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Permis S: en profiter pour les former
FORMATION – Dix-neuf ressortissants ukrainiens diplômés sont parés pour répondre aux besoins de l’hôtellerierestauration. Une démarche lancée par la faîtière de la restauration vaudoise, en collaboration avec la Direction générale de l’emploi et du marché du travail (DGEM), l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) et Hotel & Gastro formation Suisse.
Former des Ukrainiennes et des Ukrainiens dans un marché du travail à sec: une initiative intéressante. Le 25 septembre 2023 débutaient les formations Aide de cuisine et Agent d’entretien avec des participantes et des participants en provenance d’Ukraine. C’est sur impulsion de GastroVaud et de la Direction générale de l’emploi et du marché du travail (DGEM) et en collaboration avec l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) qu’Hotel & Gastro formation Suisse a permis à dix-neuf personnes de se former dans les métiers de l’hôtellerie et de la restauration, et de répondre ainsi aux difficultés de la branche dans le domaine du recrutement.
Chez Hotel & Gastro formation, on est enchanté par cette expérience qui sera répétée en 2024. «La progression, tant au niveau de la langue qu’au niveau professionnel, a été épatante», explique Olivier Lehrian, responsable du siège romand d’Hotel & Gastro formation, une organisation engagée dans d’autres projets impliquant des migrants. «Ce qui m’a frappé avec ces gens, c’est de voir à quel point ils étaient motivés et avaient envie d’apprendre. Ils ont une envie incroyable de s’en sortir et certains nous expliquent qu’ils n’ont aucune envie de vivre aux crochets de la société. Ce fut une expérience très émotionnelle et forte car, en définitive, nous pourrions très bien être à leur place.»
Pour tous, les premiers résultats sont encourageants: «Je peux vous confirmer que trois des dix-neuf diplômés ont trouvé un emploi très rapidement après l’obtention de leur diplôme», relève Séverine Liardon, responsable de la communication à la Direction générale de l’emploi et du marché du travail (DGEM). «En moyenne, les demandeurs d’emploi du secteur de l’hôtellerie-restauration mettent environ sept à huit mois pour trouver un emploi. Plus précisément et selon les conditions du marché du travail, en 2022 et 2023, les agents d’entretien trouvaient un poste dans les neuf à dix mois et les aides de cuisine, dans les douze mois qui suivaient leur inscription à l’ORP.»
Immersion professionnelle
La remise des diplômes s’est déroulée début novembre en présence d’Isabelle Moret, cheffe du Département de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine. «Douze personnes ont suivi la formation d’Aide de cuisine d’une durée de trente jours et sept personnes la formation d’Agent d’entretien polyvalent d’une durée de vingt-cinq jours. En plus des cours théoriques et pratiques professionnels, cinq jours de cours de français ont été ajoutés au cursus», expliquent les organisateurs dans un communiqué commun.
Ces cours organisés à Lausanne ont permis aux participantes et participants d’être immergés dans un milieu professionnel. «Leur calibrage répond en outre aux attentes des acteurs de la branche», expliquent les trois acteurs. «Dans un sondage réalisé en mars 2023 par GastroVaud, les prérequis attendus pour recruter des permis S sont pour 76 % des répondants des connaissances de base en français, et pour 61 % des répondants, des connaissances de base dans leur domaine d’activité (cuisine, service ou intendance).» Au terme des formations, les participantes et les participants ont obtenu deux certificats reconnus au niveau national par toute la branche de l’hôtellerie et de la restauration: Certificat Hygiène et sécurité au travail, et Certificat Aide de cuisine ou Certificat Agent d’entretien polyvalent. Malgré certaines difficultés d’apprentissage dues au niveau de langue, les participants se sont investis dans la formation et ont obtenu d’excellents résultats. La balle est maintenant dans le camp des associations professionnelles, qui informeront leurs membres sur la disponibilité des diplômés.
À l’écoute du marché du travail
«Dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre, notre département a mis en place des mesures visant à améliorer l’employabilité et la formation des travailleurs étrangers, et tout particulièrement celle des personnes titulaires de permis relevant de l’asile et celles bénéficiant d’un permis S, souligne Isabelle Moret. Je suis très heureuse du succès de cette première formation puisqu’à l’instar de l’hôtellerie-restauration, d’autres projets pilotes similaires sont en cours dans les secteurs de la construction, des énergies solaires ou du médico-sanitaire.» Pour Gilles Meystre, président de GastroVaud et membre du Conseil de GastroSuisse, la démarche repose sur un partenariat public-privé bienvenu. «Dès le début du conflit ukrainien, et parfaitement conscient des difficultés de recrutement de notre branche, le DEIEP a manifesté sa disponibilité pour participer à la création de formations adaptées aux besoins de l’HORECA. La remise de diplômes de ce jour, en présence de la cheffe de département, concrétise ce partenariat, qui a vocation à se poursuivre.»
Le pied à l’étrier
Pour rappel, Hotel & Gastro formation Suisse, OrTra du domaine de l’hôtellerie et de la restauration, s’engage depuis 1926 pour la formation professionnelle dans ce secteur. L’institution est portée par GastroSuisse, HotellerieSuisse et Hotel & Gastro Union. Grâce à l’offre de formation et de perfectionnement complète et flexible pour les différentes fonctions de l’hôtellerie et de la restauration, les personnes sont encouragées à développer leurs compétences spécialisées, personnelles et méthodiques. Dans une perspective d’avenir, les programmes de formation correspondant aux exigences du marché ainsi que les enseignants compétents et engagés garantissent des prestations d’un niveau de qualité élevé pour nos clients et nos hôtes.
«La force de ce projet réside dans le fait que les qualifications obtenues par les personnes au bénéfice d’un permis S leur permettront de progresser et de gravir les échelons dans leur entreprise», conclut Olivier Lehrian. «Et pourquoi pas de suivre une fois un Progresso, un AFP ou un CFC, voire d’aller encore plus loin un jour si l’envie est là . Nous leur mettons le pied à l’étrier en leur offrant des compétences transversales pour toute la vie.»JAM
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