Publié le: 2 février 2024

Houthis vs trafic mondial

mer rouge – Les affrontements entre les rebelles et la coalition internationale se poursuivent tandis que les Houthis ont entamé des pourparlers avec les Saoudiens. Les négociations avec les puissances étrangères impliquées confèrent une nouvelle légitimité à ce groupe armé.

Les Houthis sont en guerre civile depuis dix ans. Ils affirment que leurs attaques actuelles sont dirigées contre Israël. Mais de quoi s’agit-il en réalité? Après des semaines d’attaques des Houthis contre des navires en mer Rouge, les États-Unis et le Royaume-Uni ont lancé des frappes militaires au Yémen en réaction à ces attaques. L’UE envisage d’y participer.

Les Houthis ont en premier lieu attaqué des navires liés à Israël. Les Houthis prétendent en effet lutter contre Israël et l’Occident. En décembre, les États-Unis ont donc formé une coalition multilatérale afin de protéger le trafic commercial des attaques. Selon le Pentagone, plus de 20 pays font désormais partie de la coalition.

Qui sont les combattants yéménites? Que veulent-ils? Ont-ils vraiment le potentiel de paralyser le commerce mondial?

Ansar Allah

Les Houthis, également connus sous le nom d’Ansar Allah («Partisans de Dieu»), constituent un groupe armé qui contrôle la majeure partie du Yémen. Il est apparu dans les années 1990. En 2014, il s’est rebellé contre le gouvernement yéménite. Cela a déclenché une guerre civile. Dans celle-ci, le groupe a combattu pendant des années, avec le soutien de l’Iran, un gouvernement yéménite alimenté par l’Arabie saoudite.

Selon les analystes, le groupe chiite ne doit toutefois pas être considéré comme un bras armé de l’Iran. Il dispose d’infrastructures, défend ses intérêts propres et promeut ses objectifs. Le Yémen est en proie à une guerre civile depuis dix ans, dans laquelle les Houthis contrôlent des parties du pays. Le groupe est en pourparlers de cessez-le-feu avec l’Arabie saoudite, qui soutient le gouvernement officiel.

Guerre civile

La guerre civile au Yémen a plongé le pays dans une crise humanitaire mondiale. On estime que 21,6 millions de personnes, soit deux tiers de la population yéménite, ont «un besoin urgent d’aide humanitaire et de protection», selon les Nations unies.

Les combats entre les Houthis et la coalition militaire ont toutefois largement cessé l’année dernière. En 2023, les rebelles yéménites et les forces gouvernementales ont en outre échangé quelque 800 prisonniers en l’espace de trois jours.

Les Houthis ont entamé des discussions avec des représentants saoudiens sous la médiation d’Oman afin de négocier un cessez-le-feu durable. En outre, l’Arabie saoudite a rétabli ses relations avec l’Iran en 2023, ce qui suscite des espoirs pour le processus de paix au Yémen.

Attaques contre Israël

En attaquant des navires commerciaux et militaires susceptibles d’être liés à Israël, les Houthis affirment vouloir avant tout faire pression sur Tel-Aviv pour qu’il mette fin à sa guerre contre Gaza.

«Nous avons souligné à de nombreuses reprises que nous soutenions la population palestinienne de Gaza et que nous ne pouvions pas rester les bras croisés face à l’agression et au siège», a lancé le négociateur en chef et porte-parole des Houthis, Mohammed Abdulsalam, en décembre dernier.

Mais les analystes affirment aussi que les attaques aident les Houthis d’une autre manière. Au Yémen, le groupe a connu une forte augmentation de son recrutement, profitant du soutien de la population aux habitants de Gaza.

Les attaques et la réaction de grandes puissances comme les États-Unis obligent également d’autres pays et gouvernements à négocier avec les Houthis, ce qui leur confère une légitimité de facto, bien qu’ils ne soient pas officiellement reconnus comme le gouvernement du Yémen au niveau international.

Henrique Schneider

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