Publié le: 6 octobre 2023

Remettre l’entreprise au milieu du village

Les idéologues de gauche, dans les parlements comme dans la rue, s’en prennent de plus en plus violemment aux entreprises. Le 22 octobre, les entrepreneurs devront se faire entendre en soutenant les partis de droite. Il y a quelques mois lors d’une agréable soirée estivale entre amis, je m’entretenais avec un chef d’entreprise français qui me disait combien il était admiratif de notre pays et de son succès économique. D’abord, il avait posé la situation de base. La Suisse est un pays petit montagneux, sans aucun accès à la mer, sans aucune richesse naturelle et sans grandes étendues fertiles. Il a ensuite comparé notre pays au sien en constatant que la France avait de nombreux atouts naturels que la Suisse n’avait pas. De ce point de vue là, le contraste est saisissant. Il m’a alors demandé: «Alors, à votre avis, comment expliquer votre succès économique?»

Après quelques instants de réflexion, je lui ai répondu: «Je suis convaincue qu’une bonne partie de notre succès est dû à l’engagement de nos chefs d’entreprise dans la politique. Ils veillent ainsi à ce que la législation demeure la plus pertinente possible pour l’économie.» Le miracle suisse n’est-il plus qu’un cliché? Mon interlocuteur s’était soudain rappelé que le politicien français François Bayrou avait fait sensation il y a quelques années sur un plateau de télévision en brandissant le Code du travail français (un véritable pavé) et en le comparant à la loi sur le travail, qui n’est guère plus volumineuse qu’un cahier d’école primaire. François Bayrou y dénonçait les multiples absurdités qui avaient été ajoutées au droit français par des élus déconnectés des réalités économiques du terrain.

Après quelques autres échanges courtois, mon ami m’a ensuite remerciée pour notre échange et a profité du reste de sa soirée. J’ai depuis pris le temps de réfléchir à ma réponse en me demandant si ce cliché sur le miracle économique suisse était encore vrai. En vérité, il l’est de moins en moins, car de moins en moins d’entrepreneurs, d’artisans, d’indépendants et de chefs d’entreprise s’engagent en politique. Ils sont de plus en plus remplacés par des idéologues. Conséquence de cette évolution néfaste: alors que les besoins de l’économie étaient autrefois largement reconnus comme prioritaires, des objectifs purement idéologiques occupent de plus en plus fréquemment les devants de la scène fédérale.

Que chacun mène sa carrière – y compris politique – comme il l’entend, la chose est entendue. Malheureusement, depuis quelques années, l’irruption d’un militantisme profondément étatiste et catastrophiste au cœur de nos institutions commence à se payer très cher sur le terrain. Les questions de mobilité nous en donnent un exemple flagrant: loin des préoccupations des entrepreneurs ou des familles, des élites déconnectées du réel n’ont que le mot de taxe à la bouche. Pire, au lieu de soutenir les personnes qui produisent de la richesse, bon nombre d’élus s’acharnent à leur mettre des bâtons dans les roues. Les prétextes qu’ils invoquent sont bien connus: les défis écologiques, bien entendu, mais aussi l’exigence de «solidarité» ou les innombrables adaptations aux évolutions de la société... Pourtant, la réalité des entrepreneurs n’avait pas besoin de nouvelles embûches: taxes sur l’essence, hausse des charges ou du prix des matières premières suffisaient déjà largement à leur faire tirer la langue dans le contexte fragile de l’après-Covid. Pour certaines élites de gauche, il fallait pourtant s’en prendre encore aux déplacements de ceux qui, tous les matins, mettent le bleu de travail pour ne pas vivre au crochet de l’État: zones 30, hausse continue du prix du parking, quand ce n’est pas la disparition pure et simple des places... Ainsi a-t-on transformé un droit fondamental – se déplacer pour le travail – en véritable enfer. La vérité des chiffres: pour la quatrième fois, l’usam a présenté en janvier son classement des parlementaires en fonction de leurs votes en faveur des PME durant la législature en cours. Sans surprise, PLR et UDC survolent les débats. L’heure, cependant, n’est pas à la concurrence stérile entre partis de droite. Au contraire, il s’agit de relever que, par-delà les divergences occasionnelles et les débats amicaux qui font le sel de notre système politique, nous savons nous unir quand les enjeux deviennent importants.

En me remémorant ma sympathique soirée estivale en compagnie de mon ami, je me suis rappelé que la Suisse cultivait l’art de la méritocratie. Saviez-vous par exemple, que dans notre pays, moins de 20 % seulement du succès de la génération actuelle peut être attribué aux liens familiaux avec les grands-parents? Que doit-on en déduire? Que dans notre pays, le succès ne tombe pas du ciel et que le miracle suisse opère quand on laisse les entrepreneurs s’occuper de leurs affaires! Pour renouer avec ce qui a fait notre prospérité, il est temps de redonner au secteur privé le respect que nous lui devons. Il est temps, surtout, d’élire les personnes qui les défendent. Le classement de l’usam est sans appel: ces personnes se trouvent clairement à droite.

*conseillère nationale (UDC/GE)

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