Publié le: 12 mai 2023

Une foultitude de petits établissements

place financière – Lors de la session spéciale, CS et UBS étaient au centre des débats. Mais on oublie vite les nombreuses petites banques: plus de choix, plus de concurrence, cela veut dire moins de risques.

Les banques remplissent des fonctions économiques importantes - en Suisse et ailleurs: elles assurent le trafic des paiements, permettent des investissements et gèrent des actifs. En outre, elles relient le pays au monde extérieur. C’est ce que font toutes les banques – et pas seulement les grandes, dont on parle tant ces jours-ci.

C’est précisément pour cette raison qu’il existe environ 240 banques en Suisse. On pense par exemple à Raiffeisen, aux banques cantonales, aux banquiers privés ou aux banques régionales.

Accepter les risques

Avec les autres prestataires de services financiers et les assureurs, toutes ces banques représentent environ 9 % du produit intérieur brut (PIB). Cela représente certes environ 70 milliards de francs par an, ce qui est loin d’être négligeable. Mais d’autres activités économiques représentent une part plus importante de la valeur ajoutée suisse. Le commerce représente environ 15 % du PIB, l’industrie et l’artisanat, près de 20 %. L’idée prévaut que l’on peut minimiser les risques émanant de certaines banques en les réglementant. L’exemple de Credit Suisse montre justement les limites de cette idée. En effet, au cours des 15 dernières années, la Suisse n’a cessé de travailler sur la réglementation «too big to fail».

La concurrence réduit les risques

Celle-ci s’appuie sur deux piliers: la prévention vise à minimiser les risques que les grandes banques font courir à l’économie nationale. La liquidation veut qu’en cas de survenance de tels risques, la banque puisse être liquidée ou redimensionnée de manière ordonnée.

Le cas du CS le montre bien: la prévention n’a pas fonctionné. La grande banque est restée d’importance systémique et a dû être sauvée. La liquidation n’a pas non plus fonctionné. Car aucune loi ne parvient à contrer une perte de confiance au sein de l’entreprise et donc un bank-run. Les risques se réaliseront toujours. Il faut donc s’en accommoder. On ne peut s’immuniser contre les risques qu’en disposant de suffisamment d’alternatives au moment où ils se produisent. Le dicton populaire a donc raison lorsqu’il affirme qu’il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Qu’est-ce que cela signifie pour les banques? Leur nombre, leur diversification et leur différenciation sont une ressource. La diversité de la place bancaire entraîne une concurrence accrue, et cette concurrence entraîne une réduction des risques. En effet, grâce à une concurrence qui fonctionne, aucune banque ne devient si grande qu’elle se transforme en grumeau pour l’économie nationale.

La décentralisation, un atout

Il est donc d’autant plus important de ne pas durcir les réglementations pour les quelque 240 banques qui travaillent bien. Car plus de réglementation signifie moins de diversité, moins de concurrence – et donc plus de risques. D’ailleurs, il faut le dire: c’est pourquoi il est aussi important d’examiner de près les effets de la nouvelle méga-UBS sur la concurrence.

Tout aussi cruciale, la clarification de ce qui n’a pas fonctionné dans le système «too big to fail». Pourquoi le CS est-il resté d’importance systémique? Pourquoi la surveillance n’est-elle pas intervenue plus tôt? Comment les autres banques dépendent-elles du CS?

Et cela nous ramène au début. La reprise du CS par l’UBS est un plan d’urgence qui a même probablement fonctionné. Mais pour s’éloigner de ce genre d’exercice et pour résoudre le problème des banques trop grandes pour faire faillite, il faut miser sur la concurrence et la décentralisation. Plus de petites banques signifie plus de choix, plus de concurrence – et donc des risques plus faibles.

Henrique Schneider, usam

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