Publié le: 11 août 2023

la France et son train de vie

finances publiques – 3013,4 milliards d’euros de dette pour les administrations publiques françaises au premier trimestre 2023, c’est pachydermique. Mais la Suisse vit elle aussi au-dessus de ses moyens.

La France atteint un niveau d’endettement de 112,5 % de son produit intérieur brut, c’est-à-dire plus d’une année de création de richesse. Selon l’Insee (Institut national [français]de la statistique et des études économiques), la dette publique en France s’élève à 3013,4 milliards d’euros. Ce montant concerne toutes les administrations publiques françaises au premier trimestre 2023.Si la charge des intérêts de la dette augmente plus que la croissance annuelle, la France se trouverait avec une charge croissante supérieure à la création de richesse.

La dette publique en France est le cumul des emprunts contractés par l’État, les collectivités locales et les organismes publics. Au cours des dernières décennies, la dette publique française a connu une croissance significative. Les facteurs contribuant à cette évolution comprennent les dépenses publiques élevées, les déficits budgétaires chroniques et les périodes de faible croissance économique, mais encore la crise du coronavirus.

Retour sur la «progression»

Au début des années 1980, la dette publique française représentait environ 20 % du PIB. Cependant, au cours des décennies suivantes, la dette a augmenté de manière significative. En 1995, la dette publique a dépassé la barre des 50 % du PIB, atteignant 56,6 %.

En 2002, la dette a continué d’augmenter pour atteindre 58,9 % du PIB. Une étape importante dans l’évolution de la dette publique en France a été la crise financière mondiale de 2008. En conséquence, le gouvernement français a pris des mesures de relance économique, ce qui a entraîné une augmentation significative de la dette publique.

En 2010, la dette publique a dépassé les 80 % du PIB, atteignant 82,3 %. Depuis lors, la dette a continué d’augmenter pour dépasser les 100% du PIB en 2012, puis les 110% du PIB en 2020.

Potentiel destructif du crédit

La dette est un instrument très prisé des économistes. Il s’agit toutefois d’une épée à deux tranchants dont il faut se méfier. Autant le crédit est un puissant levier pour développer plus vite la création de richesse d’un pays, autant dans les périodes de récessions il démontre un fort potentiel de destruction de richesse et de déstabilisation de nombreuses chaînes de production de l’économie.

C’est le fameux effet domino d’effondrement des solvabilités. La dette, l’obligation et le crédit consiste à faire levier de ses trop faibles capitaux propres via l’emprunt. Le problème central, c’est que la dette est un contrat légal. La somme que vous devez reste la même, alors que dans l’économie qui est totalement dynamique les revenus que vous générez évoluent souvent dans un sens positif et parfois dans un sens négatif.

Dans ce dernier cas de figure, l’effet levier de la dette devient un levier surchargeant le débiteur qui ne peut plus faire face aux engagements pris.

Ce que la France a fait

En 2018, la France a adopté un plan pour diminuer la croissance de ses dépenses. Ainsi en 2019, le déficit budgétaire de la France s’est élevé à 3,1 % du PIB, soit en dessus de la limite de 3 % fixée par le pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne. Cependant, la pandémie a eu un impact significatif sur les finances publiques, entraînant une augmentation des dépenses et une baisse des recettes fiscales. En conséquence, le déficit budgétaire de la France a atteint 9,2 % du PIB en 2020.

L’évolution de la dette publique en France et l’état des finances publiques sont des enjeux importants pour le pays. Est-ce que le pays pourra tenir ces engagements auprès de ses créditeurs. L’agence de notation Standard & Poor’s notait la France avec un «AA» en juin 2023, alors que l’agence Fitch dégradait la qualité «AA-». Une baisse de la notation signifie dans le même temps une augmentation de la charge des intérêts puisque prêter à la France devient plus risqué.

Une impasse et trois solutions

Soit les dépenses sont drastiquement réduites, soit les impôts sont augmentés, soit l’inflation croissante réduit le poids de la dette nominale par rapport à la création réelle. La première solution est quasiment impossible dans une société qui ne sait plus ce que signifie faire des sacrifices. Il y a dès lors fort à parier que les deux dernières solutions seront empruntées.

La Suisse ne doit toutefois pas se targuer d’une meilleure discipline que son voisin. Nous vivons également au-dessus de nos moyens, mais chez nous c’est la dette privée qui est excessive à cause de l’immobilier, ce qui est moins important en France.

Mikael Huber, usam

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Compromis et blocages à tous les étages

La France est au pied du mur. Le mélange de compromis compensatoires, de démocratie exécutive et d’autosatisfaction déconnectée de la réalité dure depuis des décennies. Il atteint de plus en plus ses limites. La Grande Nation a un problème. L’ancien titan n’est plus aujourd’hui que la septième économie du monde – en termes de produit intérieur brut. SElon d’autres classements, le pays recule encore et n’occupe plus que la 31e place. Nettement derrière le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique ou le Royaume-Uni.

Cette perte de puissance économique s’explique par de nombreuses raisons. Cinq d’entre elles semblent particulièrement pertinentes. Tout d’abord, le pays perd en productivité. Le résultat de la valeur ajoutée par heure de travail diminue d’année en année. Cela est lié à la deuxième raison, à savoir la bureaucratie excessive et les coûts réglementaires qui y sont liés. Ils freinent l’esprit d’entreprise et rendent également le travail des employés plus difficile.

La France vit en effet dans un cercle vicieux de compromis compensatoires. C’est la troisième raison de la misère. On prélève toujours plus sur les plus favorisés économiquement pour le donner aux moins bien lotis. En contrepartie, les mieux lotis bénéficient de la protection politique, du protectionnisme et de la cartellisation du marché.

Ce type de compromis est si confortable que personne ne veut s’en débarrasser. C’est pourquoi la France est hostile aux réformes. Même des changements mineurs, par exemple dans l’État social hypertrophié, font descendre les gens dans la rue. C’est la quatrième raison.

Déficit de légitimité démocratique

La cinquième raison est peut-être la plus importante. C’est le manque de légitimité démocratique des gouvernements français. Son bicamérisme est faible et ne peut guère contrôler le président. Le bureau présidentiel offre un spectacle politique permanent qui n’a pas grand-chose à voir avec les priorités de la moyenne de la population. Le tabou qui entoure la question sociale fait que beaucoup se disent surpris lorsque les banlieues s’embrasent. Tout cela est lié à la perte de contact avec la réalité de la politique.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que plusieurs figures de la «périphérie politique» paraissent de plus en plus attrayantes pour la population. Mais le problème réside précisément dans leurs recettes. Elles prévoient toutes un nouveau renforcement de l’État, un contrôle encore plus étroit de l’économie et, de manière générale, une plus grande intégration du pays.

Et après? À l’heure actuelle, il ne semble pas y avoir de véritables solutions pour la France. Le pays a juste un urgent besoin de plusieurs réformes radicales. On peut se demander si cela se fera sans tumulte. Pour les exportateurs qui trouvent cette conclusion peu positive, il y a une solution, trouver un meilleur pays pour exporter – et cela ne manque pas.

Henrique Schneider, usam

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