Publié le: 11 août 2023

Défendre la mobilité, les besoins des PME et la liberté

On peut observer chaque fin d’après-midi dans les grandes villes de gauche un paysage qui évoque un passage incontournable des films catastrophes: ce sont ces scènes où la foule désespérée tente d’échapper au volcan qui s’apprête à exploser, à l’effondrement d’une plaque tectonique ou à l’arrivée des martiens. Une différence notable: sous nos latitudes, ce ne sont pas des imprévus que fuient les pendulaires et les touristes, mais des politiques soigneusement mises en place pour leur pourrir la vie. Des politiques contre lesquelles j’ai décidé de me battre avec ma force.

Quiconque a déjà tenté de traverser Genève, Lausanne ou même Fribourg en voiture, depuis plusieurs années, peut en témoigner: entre la disparition des places de parc, des limitations de vitesse ubuesques et des sens uniques dont on se passait fort bien jusqu’à ces dernières années, un consensus semble s’être mis en place pour traquer l’automobiliste. Comble du cynisme, c’est souvent sous prétexte de «pacifier» le paysage de la mobilité que sont mises en place des politiques punitives, voire carrément antidémocratiques. Le passage en force de 500 rues genevoises en zone 30 km/h, décidé unilatéralement par le Conseil d’État l’an dernier, constitue l’exemple paradigmatique d’une dérive difficilement masquée par l’habituel charabia bobo. Heureusement, mon parti et ses partenaires se sont opposés avec force à cet autoritarisme de gauche.

L’enfer pour les PME. Que l’on se comprenne bien: il ne s’agit pas de défendre la voiture par pure idéologie. De façon bien plus ambitieuse, ce sont des principes philosophiques fondamentaux qui guident mon action dans ce dossier de la mobilité. À Genève, par exemple, la liberté du choix individuel du mode de transport est carrément un principe constitutionnel qu’aucune autorité politique, même avec des intentions très pieuses, ne devrait pouvoir bafouer. La réalité, malheureusement, est souvent bien différente. Qui en paie le prix? La population qui se déplace pour travailler, d’abord, prise en otage dans d’interminables bouchons qui les éloignent de leurs familles. Mais aussi les commerçants des centres-villes qui tirent la langue et sont malheureusement de plus en plus nombreux à être remplacés par des enseignes impersonnelles ou des kebabs. Régulièrement, des patrons de PME m’abordent pour me raconter les difficultés de leur quotidien. Finir la peinture d’une cuisine à temps alors qu’on ne trouve plus de place pour parquer la fourgonnette? Bonne chance. Accueillir des clients alors qu’on ne peut leur proposer aucune place de stationnement? Bonne chance aussi. Parce que j’aime la liberté plus que tout au monde, j’ai à cœur de mener le combat de la mobilité pour ces entrepreneurs et ces Suisses qui se lèvent tôt. Je le mène aussi pour ma ville et pour mon pays. Qui viendra user de son pouvoir d’achat dans une localité qui a perdu son âme, dépouillée de ses artisans? L’image que l’on se fait de la Suisse à l’étranger est-elle celle d’une population fière et libre, ou d’un troupeau mené à la baguette par des élites bureaucratiques?

Si au moins le paysage ferroviaire permettait de justifier ces politiques d’«encouragement» vers les transports publics! Malheureusement, comme l’a démontré la présentation des futurs horaires CFF 2024, entre correspondances interrompues et trajets prolongés, le rail romand semble lui aussi dans une impasse dramatique. Une impression renforcée par le retard – mais peut-on encore parler de retard à ce stade? – du chantier de la gare de Lausanne (treize ans!). Pas certain que ce contexte encourage beaucoup les Romands à se ruer sur un abonnement général dont le tarif va encore augmenter de 3,5 % pour passer à 3995 francs dès décembre.

Retrouverle sens de la liberté. Je ne crains pas de l’affirmer: je défends l’accroissement des investissements dans les infrastructures routières, selon le modèle zurichois. Avec un volontarisme assumé, des politiques de droite y ont permis des avancées tant dans le domaine autoroutier que ferroviaire, depuis des années. Certes, tout n’y est pas parfait. Reste que ce réalisme a de quoi faire rêver tous ceux qui, comme moi, se battent corps et âme pour la construction d’une troisième voie sur l’axe Lausanne-Genève depuis des années.

Loin des idéologies mortifères qui rongent notre art de vivre, il nous faut retrouver le sens de la liberté. En attaquant de plus en plus agressivement la mobilité de la population, c’est au poumon de l’activité économique de notre pays que l’on s’en prend. Que serait Genève sans son aéroport ? Certainement pas le paradis sur terre qu’imaginent les terroristes climatiques qui s’assoient sur le tarmac pour annoncer la fin du monde entre deux voyages au Mexique, à l’image d’un porte-parole de Renovate Switzerland récemment épinglé par la presse!

Pour que la Suisse reste un pays prospère, il faut que notre pays reste libre. Et personne n’est libre si ses mouvements sont constamment attaqués, taxés, entravés. C’est pourquoi, loin des caricatures, je suis fière de m’engager pour un art de vivre conforme aux valeurs de mon parti: démocratique, moderne et indifférent aux discours apocalyptiques. Je rêve d’un pays où la plus invraisemblable des scènes de films catastrophes ne sera plus la tornade qui ravage tout sur son passage, mais les 116 heures annuelles que les automobilistes perdent dans les bouchons genevois.

* Conseillère nationale (UDC/GE)

celine.amaudruz@parl.ch

Les plus consultés