Publié le: 3 novembre 2023

Partenariat entre générations pour assurer notre futur

En mars prochain, nous voterons sur une (nouvelle) initiative de la gauche et des syndicats, visant à augmenter les rentes AVS, en faisant payer la facture (salée) par les travailleurs et les créateurs d’emplois. Outre les problématiques de fond, cela pose une question de principe: sommes-nous forcés d’opposer les générations entre elles et de faire des promesses à l’une au détriment des autres? Je suis persuadée que non !

Nos aînés aspirent à juste titre à une retraite paisible. Pour la leur garantir, nous devons assurer la pérennité de notre système de prévoyance. Une tâche loin d’être aisée lorsqu’on considère l’allongement de l’espérance de vie et la dernière décennie marquée par des taux d’intérêts faibles, voire négatifs. Il est crucial de pouvoir assurer un financement durable des rentes futures.

Mais nous aspirons également toutes et tous – jeunes, travailleurs ou retraités – à préserver et développer notre qualité de vie. Là aussi, lorsque nous passons de trop nombreuses heures arrêtés dans des bouchons ou coincés dans des trains bondés, lorsque nous manquons de place de crèches ou à l’école, ou encore que nous sommes face à des hôpitaux surchargés, nous devons constater que la tâche est ardue.

Ces deux constats peuvent nous paraître moroses. Mais ils révèlent en fait une formidable opportunité de solution commune et de partenariat entre les générations pour financer conjointement les retraites et le développement de nos infrastructures.

En effet, d’un côté, nos caisses de pension peinent à trouver des moyens d’investir efficacement les cotisations de leurs assurés. Les normes en vigueur imposent une certaine prudence dans les investissements, rendant ainsi difficile d’obtenir la rentabilité nécessaire aux financements des prestations de retraite. Si la remontée des taux d’intérêts offre une petite bouffée d’oxygène à ces institutions, force est de constater que les opportunités d’investissements ne sont pas infinies.

À l’inverse, pour faire face aux besoins de notre population, les pouvoirs publics manquent parfois de ressources à allouer au développement des infrastructures. Si le recours à l’emprunt est chose courante, il n’est hélas pas inhabituel de voir des projets retardés, réduits ou même purement et simplement abandonnés, faute de pouvoir compter sur un financement suffisant, à un coût acceptable pour la collectivité.

En d’autres termes, ces deux problèmes peuvent se résumer ainsi: nos institutions de prévoyance manquent d’opportunités d’investissement rentables et nos autorités font face à des besoins d’investissements gigantesques pour effectuer la transition vers une société neutre en émissions de CO2.

De manière évidente, chacun dispose de la solution au problème de l’autre; il ne manque plus que de quoi les relier. Nous devons modifier la loi pour permettre aux caisses de pension d’investir directement ou indirectement dans le développement des infrastructures dont notre pays a besoin.

La Confédération pourrait d’ailleurs contribuer à ce partenariat au-delà des simples modifications légales, en offrant au besoin une garantie aux caisses de pension, afin d’atténuer les risques et permettre également un financement moins coûteux. Un tel soutien serait d’autant plus pertinent lorsque c’est bien la Confédération qui est commanditaire de tels projets et à même d’en valider la nécessité et l’intérêt public à leur réalisation.

Ainsi, nous serons à même de mobiliser l’épargne de nos caisses de pension pour financer des projets qui serviront à l’ensemble de la population: réseaux de transport, de production d’énergie, etc. Et cela ne sera-t-il pas encore plus agréable de les utiliser en sachant que les intérêts versés en contrepartie profitent directement à nos aînés?

C’est donc en ce sens que je déposerai une motion chargeant le Conseil fédéral de préparer un tel projet. Il permettra à la Suisse de mettre en œuvre une vision d’avenir, de conclure un véritable partenariat entre les générations et d’offrir des solutions innovantes aux principales problématiques auxquelles nous devons faire face.

*Conseillère aux États (PLR/FR) Name Vorname

johanna.gapany@parl.ch

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