Fondée il y a dix ans à Fribourg, PMF-System (PMFch SA)* se porte bien. Son créateur et inventeur Lino Peverada a gagné deux fois le Prix de l’innovation du Canton de Fribourg, une fois dans la catégorie start-up et une autre fois pour la catégorie durable.

Alors forcément, ça laisse des traces. Mais pour lui, pas question de se reposer sur ses lauriers. «Je n’avais pas envie de me faire coller l’étiquette de l’étudiant qui monte sa start-up et court derrière les médailles. C’est intéressant pour l’esprit d’équipe, la valorisation et la crédibilité. Mais tout cela prend beaucoup de temps et le résultat ne peut pas se convertir en chiffre d’affaires. Il faut revenir au basique et aller voir les clients.»

Pragmatique? Oui. Et créatif? Tout autant. Ce qu’il a inventé? Un système permettant de connecter des tubes pour construire des meubles et des étagères. Comment ça démarre? Ingénieur à Fribourg, il a envie de lancer son entreprise. «Depuis toujours, j’ai mis des sous de côté pour me lancer. Je cherchais une idée et j’en ai parlé à un mécanicien. C’est comme ça que ça a commencé.

La philosophie des Lego

Lino Peverada s’est donné de la peine pour le narratif. Sur son site, on voit même des images de son garage, puis du premier atelier à Neyruz (FR). On rembobine.

«Tout petit déjà, j’adorais la modularité et la fonctionnalité des Lego. Après mon apprentissage de mécanicien au Tessin, j’ai déménagé à Fribourg pour étudier à l’école d’ingénieurs. Après l’obtention d’un diplôme d’ingénieur en génie mécanique, j’ai travaillé sept ans dans une entreprise internationale dans l’aérospatiale. J’ai fait la connaissance d’un mécanicien très expérimenté qui m’a donné l’idée de créer et de commercialiser un système modulaire utilisant des profils standards. Je me suis souvenu de ma passion pour les Lego Technic et ce fut un réel déclic pour moi. À la réflexion, c’était une très bonne idée qui méritait d’être développée.»

Dans la foulée, Lino Peverada s’est lancé dans l’aventure du brevet (suisse et international, valable dans neuf pays). Il tient à remercier au passage une promotion économique du Canton de Fribourg qui a su se montrer «très à l’écoute, rapide, flexible et prête à donner un coup de main.» Pour son projet de brevet, une enveloppe a permis de participer à hauteur de 50 % aux frais réels de son projet de propriété intellectuelle. «Cela demande un peu de reporting, mais j’ai compris que cela valait la peine de faire preuve de bonne volonté et d’être fair-play.»

Ses clients se trouvent pour l’heure et majoritairement en Suisse romande. Outre-Sarine depuis trois ans, il monte peu à peu en force avec ses quatorze collaborateurs et plus de 420 «clients satisfaits». Parmi les secteurs qui recourent à ses produits, étagères, surfaces de rangements et meubles, pour un total d’environ 3500 installations différentes, on trouve l’industrie des machines, grande consommatrice de surfaces de rangement, de meubles et d’étagères, comme le médical et l’horlogerie.

Du côté de la conjoncture, que dire? «Que si on tire une ligne, la pente est globalement haussière, analyse l’entrepreneur, même si, depuis août 2022, le tout est très volatil, il y a des sauts, des hauts succèdent aux bas. Mais dans l’ensemble, la baisse dans un secteur se compense par les autres, le luxe reprend, d’autres secteurs ont freiné, mais tôt ou tard, tout revient à un meilleur niveau. Donc dans ce contexte, je suis un peu prudent avant d’engager de nouveaux collaborateurs. Et en attendant de pouvoir le faire, on joue un peu sur les délais.»

Diversifié et en ligne

Du côté des prix, des coûts, des matières premières, comment a-t-il géré une situation parfois périlleuse? «Le principe est d’avoir des contrats cadres sur une année, nous ne voulons pas spéculer sur les prix, explique-t-il, durant la pandémie, le prix de l’inox a doublé. Depuis, il est revenu, comme pour les autres métaux, à la normale. Donc nous avons même réduit nos prix.»

Un gros chantier, l’adaptation du site pour la vente en ligne. «Les clients peuvent maintenant configurer leurs meubles comme ils l’entendent. Nous misons beaucoup sur ce processus de vente innovant, qui vient compléter les ventes que nous réalisons pour des projets sur mesure.»

«Les clients peuvent maintenant configurer leurs meubles en ligne. Nous misons beaucoup sur ce processus de vente innovant.»

En plus de l’activité sur le site, PMF-System fait tout pour attirer du trafic sur son site et sur les réseaux sociaux. Mais rien ne remplace le contact direct. Lino et son équipe aiment présenter leurs produits dans des salons professionnels à Berne, Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds et Genève. «Dans le sur-mesure, la part des échanges est vraiment cruciale. Les salons nous permettent de prospecter, de nous présenter, nous recevons des retours précieux qui nous font progresser. Côté production, l’assemblage se réalise au Marly Innovation Center où l’entreprise fribourgeoise loue des locaux. «Nous réalisons nous-mêmes tous les travaux sur les tubes, la découpe, la perce, les soudures. En revanche, nous sous-traitons les pièces annexes, les plateaux, la tôlerie sont réalisés par des sous-traitants dans la région. Nous avons tous nos fournisseurs en double pour éviter d’être coincés et nous partageons le travail entre eux.»

François Othenin-Girard

*membre de Swiss Label.