possible d’aller plus loin. La solidarité entre les générations, qui pèse lourdement sur le dos des jeunes, ne doit pas être mise à l’épreuve.

De plus, une extension généralisée de l’AVS est tout simplement inutile. En comparaison avec l’ensemble de la population, les ménages à l’âge de la retraite sont nettement moins exposés au risque de pauvreté que d’autres groupes. C’est particulièrement vrai si l’on tient compte de la fortune.

Retraites: un peu de bon sens!

La pauvreté ne frappe qu’une minorité d’environ 20 % des bénéficiaires de rentes. Ces derniers ont toutefois droit à des prestations complémentaires, de sorte qu’ils sont déjà pris en charge. Il serait donc absurde de distribuer des fonds à tous: cela profiterait en majorité aux personnes dont la situation économique est bonne, voire très bonne.

Si l’on veut faire quelque chose pour les retraités à faibles revenus, il est plus adéquat d’agir sur les prestations complémentaires. En développant ce système, on pourrait s’assurer que les moyens sont utilisés en fonction des besoins, là où ils génèrent le plus d’avantages. Et l’on pourrait éviter une exportation supplémentaire de prestations à l’étranger.

Les syndicats ne précisent pas comment la 13e rente AVS doit être financée. Avec une initiative populaire séparée, ils ont tenté l’année dernière de contraindre la BNS à participer au financement des dépenses de l’AVS. Mais cette tentative a lamentablement échoué et la collecte de signatures a dû être interrompue.

Une casserole de plus

Des taux de TVA plus élevés n’entrent probablement pas non plus en ligne de compte. Enfin, les syndicats se sont clairement prononcés contre l’augmentation des impôts sur la consommation dans le cadre de la votation populaire sur AVS 21. Des déductions salariales plus élevées pèseraient sans doute aussi de manière excessive sur leur clientèle et constitueraient une hypothèque supplémentaire pour la place industrielle suisse.

De nouveaux impôts? Y en a-t-il qui n’aient pas déjà été examinés et ensuite rejetés pour de bonnes raisons? Non. Le projet d’extension massive de l’AVS est donc construit sur du sable. C’est irresponsable. Enfin, les quelque 2,6 millions de bénéficiaires de rentes ont besoin que leurs prestations soient versées de manière fiable mois après mois. Et cela n’est possible que si la gestion est sérieuse.

L’AVS est la plus importante de nos institutions sociales. Nous devons en prendre soin. Il ne faut promettre que des prestations dont le financement est assuré à long terme. Les fantaisies syndicales non finançables doivent être clairement rejetées.

Kurt Gfeller, usam

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