Une jeune famille, une famille nombreuse et une mère célibataire doivent bien surveiller leurs finances. Surtout s’il leur faut en plus financer une 13e rente AVS si l’initiative des syndicats trouve une majorité ce dimanche 3 mars (ces pages étant publiées vendredi 1er mars 2024). Inutile et totalement antisocial, ce texte met en danger l’entente entre générations. Selon la gauche, une 13e rente renforce le pouvoir d’achat. L’intention est louable, mais sur la forme, le texte ne résiste pas à une analyse factuelle.

Le fait est qu’une 13e rente doit être financée par une augmentation des ponctions sur les salaires et/ou une augmentation de la TVA. Ces deux mesures touchent de plein fouet les plus pauvres et les bas salaires. Elles se traduisent par une perte de pouvoir d’achat dans un contexte d’augmentation générale des prix.

Le fait est que malgré le relèvement de l’âge de la retraite des femmes, l’AVS glisse vers un nouveau déficit de plusieurs milliards dans quelques années. Sans la 13e rente, qui jette de l’huile sur le feu et ruine le premier pilier.

Le fait est que nous vivons et touchons notre retraite de plus en plus longtemps. Il y a toujours plus de retraités et de moins en moins d’actifs pour financer l’AVS. Même sans une 13e rente, les finances de l’AVS vont être massivement déstabilisées.

Le fait est qu’en Suisse, la grande majorité des retraités ne connaissent pas la misère. Ils ont parfois plus de moyens que les jeunes familles. Une 13e rente remettrait massivement en question l’alliance entre les générations. Distribuer de l’argent tous azimuts, c’est manquer sa cible. Les gens qui ont déjà les moyens n’en ont pas besoin. Seule une petite partie des retraités est pauvre. Pour eux, il existe des prestations complémentaires. Celles-ci sont adaptées aux besoins et ciblées.

Les retraités n’ont pas besoin

d’un cadeau de Noël

Le fait est que le calendrier prévoit que cette 13e rente entrera en vigueur en 2026. Dans un peu plus d’un an et demi. Le Parlement et le Conseil fédéral seraient mis sous pression, car la question du financement reste totalement ouverte (lire l’interview de Johanna Gapany en p. 2). C’est tout sauf sérieux. N’importe qui fait faillite sans planification financière.

Le fait est que les loyers, les prix de l’énergie et les primes d’assurance maladie augmentent. C’est malheureux. Mais qui est responsable de ces hausses à part la gauche et les Verts? Ils sont les premiers à empêcher, par des recours, la construction de logements, à prôner l’abandon du nucléaire. Avec la 13e rente AVS, la gauche présente donc une fausse bonne solution à des problèmes qu’elle a elle-même créés. Malgré toute la compréhension que l’on peut avoir pour une leçon de morale, un «oui» à la 13e rente AVS a l’effet inverse. Les retraités n’ont pas besoin d’un cadeau de Noël!

Le fait est que la 13e rente est un cheval de Troie, et ne sera que le début de nombreuses autres exigences non finançables, d’autres idées de gaspillage de la gauche. Toujours selon la devise: maintenant que nous avons renforcé le pouvoir d’achat, nous pouvons doubler l’aide au développement et gonfler toutes les dépenses. Ne jetons plus d’huile sur le feu!

Le fait est que la Confédération paie à elle seule un cinquième des rentes AVS. Avec une 13e rente, ce poste de dépenses augmente massivement. Comme de nombreuses dépenses fédérales sont liées, il n’est possible d’économiser en contrepartie que dans très peu de domaines, par exemple dans l’agriculture ou la recherche. Dans le cas extrême, la 13e rente met en danger la paix sociale. Il ne reste plus qu’à dire non. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Cette initiative doit être rejetée. La classe moyenne, y compris les entrepreneurs, devrait de toute façon finir par éteindre elle-même un incendie programmé dans les finances fédérales.

Oui à l’initiative sur les rentes

L’initiative sur les retraites des jeunes libéraux-radicaux mérite en revanche un OUI. Elle fait office d’extincteur et permet d’assurer une cohérence en liant l’âge de la retraite à l’espérance de vie. Comme nous vivrons de plus en plus vieux, il est logique que nous travaillions un peu plus longtemps. Pour conclure, ce projet garantit la pérennité de l’AVS qui, dans quelques années déjà, creuseront des déficits à hauteur de plusieurs milliards en raison de l’évolution démographique.

Rolf Hug

www.assurer-avenir.ch

www.sauver-les-rentes.ch

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