Publié le: 7 juillet 2023

Mêler la capacité d’innover au courage d’investir

Citoyennes et citoyens d’un pays qui se distingue par sa formidable capacité d’innovation et la solidité de son économie, nous sommes à la fois fiers du chemin parcouru et conscients que rien n’est acquis. Rien n’est acquis et comme nous sommes entre nous, parlons aussi du potentiel d’amélioration! Qu’observons-nous dans notre paysage politique? Voici quelques cas bien réels.

L’État participe au financement de la formation, de la recherche, des réseaux d’innovation, de l’encadrement pour les start-up, et pourtant le cadre légal et financier n’est pas favorable au déblocage de fonds conséquents pour les entreprises qui cherchent à se développer. Résultat: des start-up qui proposent des produits ou des services innovants s’en vont pour créer des emplois ailleurs.

Autre domaine, autre exemple: l’État finance des rapports sur la transition énergétique, encourage le développement des énergies renouvelables via des subventions, soutient des programmes de recherche, et pourtant le cadre légal n’est pas favorable pour faciliter la construction de ces infrastructures. Résultat: nous achetons de l’énergie ailleurs.

La liste de ces faux pas s’allonge: l’État finance la production agricole via les paiements directs notamment, et pourtant le cadre légal est de moins en moins favorable à une agriculture productive. Résultat: nous achetons des produits importés dont les conditions de production sont souvent loin d’être aussi exigeantes que les nôtres.

On observe dans chaque cas une rupture dans la chaîne. L’État investit, accompagne, cadre, et il disparaît à un moment clé: celui qui est souvent le plus proche des retombées. Ces exemples démontrent à quel point la cohérence dans l’action de l’État est la clé pour transformer une dépense en un investissement réussi. Pour pouvoir compter sur des retombées économiques, sur des progrès en termes sociétal, environnemental. Pour encourager la création de valeur chez nous. Pour renforcer notre indépendance.

Qu’il s’agisse de la croissance d’entreprises ou de l’approvisionnement énergétique et alimentaire, nous avons investi pour voir émerger des solutions locales et il s’agit de les encourager plutôt que les freiner ou les bloquer. Cela passe par des conditions attractives encourageant les investissements – également par les caisses de pension – pour favoriser la croissance des entreprises.

Cela passe par une adaptation de la Loi sur l’aménagement du territoire pour permettre la construction d’infrastructures productives d’énergies renouvelables pour l’approvisionnement énergétique. Cela passe aussi par une politique agricole stable qui donne une mission claire et des moyens suffisants pour poursuivre la modernisation et garantir le taux d’auto-approvisionnement.

Du pain sur la planche, il y en a. À commencer par les progrès à réaliser, à la fois au niveau du débat politique et des moyens nécessaires au niveau financier. Et le défi est de taille à l’heure où les discussions sur les finances fédérales – qui affichaient au passage un déficit structurel de 1,6 milliard à fin 2022 – nous promettent des choix difficiles. Tout cela ne doit pas nous faire oublier ce qui nous a amenés à cette situation.

Sur le banc des coupables, on retrouve bien sûr les crises, la pandémie, la guerre en Ukraine, la crise énergétique. Des crises qui pèsent autant sur l’économie que sur les ménages. Sur le banc des coupables, on ne retrouve toutefois pas l’activité économique, qui, elle, garantit même une amélioration des recettes. Elle garantit aussi l’emploi et donc un revenu précieux pour les ménages.

L’activité économique est davantage la solution que le problème et, encore une fois, cela ne tient en rien du hasard! La Suisse a investi des milliards depuis des années pour favoriser la création de valeur. La Suisse a misé, bien avant d’autres, sur l’innovation pour faire face à ses défis et servir des solutions au niveau mondial.

La Suisse doit et peut se donner les moyens de transformer ses investissements en succès et rester à la pointe, non pas seulement dans des laboratoires mais sur les marchés.

*Conseillère aux États (PLR/FR)

johanna.gapany@parl.ch

Les plus consultés