Publié le: 3 novembre 2023

Coûts de la santé: retour de la plus mauvaise idée

loi sur la prévention – Les primes d’assurance-maladie augmenteront en moyenne de 8,7 % en 2024. Toutes sortes d’idées circulent pour freiner les coûts. Pour l’AEPM, l’idée d’une nouvelle loi sur la prévention s’avère particulièrement inappropriée.

Le conseiller fédéral PS Alain Berset a provoqué fin septembre un grand choc devenu habituel. Les primes d’assurance-maladie augmenteront en moyenne de 8,7 % l’an prochain. Ce résultat, le ministre de la santé sortant et en charge de ce dossier depuis plus de dix ans, en est le principal responsable – même s’il le nie à mots couverts.

Il ne s’agit somme toute que d’une manœuvre de diversion, comme il en existe d’autres. En tout cas, depuis l’annonce des primes pour 2024, la maison brûle. Tout le monde essaie de se renvoyer la balle. Et comme les coûts de la santé continueront d’augmenter l’année prochaine et les suivantes, toutes sortes d’idées circulent sur la manière dont on pourrait atténuer les coûts qui ont dérapé.

Dans ce contexte, on n’hésite pas à ressortir des placards un produit de consommation courante très apprécié, mais finalement contre-productif. Ainsi, plusieurs politiciens et médecins demandent l’introduction d’une loi sur la prévention afin de réduire les coûts de la santé. Une telle loi a déjà été discutée en 1984, puis en 2012. Mais sans succès.

Une vieille rengaine!

De nombreuses raisons sont avancées pour tenter de justifier l’introduction en Suisse d’une loi sur la prévention. Par exemple, le manque de transparence de la part des acteurs qui seraient par ailleurs trop nombreux. Les génériques sont trop chers en Suisse. Les hôpitaux génèrent des coûts excessifs. Les médecins demandent toujours plus par consultation. Et les assurances-maladie ne font que de répercuter la hausse des coûts de la santé, alors qu’il est prouvé depuis juin 2022 qu’elles disposaient de réserves excédentaires. Il est difficile de comprendre pourquoi il faut payer toujours plus pour la santé. Mais soudain, on brandit, telle une panacée à tous ces maux, l’introduction d’une loi sur la prévention!

Il est évident qu’une personne qui prend soin de sa santé ne fait donc pas peser une charge excessive sur le système. Mais la question se pose: la Suisse a-t-elle besoin de campagnes de prévention à grande échelle dans tout le pays, juste pour rappeler une fois de plus le message déjà mille fois envoyé à tous ceux qui n’ont pas encore compris que la balle était dans leur camp et qu’il leur fallait prendre soin de leur santé?

Surcoûts massifs à éviter

La réponse à cette question est non, clairement non! Un tel programme entraînera inévitablement des coûts astronomiques. De plus, il faudra attendre quelques décennies avant qu’il ne provoque un impact – si tant est qu’il puisse en avoir un – sur les coûts de la santé.

En examinant le projet de 2009, il semble clair que les coûts étatiques vont prendre l’ascenseur. En fin de compte, les contribuables devront payer non seulement pour la santé, mais aussi pour les dépenses de l’État en matière de promotion de la santé et de prévention.

PĂ©nalisation des entrepreneurs

Ce qui est particulièrement inquiétant dans ces mesures de prévention, c’est la pression qui est exercée sur les fabricants des produits. L’individu «responsable» - c’est-à-dire celui qui n’a pas compris le message jusqu’à aujourd’hui - adopte un comportement de consommation qui a des conséquences négatives. Et la solution ne consiste pas seulement à faire payer tous les contribuables. Mais aussi d’en profiter pour punir les entreprises – par la charge fiscale qui en résulte pour payer la prévention.

Position de l’usam

L’Union suisse des arts et métiers (usam) et l’Alliance des milieux économiques pour une politique de prévention modérée (AEPM) luttent contre ce type de prévention dévalorisante. Il y a certes un problème de comportement chez certains consommateurs, mais il faut épargner les producteurs et les PME qui font déjà des efforts dans de nombreux domaines pour réduire la teneur en sucre, en sel ou en graisse.

La prévention réelle relève d’une démarche bien plus large et demanderait de s’intéresser aux efforts physiques, à l’équilibre psychologique, aux habitudes de vie, au contexte de vie, etc. des personnes. La prévention ne peut pas consister à répéter ad nauseam les messages envoyés depuis des décennies – dans l’espoir naïf de convaincre la toute dernière personne qui ne veut rien savoir.

La Suisse est connue pour laisser à l’individu une grande autonomie décisionnelle et le respect des libertés individuelles. Mais en encourageant et en développant la prévention, les autorités aboutissent en fin de compte à une position diamétralement opposée: elles déresponsabilisent de plus en plus une population qui croît très rapidement. Et cela est finalement contre-productif tant pour la santé que pour les coûts.

Mikael Huber, directeur AEPM

www.awmp.ch/fr

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