Publié le: 5 avril 2024

Ignorance et mauvaises décisions

prévoyance vieillesse – Pour la troisième année, une étude de la Haute école de Lucerne (HSLU) s’est penchée sur les fausses croyances qui circulent en matière de prévoyance en Suisse. Celles-ci sont répandues, en voici quelques exemples.

L’ignorance est une chose, ne pas en être conscient en est une autre. Selon une étude de la Haute école de Lucerne, les deux cas de figure coexistent dans le domaine de la prévoyance. Ce qui est inquiétant, ce n’est pas le fait de ne pas savoir, mais de ne pas connaître ses propres lacunes. En étant conscient de ces lacunes, on peut faire appel à des conseils ou développer ses propres connaissances.

L’étude montre que l’ignorance des lacunes de connaissances est plus répandue que la prise de conscience, en particulier chez les jeunes et les personnes aux revenus les plus faibles.

Voici trois exemples pour lesquels la proportion de fausses réponses s’avère particulièrement élevée dans l’étude.

Qui peut verser au pilier 3a?

Plus de la moitié (52 %) des personnes interrogées donnent une mauvaise réponse à cette question. Seules les personnes qui gagnent un revenu sont éligibles. Ainsi, si une personne décide par exemple d’interrompre ou d’arrêter son activité professionnelle, elle ne peut plus cotiser au pilier 3a. Si elle l’avait su, elle aurait peut-être épargné plus tôt ou en plus pour sa prévoyance vieillesse ou aurait renoncé à l’interruption ou à la cessation de son activité professionnelle.

Rachat volontaire: 2e pilier?

Le pourcentage de réponses erronées est également élevé pour cette question. Ainsi, 47 % des personnes interrogées estiment qu’un rachat est possible dans tous les cas. Or, ce n’est pas le cas. Il existe différentes restrictions. Les deux plus importantes sont que les rachats volontaires ne sont possibles que s’il existe des lacunes de cotisation. De plus, les versements anticipés pour la propriété du logement doivent être entièrement remboursés.

Les rachats dans le 2e pilier peuvent être intéressants pour deux raisons en particulier: premièrement, les prestations de vieillesse devraient s’améliorer, tout comme – selon l’institution de prévoyance – les prestations en cas de décès et d’invalidité. Deuxièmement, le rachat permet de réaliser des économies d’impôts, puisque le montant versé peut être déduit du revenu imposable. Si l’on n’est pas conscient des restrictions, on effectue par exemple des versements anticipés pour l’acquisition d’un logement sans savoir que les économies d’impôts ne pourront plus être réalisées.

La fortune auprès de la caisse de pension fait-elle partie de la masse successorale?

Oui, estiment plus d’un tiers (37 %) des personnes interrogées. En cas de décès, cet argent irait dans la succession de la personne décédée. Mais c’est faux! Les fonds de la caisse de pension n’entrent pas dans la masse successorale et ne sont donc pas partagés selon le droit successoral. Au contraire, les différents droits sont régis par le règlement respectif de l’institution de prévoyance. Ainsi, de nombreuses institutions prévoient une restriction selon laquelle le conjoint survivant n’a droit à une rente de veuf ou de veuve que s’il a un ou plusieurs enfants à charge au moment du veuvage, qu’il a atteint l’âge de 45 ans et qu’il a été marié pendant au moins cinq ans. Si les assurés n’en sont pas conscients, ils omettent par exemple de conclure une assurance-vie pour leur conjoint ou leur partenaire. L’ignorance conduit donc inévitablement à ce que des lacunes de prévoyance ne soient pas identifiées, que des décisions erronées soient prises et que des options d’action ne soient pas perçues. Il est donc nécessaire de sensibiliser davantage les assurés aux différents thèmes de la prévoyance vieillesse. Les assurés doivent notamment prendre davantage conscience qu’ils peuvent influencer positivement leur situation de prévoyance en agissant de manière précoce et active.

Yvonne Seiler Zimmermann,

Haute Ă©cole de Lucerne

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