Publié le: 6 octobre 2023

Un pur produit de la bureaucratie fédérale

étude nutritionnelle – «Le plan alimentaire imposé par l’État démontre l’absence de confiance face à des concitoyens majeurs et responsables», estime l’ancien conseiller aux États Ivo Bischofberger. Le président de l’Union Professionnelle Suisse de la Viande (UPSV) rejette la «Stratégie Climat pour l’agriculture et l’alimentation 2050» de la Confédération.

Les conséquences du changement climatique sont perceptibles – à l’échelle mondiale et en Suisse. Elles ont une influence particulière sur la production agricole et donc sur l’approvisionnement de la population en denrées alimentaires, peut-on lire dans la «Stratégie Climat pour l’agriculture et l’alimentation 2050» de la Confédération. Une transformation du système alimentaire est nécessaire afin de garantir un approvisionnement sûr en denrées alimentaires, même dans les conditions climatiques futures.

Trois objectifs principaux sont poursuivis à l’horizon 2050: la production agricole indigène doit contribuer à hauteur d’au moins 50 % aux besoins alimentaires de la population en Suisse, en tenant compte du potentiel de production dépendant du lieu et de la capacité de charge des écosystèmes. L’alimentation doit correspondre aux recommandations de la pyramide alimentaire suisse et l’empreinte de gaz à effet de serre de l’alimentation par habitant doit être réduite de deux tiers par rapport à 2020.

Vouloir bien faire ne suffit pas

Le fait que les offices fédéraux de l’agriculture, de l’environnement ainsi que de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires s’emparent du sujet est en principe à saluer. Mais les adaptations proposées et les exigences doivent surtout faire l’objet d’une analyse précise au vu des conséquences radicales, notamment en ce qui concerne la pertinence des prétendus «faits» présentés. Pour l’Union Professionnelle Suisse de la Viande (UPSV), la stratégie climatique publiée ne représente actuellement qu’une première déclaration d’intention des trois offices fédéraux concernés. Et ce d’autant que – quelles qu’en soient les raisons – on a renoncé, sur ce sujet extrêmement important et complexe, à une consultation complète et à grande échelle auprès de toutes les organisations concernées.

Conseil, tutelle et contrainte

Pour atteindre les soi-disant «objectifs supérieurs», la Confédération exige unilatéralement des objectifs partiels. L’un d’entre eux est que d’ici 2030, au moins un tiers de la population se nourrisse selon les recommandations de la pyramide alimentaire suisse. Dans les faits, cela signifie qu’à long terme, la population suisse ne devra plus consommer de viande que deux à trois fois par semaine. Contrairement à la liberté de choix individuelle des citoyennes et citoyens de notre pays, qui a été mise en avant jusqu’à présent, cela équivaudrait à un plan alimentaire imposé par l’État. Et nous ne voulons absolument pas d’une telle mise sous tutelle! Mais la Confédération va encore plus loin. L’offre dans les entreprises de restauration ainsi que dans le commerce de détail doit être fondamentalement modifiée. Des aliments et des repas soi-disant sains et respectueux des ressources doivent être promus. Peut-être avec des fonds publics redistribués?

Confiance et non rééducation

Dans toutes ces réflexions, il manque une vision d’ensemble, une vision de la situation de l’agriculture suisse jusqu’à la filière viande. La Suisse est prédestinée à l’élevage d’animaux de rente, ne serait-ce qu’en raison de sa situation topographique, mais aussi de la proportion d’environ deux tiers de surfaces vertes par rapport à l’ensemble de la surface agricole utile. Dans de nombreuses régions, il n’est même pas possible de remplacer l’utilisation par les ruminants, qui a fait ses preuves jusqu’à présent.

Il ne faut pas non plus négliger la valorisation durable de grandes quantités de sous-produits issus de la production ou de la préparation d’une multitude de denrées alimentaires, comme la farine et les huiles végétales, par les porcs et la volaille. La production de produits végétaux destinés à l’alimentation humaine plutôt qu’à l’alimentation animale, envisagée dans une optique d’efficacité des ressources, relève donc de l’utopie et témoigne d’une grande distance entre la théorie et la pratique. Il reste plutôt la conviction que le bon sens de notre société s’active une fois de plus. Car un plan alimentaire imposé par l’État témoigne, dans son orientation idéologique, d’un manque de confiance dans des concitoyens majeurs et responsables.

Se pencher sur les aliments et sur sa propre alimentation est toujours plus efficace que de s’en remettre aveuglément à des jeux de planification prémâchés mais non digérés. Car «là où le citoyen abdique, le bureaucrate prend le relais»!

Ivo Bischofberger,

ancien conseiller aux Étatset président de l’UPSV

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