Publié le: 19 janvier 2024

Sans flexibilité – rien ne va plus

pénurie de main-d’Œuvre – Les baby-boomers nés jusqu’en 1964 vont bientôt quitter le marché du travail, tandis que la génération Z entre dans la vie active. De nouvelles méthodes sont donc nécessaires pour attirer les jeunes collaborateurs. Et il vaut la peine de prendre soin des employés existants.

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée et la recherche des spécialistes de demain: c’est sur ce thème que s’est déroulée la première journée de l’usam à Klosters. Yannick Blättler, fondateur et CEO de la société de conseil en entreprise Neoviso AG de Kriens, a présenté les défis liés à la génération Z – les personnes nées entre 1997 et 2012, aussi baptisées «Gen Z». Cette dernière impactera bientôt un marché du travail que les baby-boomers (nés jusqu’en 1964) quitteront bientôt. «La prospérité est normale pour la Gen Z, l’épanouissement personnel et la santé mentale sont ses objectifs, les médias sociaux son moteur», a relevé cet expert. Cette génération exercera une forte pression sur générations suivantes, à la fois sur l’apparence extérieure et les perspectives professionnelles.

Selon lui, la question que les entreprises doivent se poser est la suivante: sommes-nous pertinents, suffisamment rapides, flexibles et clairs? Les entreprises doivent réfléchir à leur image sur Internet et à des processus de recrutement adaptés à ce nouvel environnement: «Nous avons besoin de nouvelles méthodes pour attirer les jeunes collaborateurs. Cela implique une bonne culture d’entreprise, des règles claires en matière de communication.» Il faut aussi des principes clairs en matière de management: «La génération Z a besoin de sécurité et elle veut qu’on lui montre les opportunités et non les problèmes.» Des conventions d’objectifs claires et courtes avec un feed-back rapide au lieu d’entretiens annuels relèvent de la nécessité. Et le terme de «flexibilité» doit être clarifié à la fois pour l’entreprise et ses employés.

RH: il y a vingt ans déjà

Ensuite, Benjamin Hügli, à la tête des ventes chez ManpowerGroup, a présenté la pénurie de personnel qualifié dans sa dimension globale. «Le monde vieillit rapidement, il y a plus de départs que d’arrivées sur le marché du travail.» En Suisse aussi, les trois quarts des entreprises sont touchées par la pénurie de personnel. Il est donc logique que les entreprises se concentrent sur le maintien des collaborateurs existants.

À cet égard, les formes de travail flexibles sont un must, tout comme la formation continue. Les chefs d’entreprise devraient se demander quelles compétences importantes disparaîtront au cours des cinq prochaines années et comment elles pourraient être remplacées. Bien que les problèmes aigus et à venir soient connus, Benjamin Hügli relève «une certaine léthargie» sur le marché pour s’attaquer à ces problèmes: «On recrute encore souvent comme il y a 20 ans – et on s’étonne ensuite que personne ne morde à l’hameçon.»

Démarche compréhensive

Markus Somm, rédacteur en chef de «Nebelspalter», a animé un débat sur les «Best Practices en recrutement et au travail» avec Dominic Staub, propriétaire de bikeperfection AG et enseignant spécialisé en école professionnelle, Thomas Iten, directeur de Sigrist Rafz Holz + Bau AG et président central de l’Association suisse des maîtres menuisiers et fabricants de meubles VSSM, Reto Zbinden, CEO Swiss Infosec AG et René Schmid, directeur d’EO Elektro Oberland GmbH.

Reto Zbinden a plaidé pour que l’on prenne au sérieux le changement de valeurs et que l’on accepte également de nouvelles conceptions du travail. «Nous avons besoin de plus de flexibilité, un changement de mentalité est impératif.» Il arrive souvent que des collaborateurs en recrutent des nouveaux, avec une prime. La politique ne peut pas faire grand-chose sur ce thème, si ce n’est encourager la compréhension des besoins de la nouvelle génération, par exemple dans les associations.

René Schmid a introduit la semaine de quatre jours chez lui, mais sans effet sur la pénurie de personnel. Il estime que les jeunes ne sont ni paresseux, ni réticents au travail: «Certains ne regardent pas l’heure et vont jusqu’au bout de leur travail.» Il est important d’adapter le système scolaire en mettant davantage l’accent sur ce qui plaît aux élèves, et surtout de rendre le processus d’embauche et de candidature moins compliqué.

«Une lettre de motivation pour un stage d’orientation n’est vraiment pas nécessaire, c’est déjà un premier obstacle totalement inutile», estime Dominic Staub, qui enseigne dans une école professionnelle. Une certaine ‹désacadémisation› pourrait aussi aider, en serrant un peu la vis des formations universitaires.»

Thomas Iten estime que la politique devrait s’engager davantage en faveur de l’égalité des chances entre les carrières professionnelles et académiques – comme le prévoit d’ailleurs depuis longtemps la Constitution. Mais pour lui, une chose est claire: «Qu’il s’agisse de temps partiel, de formation continue ou de ‹journée papa›, la flexibilisation est indispensable, même si elle entraîne un surcroît de travail organisationnel pour les entreprises.»

Gerhard Enggist

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