Publié le: 1 septembre 2023

Le problème n’est pas (que) romand

ENTREPRENEURIAT – Rico Baldegger, directeur de la HEG-FR et professeur en stratégie à l’institut Entrepreneuriat et Innovation, commente les résultats du dernier Global Entrepreneurship Monitor (GEM 2022/2023).

JAM: Qu’est-ce qui manque à la Suisse romande pour faire mieux lorsqu’il s’agit de transmettre, notamment aux jeunes, l’envie de lancer une entreprise?

Rico Baldegger: On ne peut pas dire qu’il s’agisse spécifiquement d’une problématique propre à la Suisse romande. Je dirais qu’en plus des start-up dans le tech et les sciences, les life sciences, la medtech, la deep tech – il faudrait aussi pouvoir compter sur des fonds d’investissements qui pourraient être consacrés à des projet mid ou low tech – dans le but d’augmenter la diversité des jeunes entreprises. Et pour les entreprises disposant d’un potentiel à l’échelle mondiale, les fameuses born-global, il faudrait aussi s’assurer de l’existence d’un flux d’investissement pour rendre cette croissance possible. C’est nécessaire si l’on veut s’assurer de leur succès au niveau planétaire!

Pourquoi un tel faible taux de numérisation parmi les jeunes entreprises?

Ce résultat confirme s’il le fallait la faible utilisation des solutions technique dans les entreprises en Suisse, par exemple au sein des PME. Il semble que les créateurs d’entreprises suisses valorisent encore et toujours les modèles classiques. Peut-être que ce faible taux de numérisation met aussi en évidence de manière indirecte un certain manque d’ambition!

Comment voyez-vous l’esprit d’entreprise évoluer au cours des prochaines années en Suisse?

Je pense que la croissance de l’entrepreneuriat va être marquée par une plus grande diversité dans les types de création et ce dans plusieurs branches. J’espère, mais ce n’est qu’un espoir, pouvoir compter sur une augmentation du taux des créations d’entreprises au féminin. Pour les jeunes entrepreneurs, le développement va dépendre étroitement du marché du travail. Par ailleurs, je pense qu’à l’avenir, nous pourrions avoir plus d’entrepreneurs seniors. Si l’on se tourne vers les branches, il me semble que les projets dans l’alimentaire, la santé et le développement durable vont devenir de plus en plus importants.

Quelles mesures prendre pour arriver à changer substantiellement la donne et valoriser l’envie de créer une entreprise?

Pour y arriver, il faut que le métier d’entrepreneur gagne ses lettres de noblesse dans l’éducation et la formation. En bref, qu’on en fasse un métier normal qui puisse s’apprendre et qui serait intégrable à n’importe quel choix de carrière.

Je pense aussi qu’il faudrait y adjoindre des cours de créativité. Et surtout, tout cela devrait commencer dès l’école primaire. Suivraient des cours obligatoires à l’école secondaire et bien sûr, plus tard, des cours en entrepreneuriat figureraient dans tous les cursus des écoles d’ingénieurs et des formations en sciences.

Pour que cela fonctionne vraiment, l’idéal serait que des Business Angels puissent faire des présentations afin de faciliter l’accès aux finances. En pensant aux prochaines élections fédérales, il faudrait avoir plus d’entrepreneurs en politique!

Propos recueillis par

François Othenin-Girard

Lire les résultats du GEM 2022/2023 publiés dans le JAM en août:

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