Publié le: 1 mars 2024

L’intégration monte en force

Swiss Staffingindex – En 2023, la pénurie de main-d’œuvre a fait reculer le marché de l’intérim au profit des emplois fixes. Malgré un ralentissement sensible de la conjoncture, les indicateurs restent contrastés au quatrième trimestre. Le secteur du placement retrouvera des couleurs cette année.

La pénurie de main-d’œuvre a marqué l’activité des prestataires des services de l’emploi en 2023. Les personnes en recherche d’emploi étant moins rapidement disponibles, le secteur temporaire a reculé de 5,8 % en glissement annuel. En revanche, le marché des emplois fixes a augmenté pour la troisième année consécutive (+8,7 %). En raison de la pénurie, les entreprises recourent davantage aux prestataires des services de l’emploi pour repourvoir des postes fixes.

La tendance s’est inversée au quatrième trimestre: pour la première fois depuis la pandémie, le marché du travail temporaire et celui des emplois fixes sont en recul de respectivement 7,2 % et 1,2 %. Après deux mois difficiles en octobre et novembre, le marché a enregistré une hausse significative en décembre. Le recul du secteur temporaire s’est réduit à 3,3 %. La situation en décembre le montre: quand les travailleurs perdent leur emploi, les prestataires des services de l’emploi parviennent à les replacer. Le plein emploi devrait donc se maintenir en 2024 en Suisse malgré une légère augmentation du nombre de chômeurs.

Construction et santé

Par rapport à l’année 2022, le nombre d’offres a augmenté le plus dans la construction, le génie civil et le second-œuvre ainsi que dans le secteur de la santé. Les menuisiers (+164 %, 10 044 offres), les carreleurs (+131 %, 6240 offres) et les plâtriers (+129 %, 4839 offres) étaient particulièrement recherchés. Les maçons étaient très demandés dans le secteur principal de la construction (+109 %, 9828 offres). L’été 2023, très chaud, a entraîné une forte hausse du nombre des demandes en monteurs en systèmes de refroidissement (+141 %, 2895 offres). Dans la santé, les offres pour le personnel soignant ont fortement augmenté (+94 %, 5850 offres). Une coopération avec Lightcast, une entreprise spécialisée dans les analyses du marché du travail, a permis de définir quels métiers ont été particulièrement demandés par les prestataires des services de l’emploi.

Bernhard Hänggi, CEO de Randstad Suisse, constate: «Dans le secteur de la construction, la saisonnalité perd de plus en plus d’importance. Le travail continue tant que les conditions météo le permettent.» Selon lui, l’explosion des offres auprès des prestataires de services révèle plutôt les profils professionnels les plus concernés par la pénurie de main-d’œuvre chez les clients entreprises. Le nombre de candidats disponibles est donc un frein direct à la croissance des entreprises et des branches.

Garde d’enfants: net recul

Par rapport à 2022, peu de métiers ont enregistré une baisse des offres d’emploi des prestataires des services de l’emploi, à l’exception des offres destinées au personnel encadrant pour les enfants. Celles-ci sont passées de 3213 à 936 – une baisse de 71 %. «Après la pandémie, la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la garde d’enfants a atteint un nouveau pic. En entrant sur ce marché de niche, les prestataires des services de l’emploi ont cherché à aider les structures», explique Marius Osterfeld, économiste chez swissstaffing. «La location de services aux garderies est un sujet complexe, relève Anna Langenscheidt, propriétaire de Kita Staff by Langenscheidt, En effet, il est encore plus important que dans d’autres professions que toutes les personnes impliquées puissent travailler ensemble. Par ailleurs, les salaires minimums de la CCT Location de services sont sensiblement supérieurs aux salaires usuels dans la branche.» Et d’ajouter: «En Suisse, les structures accueillant des enfants doivent avoir un certain pourcentage de personnel reconnu pour être accréditées. Les pénuries ne peuvent donc pas toujours être comblées par du personnel venant de l’étranger.» Selon lui, les prestataires des services de l’emploi ont pris conscience dès 2022 de la difficulté de ce marché pour eux et qu’il ne restera plus que des prestataires spécialisés sur ce marché.

Robustesse du marché

En raison du ralentissement, ces prestataires occuperont à nouveau un rôle plus important dans le domaine de l’intégration au marché du travail en 2024. Actuellement, ils sont en mesure de replacer rapidement les personnes ayant perdu leur emploi. Bernhard Hänggi livre l’analyse suivante: «Le marché du travail reste solide, la récente hausse du taux de chômage est due à une augmentation du chômage frictionnel. Les prestataires des services de l’emploi contribuent à réduire cette durée autant que possible.» Compte tenu de l’évolution du marché, les CEO des prestataires des services de l’emploi sont toutefois pessimistes. Selon une enquête réalisée par gfs-zürich sur mandat de swissstaffing, ils sont 34 % à attendre une reprise des activités ces six prochains mois.

Com/réd

Articles approfondis

Les plus consultés