Publié le: 7 juillet 2023

Défis associatifs et trends critiques

jram – Les débats menés à Champéry ont aussi permis de discuter des enjeux politiques rencontrés par le monde associatif ainsi que les diverses pressions que les nouveaux trends critiques exercent sur les PME.

La deuxième journée passée à Champéry aux JRAM était consacrée en partie aux organisations professionnelles et aux défis à relever en matière de politique économique. Avec une animation des débats par Pascal Schouwey (PS). En voici quelques reflets.

Participants: Line Pillet, présidente Association Femmes PME Suisse romande (LP), Jacqueline Montandon-La-Longe Moser (JM), Olivier Mark, président Jardin Suisse (OM), Laurence Emaresi, présidente PLR Arrondissement de Morges Femmes PME Suisse romande (LE).

PS. Femmes PME, Jardin Suisse, ces organisations se contentent-elles de défendre les femmes et les jardins?

LP. Sortons de cette dynamique binaire! Notre but, c’est d’abord de promouvoir les femmes en tant qu’elles participent à la dynamique entrepreneuriale. Dans les médias, on pense souvent aux grandes entreprises et moins aux implications de décisions politiques sur les petites structures. Les femmes dans les entreprises peuvent ainsi échanger sur leurs préoccupations et se soutenir.

OM. On a toujours rêvé que la population s’intéresse à nous. Prenons la biodiversité, un thème qui se développe. On pensait que cela susciterait l’intérêt sur nos activités. Mais un biologiste a publié un livre et on a maintenant une liste de plantes obligatoires pour tous les jardins. Avec l’usam, nous pouvons défendre des thèmes plus larges.

JM. Nous nous associons pour des raisons de défense promotionnelle. Puis, le rôle de l’usam, c’est de prendre le relais pour des thématiques plus larges.

LE. Les femmes ont aussi besoin de partager des préoccupations, soutien par les pairs. Et le lien avec les associations professionnelles.

PS. Peut-on s’occuper de tous les domaines quand on est à la tête d’une PME?

JM. La règlementation excessive nous donne beaucoup de travail. Juste pour qu’au final, on explique qu’on respecte la loi.

OM. C’est valable pour tous les règlements qui nous tombent dessus. La créativité du monde politique est incroyable. Et nous devons défendre nos membres, parfois c’est difficile.

LE. Nous faisons du soutien aussi pour nos membres. La validation des acquis nous permet de proposer un brevet fédéral.

PS. On défend sa propre image sur les réseaux sociaux. Comment le vivez-vous?

OM. On vit dans un monde de concurrence. On soutient les jeunes qui débutent, puis une fois cette étape passée, ce sont des concurrents. Il y a un peu d’égoïsme, mais une fois qu’ils ont fait leurs preuves, cela se passe mieux. Ce sont des personnes intelligentes, et on sait aussi miser sur la relève.

LE. Quand sur un chantier on a besoin rapidement de main-d’œuvre, on peut se dépanner.

LP. Les jeunes de la HES sont de plus en plus regardants au-delà des effets de surface et d’image que les entreprises veulent donner d’elles-mêmes sur les réseaux sociaux. Des outils permettent d’évaluer les entreprises via ce que les employés communiquent à propos de leur entreprise.

OM. L’image et la crédibilité sont de plus en plus importantes. On ne peut pas se permettre de raconter des sornettes. Les associations professionnelles doivent être crédibles. Si on fait les marioles, les entrepreneurs en souffrent.

LE. Il y a toujours une frange de membres qui sont là en soutien et viennent régulièrement aux activités que nous proposons. Cela sans forcément être une force de proposition.

PS. Nouvelles générations d’entrepreneurs et de PME?

LP. Il y a encore ce mythe de l’entrepreneur qui peut transmettre son idée. Je vois cependant beaucoup d’entreprises dont la dynamique repose sur une équipe. Par ailleurs, il faut aussi savoir prendre des décisions et trancher.

JM. Mon père était beaucoup plus dirigiste, alors que je suis plus participative. Les entreprises naissantes sont plus participatives, et à la longue, on revient vers ce modèle.

OM. Le choc des générations est bel et bien présent. Je connais une entreprise dans laquelle le fils a repris l’affaire et a tout réorganisé. Les cadres sont tous partis à la concurrence et la société vit une crise bien réelle.

LE. Les plus jeunes tiennent à placer leur qualité de vie au premier plan. Ce mode de direction horizontal est à la mode. C’est plus facile de partir en vacances. On le voit avec les cabinets médicaux par exemple.

PS. Les organisations peuvent-elles réagir assez vite à la numérisation?

LE. Notre association est transversale. Nous avons pris de nouvelles habitudes, avec les séances par visioconférence. Nous avons donné des formations de cette manière.

OM. Nous avons vécu notre première campagne électorale. Des Argoviens se sont présentés contre des Bernois? Cela nous donne de bons espoirs pour la suite.

LP. On parle aujourd’hui aussi de ce qu’il faut numériser et dans ce sens, de pouvoir avoir une certaine retenue, en suivant les trends. Il faut le faire quand cela a du sens.

Le deuxième débat concernait les trends critiques envers l’économie. Animation par Pascal Schouwey (PS)

Participants: Jimmy Mariéthoz, directeur Fruit-Union Suisse (JMa). Sophie Michaud Gigon, conseillère nationale Les Vert-e-s, secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (SM). Valérie Berset Bircher, ambassadrice responsable questions économie et droits de l’Homme au SECO (VB). Jérôme Monnat, CEO West End Watch Co (JMo).

PS. Les trends critiques. Concrètement, qu’est-ce que cela implique, le plan d’action national sur les droits de l’Homme, l’environnement?

VB. Ce plan ne représente pas une obligation, mais une sensibilisation et un accompagnement. Les défis arrivent et le plan est là parce qu’il y a une décision parlementaire. Les lignes directrices sont internationales. Nous avons vulgarisé ces tendances. Au niveau des PME, cela concerne les secteurs en lien avec l’étranger. Cela concerne donc principalement les grandes entreprises, tout en impactant les PME de manière indirecte. Les multinationales le leur demandent et les pays voisins ont aussi de nouvelles législations. Notre rôle est de fournir des outils à cet effet.

PS. Comme pour les normes ISO, ou le trend durable, va-t-on encore ajouter d’autres couches d’obligations pour les PME?

SM. Il y a beaucoup d’informations complexes et le consommateur ne le voit pas forcément. Les entreprises que j’ai visitées, si elles ont envie d’aller de l’avant, veulent pouvoir y trouver un avantage concurrentiel.

JMo. C’est une porte ouverte pour que certains puissent capter le marché. Dans l’horlogerie, on va vers des grandes structures.

VB. Nous voulons entendre les besoins des PME et non pas les surcharger. Tout en leur communiquant une information sur les risques.

PS. Combien d’entreprises seront concernées par cette nouvelle directive sur le reporting?

VB. Cela concerne les entreprises entre 250 et 500 salariés. Le Conseil fédéral analyse la situation. Plusieurs scénarios sont envisageables. Mais la très grande majorité des entreprises en Suisse comptent moins de 250 collaborateurs.

JMa. C’est un défi de vouloir toujours reprendre tout ce qui vient de l’extérieur. Il faut éviter un désavantage économique, cela porte davantage sur les moyens que sur le but.

SM. Je suis à la commission de l’économie. Sur le frein à la réglementation. Je ne vois pas comment cela peut aider les PME. Les couches bureaucratiques ne viennent pas du Parlement, mais de l’administration.

JMo. Comme responsables de PME, nous sommes des libéraux, nous ne voulons pas que des gens qui veulent notre bien contre notre gré pondent des règlements. Pas de meilleur défenseur de la société que les responsables d’entreprise qui donnent des impulsions, se lèvent le matin et sont des chevaux de trait.

VB. C’est le Parlement qui fait les lois! Il ne faut pas l’oublier. Il a toute la possibilité de les modifier. Il ne faut pas confondre les rôles.

SM. J’ai aussi envie d’alléger, mais je ne vois pas comment cette proposition le rendra possible. Dans notre situation, les consommateurs étrangers pourraient attaquer les entreprises suisses. Ce que j’entendais à la commission de l’économie m’a donné envie d’aller voir sur le terrain pour me faire une idée.

PS. Quid de la responsabilité sociale des entreprises?

JMa. On a un grand débat sur le sucre. Nous produisons du Schorle avec de moins en moins de sucre. Mais on est presque en train de nous étouffer. Sur l’environnement aussi. On nous dit ce qu’on doit planter et où on doit les mettre. Or, notre mission est de nourrir la population avec des produits frais.

JMo. On est en concurrence avec des entreprises qui envoient des produits du bout du monde. Ne poussons pas ces questions à l’extrême.

SM. Je me demande comment on peut faire au mieux pour la richesse des PME. Le problème du sucre, c’est comme la santé publique. On perd des milliards à cause des habitudes de nos générations. On a des gamins qui sont biberonnés au sucre dès le départ. Sinon, oui, j’ai les mêmes problèmes que les chefs d’entreprise à la tête de la FRC!

Questions de la salle

La pomme de Fruit-Union Suisse est attaquée par Apple à cause du logo, votre avis?

JMa. On espère pouvoir nous défendre contre ces accusations de terrorisme.

Un sondage non publié a montré que pour un quart des gens, une PME a pour but de protéger l’environnement et de permettre à ses collaborateurs de concilier travail et vie familiale. C’est inquiétant, non?

VB. Entre social, économie et environnemental, c’est encore plus difficile au plan international de trouver un équilibre.

JMo. On est proche de la France, mais on y a perdu le sens des réalités. Il faut que les entrepreneurs trouvent la motivation d’exister. La France a vingt ans d’avance sur nous et nous devons nous en inquiéter.

SM. La presse n’effectue pas le travail de fond. On demande par exemple aux entrepreneurs de rendre des comptes.

L’administration fédérale reprend les règlements européens. Il y a beaucoup d’erreurs de traduction.

VB. Je prends note!

François Othenin-Girard

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