Publié le: 1 mars 2024

Évitons de punir les producteurs

pub pour les denrées alimentaires – L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) veut limiter la publicité pour les aliments sucrés, salés ou gras. L’usam et l’Alliance des milieux économiques pour une politique de prévention modérée (AEPM) s’y opposeront avec une grande fermeté.

Pourquoi l’administration s’acharne-t-elle sur les fabricants d’aliments sucrés, salés et gras? Pour trouver la réponse, il faut remonter à la source. L’administration fédérale veut adopter les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Basée à Genève, cette dernière a émis de nouvelles directives «pour protéger les enfants de la commercialisation d’aliments nocifs pour la santé».

Sur le plan médical, les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le cancer sont favorisés par une alimentation trop riche en sucre, sel et graisses. Sur son site Internet, l’OMS souligne que «rien qu’en Europe, les aliments nocifs pour la santé sont responsables de plus d’un million de décès chaque année». Comparé à l’estimation de la Commission européenne de 700 000 décès prématurés par an dans l’UE à cause du tabagisme, les fonctionnaires ont dû se faire la réflexion que le grignotage est tout aussi dangereux, voire peut-être plus grave encore.

Consommateurs responsables

Nous savons tous que la vie s’achève un jour et que, selon l’évolution de notre santé, nos excès contribueront peut-être à l’écourter. Mais faut-il pour autant renoncer à tout et mener une vie d’ascèse dans le seul but de vivre plus longtemps?

C’est à chacun d’en décider. Si les consommateurs se comportent de manière irresponsable et en connaissance de cause, il est logique qu’ils en fassent les frais. Tout excès est nuisible. La conséquence, c’est qu’il est absurde d’entrer dans une logique punitive et de sanctionner une entreprise qui met sur le marché un produit qui ne devrait pas être consommé de manière excessive. Les consommateurs excessifs se punissent eux-mêmes.

De leur côté, les producteurs ont lancé plusieurs initiatives pour réduire la teneur en sucre, comme le montrent deux démarches: la Déclaration de Milan et la charte d’engagement volontaire «Swiss pledge» lancée en 2010 par les producteurs d’aliments et de boissons, afin d’introduire des restrictions volontaires sur la publicité destinée aux enfants.

La porte Ă©troite

Interdire la publicité n’apprendra jamais aux consommateurs à se nourrir de manière équilibrée et à faire suffisamment d’exercice. Il est évident que certaines personnes ne veulent pas manger des fruits et des légumes tous les jours. Mais le problème ne s’arrête pas là. Les maladies cardio-vasculaires, le diabète et le cancer ont progressé, favorisés par une société devenue excessivement sédentaire, au sens propre du terme. Nombreux, trop nombreux sont ceux qui le plus souvent ne sont guère disposés à pratiquer une activité physique ou à faire des efforts.

Le sport n’est pas «obligatoire»

Cela dit, dans leur frénésie de réglementation, les fonctionnaires oublient souvent que plusieurs facteurs doivent être pris en compte dans les problèmes de santé. Que ce soit l’alimentation, les conditions de vie, l’activité physique et même l’état psychologique. Personne n’imagine mettre en place des programmes d’interdiction de vente pour les consommateurs excessifs ou des cours de sport obligatoires. Cela reviendrait à instaurer une dictature chicanière qui impliquerait un contrôle global des comportements.

En conséquence, il ne reste plus qu’à punir les producteurs, ce qui semble juste dans une société de plus en plus paternaliste. L’administration s’engouffre dans cette brèche pour protéger tout ce qu’il y a à protéger – et pour se donner de nouvelles missions.

Mikael Huber, directeur de l’AEPM

www.awmp.ch/fr

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