Publié le: 12 mai 2023

Une idée totalement irréaliste!

salaire minimum – En cette année électorale, la gauche réclame 5000 francs directement après l’apprentissage. Tout ceci nuit autant au partenariat social qu’à la formation professionnelle duale.

Le peuple a très nettement rejeté le salaire minimum en mai 2014, avec 75 % de non. Mais la gauche ne cesse de présenter de nouvelles idées pour le réintroduire par derrière. L’usam continue de s’opposer fermement à toutes les formes de salaire imposées par l’État.

Dans les cantons, de telles initiatives ont abouti à Bâle-Ville, Neuchâtel, au Jura, au Tessin ainsi qu’à Genève. Au plan communal, des revendications de ce type ont aussi été formulées. À Kloten (ZH), une initiative sur les salaires minimums a échoué. Le 18 juin 2023, des salaires minimaux seront soumis au vote à Winterthour et Zurich. Pour l’usam, les salaires minimums imposés par l’État sapent les solutions convenues entre partenaires sociaux.

La dernière revendication date de mars dernier. Les syndicats exigent via leur faîtière un salaire minimum de 5000 francs après un apprentissage réussi. L’argument est la baisse des salaires réels pour les jeunes terminant cette filière et la hausse des salaires pour les diplômés des hautes écoles. Les 5000 francs devraient être convenus dans les conventions collectives de travail. Les salaires minimums fixés par l’État dans les cantons ne dépasseraient alors pas les salaires minimums convenus dans les CCT.

Une erreur massive

La revendication par la gauche d’un salaire minimum de 5000 francs après l’apprentissage est totalement irréaliste pour plusieurs raisons. Les branches à bas salaires ne peuvent tout simplement pas payer un salaire de 5000 francs par mois aux jeunes qui viennent de terminer leur formation. Il est assez probable qu’avec une telle exigence, ces branches ne proposeraient plus que des stages aux jeunes.

De plus, de telles évolutions nuisent à la formation professionnelle duale et la dévalorisent. Les régions structurellement faibles, où de tels salaires minimums ne peuvent pas être versés immédiatement après la fin de l’apprentissage, perdent encore plus d’attractivité concurrentielle et de force. La pression pour l’émigration des jeunes augmente encore plus.

Un salaire minimum de 5000 francs, même s’il est réglé par une CCT, équivaut à un diktat. Les solutions sur mesure habituelles dans le partenariat social sont entravées, voire rendues impossibles. Ce dernier se retrouve dévalorisé.

Continuer Ă  se former

Les diplômés de la formation professionnelle continuent à se former: ils suivent une école supérieure ou passent un examen professionnel fédéral ou un examen professionnel fédéral supérieur. La formation professionnelle supérieure (FPS) offre aux personnes titulaires d’un certificat fédéral de capacité (CFC) la possibilité de suivre une formation tertiaire. Fin 2020, plus de 25 000 nouveaux diplômes étaient comptabilisés en Suisse. Récemment, une analyse de l’Office fédéral de la statistique a par ailleurs révélé que six ans après l’obtention d’un diplôme de l’ESB, le revenu mensuel médian des diplômés s’élevait à environ 7800 francs pour un emploi à temps plein. Cinq ans avant l’obtention du diplôme, leur revenu s’élevait à 5300 francs – une augmentation de 46 %!

Cela montre qu’une qualification continue est lucrative et sert au développement personnel. D’autant que 14 000 à 15 000 PME sont confrontées chaque année au règlement de leur succession et qu’elles ont besoin de personnel possédant les connaissances techniques de la branche et la capacité de diriger et de développer une entreprise et de maintenir ainsi des emplois ou d’en créer de nouveaux. Cela devrait davantage intéresser la gauche que de formuler des exigences totalement irréalistes – sauf peut-être lors d’une année électorale comme 2023.

Dieter Kläy, usam

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