Publié le: 3 novembre 2023

Les choses commencent enfin à bouger

Téléphonie mobile – La Suisse est à la traîne en ce qui concerne la norme 5G. Le Parlement vient de le reconnaître en adoptant une motion pour son extension. Pourtant, il n’y a pas de quoi jubiler.

Pendant de nombreuses années, le Parlement s’est refusé à faire quoi que ce soit pour le développement de la 5G. À chaque fois, on a renvoyé la patate chaude à l’administration. Lors de la dernière session, il s’est enfin passé quelque chose.

La motion 20.3237 du PLR a été transmise! Elle charge le Conseil fédéral de prendre les mesures nécessaires pour permettre l’introduction de la cinquième génération de la norme de téléphonie mobile (5G). Les valeurs limites de rayonnement actuellement en vigueur ne devraient pas être modifiées.

Différentes options

La motion formule l’intention suivante: «L’objectif à atteindre à cet égard est de permettre aux fournisseurs de mettre en place un réseau 5G national de haute qualité dans les cinq prochaines années (c’est-à-dire d’ici à 2024), et ce à des coûts aussi bas que possible. Les mesures à prendre ont été clairement indiquées dans le rapport du groupe de travail ‹Téléphonie mobile et rayonnement› mandaté par le DETEC, au moyen de différentes options.»

Le Parlement a donc pris les choses en main. Le conseiller national Christian Wasserfallen (PLR/BE), rapporteur de la majorité de la commission, a déclaré: «Il est important que cette motion passe enfin et donne un signal positif, mais pas seulement: elle doit aussi renforcer l’administration en ce qui concerne l’élaboration des ordonnances et l’exécution de toutes ces procédures d’autorisation de construire, etc. Nous devons pouvoir exploiter au maximum les valeurs limites de l’installation et les valeurs limites d’immissions.»

Guerre des valeurs limites

Les opposants à la 5G avancent toujours l’argument des prétendues fortes radiations émises par les antennes. Mais c’est faux à plusieurs égards. Premièrement, les valeurs limites de l’installation se situent en Suisse, selon la fréquence, entre quatre et six volts par mètre. C’est bien en dessous du maximum recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Deuxièmement, près de 90 % du rayonnement auquel les gens sont exposés avec la téléphonie mobile provient de leur propre appareil. En outre, plus la qualité de la couverture d’un appareil de téléphonie mobile est bonne, moins l’appareil de téléphonie mobile doit accumuler de rayonnement pour pouvoir établir la connexion. Ainsi, plus un réseau est étendu et moins il présente de trous, moins les terminaux doivent développer de puissance pour pouvoir fonctionner. En d’autres termes: plus d’antennes performantes et moins de rayonnement.

Plus d’antennes performantes — moins de rayonnement.

Troisièmement, la 5G peut transporter de plus grandes quantités de données avec une charge de rayonnement nettement moindre: on parle ici d’environ dix fois plus de données que la 4G. Ceux qui sont intéressés par moins de rayonnement devraient donc s’engager à décommissionner les anciennes générations 1 à 4. Seule la 5G offre plus de données et moins de rayonnement.

Le développement tarde

Les fournisseurs de télécommunications doivent encore développer le réseau. Malgré tout, la 5G est déjà une réalité en Suisse. La décision du Parlement donne une légitimité à cette réalité et incite à poursuivre le développement. Car pour réduire le rayonnement, le réseau 5G doit être le plus dense possible.

La jubilation n’est toutefois pas de mise. La Suisse est déjà à la traîne depuis plusieurs années en matière de déploiement de la 5G. Et il faut s’attendre à ce que, malgré la décision du Parlement, des recours soient déposés contre l’extension. Mais pour la 5G, le mouvement se fait petit à petit.

Henrique Schneider, usam

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