Qu’il est bon de rentrer dans ses pénates après trois semaines de voyage! Vous le sentez encore, ce soleil sur votre peau? L’odeur du monoï, le sable sous vos pieds? Mais déjà, le moment est venu de vider votre valise, puis de revoir vos proches et de leur raconter vos plus beaux souvenirs de vacances. Peut-être même que vous êtes de ceux qui, la veille du retour au travail, sans réfléchir nécessairement au but de leur existence, passent en revue leurs objectifs professionnels, sportifs (soyons fous!), de formation continue.

À la rentrée, nous avons – en principe, j’insiste – repris des forces, rechargé nos batteries et nous sommes motivés à poursuivre de nouveaux objectifs. Que ce soit sur le plan privé ou professionnel, les buts ou les objectifs clairement formulés peuvent être de véritables moteurs de progression. Tiens, est-ce que but et objectif sont «complètement synonymes»? Quelle est l’étymologie de ces deux mots si souvent employés dans la communication d’entreprise?

Bon, mollo les gars, je rentre tout juste de vacances, laissons virevolter mon esprit dissipé tel des pétales de laurier emportés par le Meltem des Cyclades. Qu’est-ce que le mot but évoque chez moi? Évidemment, les cris de Thierry Roland durant la Coupe du Monde de football 1998, mais encore… la chaîne française de magasins meubles et décoration. STOP!

Je reprends mon dictionnaire historique de la langue française ou je sors? Un peu de sérieux donc: dans mon grimoire, but se déroule à lui seul sur trois colonnes, dont voici l’essentiel. Les origines de ce substantif masculin restent floues, mais deux étymons hypothétiques sont proposés. D’une part le nordique butr signifiant «bûche, billot de bois», une pièce de bois ayant pu servir de cible pour le tir à l’arc, et d’autre part butte «endroit à atteindre», attesté dès 1225.

D’ailleurs, pour celles et ceux qui auraient lu ma première chronique, butr est aussi à l’origine du mot début. Ce n’est que dès le 16e siècle que but se répand au sens de «point que l’on vise», «terme, point que l’on se propose d’atteindre», ou «orientation fondamentale que l’homme donne à sa vie».

Au tour d’objectif: mon esprit retourne à nouveau en Grèce avec ces paysages égéens que j’ai eu la chance d’immortaliser à l’aide de mon appareil photo. Non, objectif ne me fait pas seulement penser à un poids idéal que certaines âmes en peine cherchent à atteindre – pour ma part, j’y ai renoncé, et je me porte bien mieux depuis – ou à un chiffre d’affaires visé pour fin 2023. À ma grande surprise (et en accord parfait avec mes souvenirs de juillet) en optique, objectif est une ellipse de verre objectif datant du début du 17e siècle; il désigne un verre destiné à être tourné vers l’objet que l’on veut voir.

Pour être certaine de ne perdre personne en route, une ellipse n’est pas uniquement une courbe barbare en mathématiques, mais aussi une figure de style consistant à passer sous silence un ou plusieurs mots qui seraient nécessaires à la construction régulière d’une expression. Ce sens technique évolue vers «système optique d’un appareil de prise de vue» (1839), pour donner téléobjectif au 20e siècle.

De nos jours, but et objectif sont très proches de sens dans la mesure où ils servent à expliquer ce qui sous-tend une action, ce pour quoi quelque chose est conçu, ou encore le résultat escompté d’une action. En revanche, but et objectif ont chacun un sens particulier dans des domaines spécialisés – but dans les sports d’équipe, objectif en optique.

Je vous laisse maintenant à vos réflexions sur vos objectifs et buts pour entamer le deuxième semestre 2023, et vous donne rendez-vous le mois prochain.

Laura Di Lullo