Publié le: 8 décembre 2023

L’argent liquide: laisser les PME libres de choisir

moyens de paiement – Le Mouvement suisse pour la liberté (MSL) demande par deux initiatives la défense proactive de l’argent liquide – quoi qu’il arrive. L’usam soutient cette démarche mais ne tient pas à imposer l’argent liquide à tous.

Le mouvement suisse pour la liberté (MSL) entrevoit une sorte de guerre autour de l’utilisation de l’argent liquide. Pour être précis, il s’agit ici des numéraires qui sont l’argent monnayé soit en pièces, soit en billets de banques. Raison pour laquelle, le mouvement a déposé deux initiatives populaires pour sauvegarder le statut de l’argent liquide. C’est bien connu: les Suisses aiment bien le cash.

La discussion sur le cash est loin d’être risible et relève d’une importance certaine pour les PME. En effet, ces dernières années, les moyens de paiement électronique se sont fortement développés, souvent avec des taxes excédant les coûts de gestion d’une caisse en argent liquide.

La discussion sur le cash est loin d’être risible pour les PME.

Les gros distributeurs s’en sortent à meilleur compte. La question demeure, que se passerait-il si la circulation de l’argent liquide n’était plus garantie dans les paiements?

Contre-projet du Conseil fédéral

À la première initiative populaire «oui à une monnaie suisse libre et indépendante sous forme de pièces ou de billets (l’argent liquide, c’est la liberté)», qui a abouti en mars dernier, le Conseil fédéral oppose son contre-projet direct, actuellement en consultation jusqu’au 21 décembre 2023. Ce contre-projet ne fait que préciser et reprendre les exigences de l’initiative qui n’introduit finalement aucun changement fondamental dans la pratique. D’après le Conseil fédéral, l’approvisionnement en numéraire de l’économie et de la société est garanti. Les chiffres étayent cette déclaration d’un approvisionnement suffisant, en tout cas pour l’instant. En 2007, les billets en circulation représentaient environ 39 milliards de francs, à savoir 6,7 % du PIB (2022: 87 milliards, soit 11,3 % du PIB). Si tous les numéraires – pièces et billets – sont pris en compte, il s’agit de 90 milliards de francs pour 2022. La Banque nationale suisse honore son mandat qui est d’alimenter l’économie en numéraire (art. 5, al. 2, let b, Loi sur la Banque nationale). Il est tout à fait possible de l’inscrire dans la Constitution.

Une deuxième initiative lancée

Sentant que le texte de la première initiative n’était pas assez précis pour apporter une solution face à ses craintes, le mouvement a donc précisé ses exigences en lançant une seconde initiative populaire. Cette dernière exige l’acceptation obligatoire des paiements en espèces. Les craintes sont notamment de ne plus pouvoir retirer des espèces, et de ne plus pouvoir payer en espèces. En fait derrière ces exigences, c’est la peur de se voir contrôler qui prédomine.

Actuellement, le vrai problème concerne l’utilisation des espèces qui se voient concurrencés par les moyens de paiement électronique. D’après une enquête de la BNS, la proportion d’achats en espèces a baissé de 70 % à 36 % entre 2017 et 2022. Dans le même temps, les nouvelles cartes de débit ont été distribués, les achats en ligne ont pris l’ascenseur et une application comme Twint atteignait déjà 5 millions d’utilisateurs. Les consommateurs possèdent souvent différents moyens de paiement (espèces 96 %, carte de débit 93 %, carte de crédit 76 %, et applications de paiement 68 %).

D’après la BNS, la proportion d’achats en espèces a baissé de 70 % à 36 % entre 2017 et 2022.

Pour les PME, la difficulté réside dans les coûts croissants engendrés par les moyens de paiement électronique. Dans le même temps, le coût de gestion de l’argent liquide reste un indice de référence pour le coût des transactions. Avec la concurrence des moyens de paiement, leurs coûts devraient baisser. Or ce n’est pas le cas. En fait, la gestion de l’argent devient moins rentable, car les espèces sont moins utilisées. Du coup, l’indice de référence, qui est le numéraire devient plus cher.

L’usam devra veiller à ce que cette «concurrence» ne conduise paradoxalement pas à une «surcharging-rule». L’usam soutient le maintien de l’argent liquide, mais ne veut pas l’imposer à tous. Libre à chacun de se faire payer comme il le souhaite.

Mikael Huber, usam

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