Publié le: 5 avril 2024

La flexibilité, c’est possible

prévoyance – La flexibilité dans le domaine de la prévoyance professionnelle, très grande en réalité, est souvent sous-estimée. C’est même un domaine où chacun, employeur ou employé, a le choix. Sven Ryan, expert du 2e pilier et actuaire responsable au Groupe Mutuel, nous en dit plus.

Journal des arts et métiers: La prévoyance professionnelle demeure l’un des principaux sujets de préoccupation des Suisses. Que peut-on aujourd’hui conseiller en la matière à quelqu’un qui possède une entreprise?

Swen Ryan: En Suisse, on s’intéresse à la question de la prévoyance professionnelle souvent beaucoup trop tard, et cela aussi bien à titre individuel qu’en ce qui concerne l’entreprise. Dans la prévoyance professionnelle, un socle est imposé par la loi. Mais au-delà, l’employeur dispose d’une réelle marge de manœuvre. Il peut, en fonction de ses moyens, de son secteur d’activité ou encore du stade de la vie de l’entreprise, adapter en tout temps son plan de prévoyance. Le plan de prévoyance est le cœur du dispositif de prévoyance des employés et peut toujours être revu, amélioré et optimisé en fonction des besoins de l’entreprise.

Concrètement, pour un entrepreneur, qu’est-ce que cela signifie?

Le minimum légal fixe le montant du seuil d’affiliation à 22 050 francs et celui du montant de coordination à 25 725 francs. Il fixe également un plafond de salaire considéré à 88 200 francs. Cependant, l’employeur peut supprimer ou réduire le montant de coordination ou encore supprimer le plafond pour augmenter le salaire assuré. Ainsi, les cotisations augmenteront, ce qui implique, à court terme, un salaire net plus faible pour l’employé et une charge supplémentaire pour l’employeur, mais conduira, à long terme, à une prestation de retraite nettement améliorée. L’employeur doit associer son plan de prévoyance à sa politique RH et le mettre en valeur pour attirer les meilleurs talents.

Mais encore?

La loi prévoit que les cotisations épargne commencent à l’âge de 25 ans. Or, rien n’empêche de commencer à cotiser pour l’épargne à partir de 18 ans. Des contributions débutées le plus tôt possible, même faibles, peuvent conduire à de bien meilleures prestations à la retraite grâce notamment aux intérêts composés qui s’accumulent durant toute la période active. L’abaissement du début de la cotisation a non seulement un impact pour les plus jeunes, mais également pour tous les assurés, puisque les capacités de rachat s’améliorent nettement. N’oublions pas que les rachats présentent dans la plupart des cas un gros avantage fiscal, en plus de l’amélioration effective des prestations de retraite.

Un conseil pour l’employé?

Ne pas considérer seulement le salaire net, mais prendre aussi en compte les avantages fournis par l’employeur, parmi lesquels la caisse de pension. Globalement, l’employé devrait considérer sa rémunération brute et y ajouter les prestations qui lui sont destinées mais qui sont financées par l’employeur. Les employés ont leur rôle à jouer, notamment au moment où ils changent d’emploi, en challengeant l’employeur sur la qualité de son plan de prévoyance.

Quel autre conseil, suggestion ou idée peut-on encore donner à l’employeur?

Pour l’employeur, le premier conseil, c’est de se pencher régulièrement sur son plan de prévoyance. De vérifier si celui-ci est conforme à ce qui se fait sur le marché dans le même secteur d’activité ou s’il correspond aux attentes de ses employés. Il faut profiter de la flexibilité que la loi laisse à l’employeur pour construire son plan de prévoyance. Il existe une solution qui correspond aux besoins, pour chaque entreprise. Enfin, quand on a un bon plan de prévoyance, il faut le rendre visible et le communiquer à ses employés. La caisse de pension pourra aider l’employeur dans cette démarche de valorisation, il ne faut pas hésiter à la solliciter, car elle le fera avec plaisir.

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