Publié le: 5 avril 2024

Rouge vif pour le couple européen

FRANCE / ALLEMAGNE – Les finances publiques des deux poids lourds européens accusent le coup: 96,9 milliards de déficits de financement pour l’Allemagne, contre 124 milliards d’euros pour la France. Deux pays sur lesquels il ne faudrait pas prendre exemple.

En France et en Allemagne, les projecteurs sont pointés sur l’état des finances publiques. Les finances publiques de l’Allemagne montrent en 2022 un déficit de financement de l’ordre de 96,9 milliards d’euros et une dette publique de 2570 milliards, pour la France ce sont même 124 milliards d’euros de besoin de financement des administrations publiques avec une dette publique de 2950 milliards. Pour l’Allemagne, la dette publique représente donc 66,4 % du produit intérieur brut (PIB), pour la France la dette publique correspond à 111,8 % du PIB.

L’importance de ces sommes laisse de grande interrogation ouverte. Non pas qu’elles soient fondamentalement considérées comme excessives ou déséquilibrées, puisque les craintes se cristallisent surtout sur les verdicts des agences de notation. L’important consiste donc à remporter les meilleures notations possibles pour la soutenabilité des titres de la dette publique.

De l’importance des notations

En fait, ces notations des agences – comme Fitch, Moody’s et S&P – déterminent la pondération des risques à attribuer à ces titres de dettes, notamment pour les bilans des instituts de crédits et des investisseurs institutionnels. Plus le risque augmente, plus la notation se détériore, ce qui implique de constituer de plus amples provisions pour risque.

Donc si la notation se détériore, évidement la demande pour de telles titres va diminuer, ce qui engendrera pour l’État des intérêts plus élevés à verser pour placer ses titres de dette auprès des créditeurs qui encourent alors plus de risques. Le mécanisme est clair et compréhensible. En fait, la France, autant que l’Allemagne, cherche à s’assurer un financement aisé de leur déséquilibre des finances, ce qui politiquement est plus facile, plus populaire, que de devoir procéder à des coupes sévères et en fin de compte affronter l’ire de populations habituées aux aides de l’État. On comprend alors que se concentrer sur le degré d’acceptation des titres de dette via leur notation vaut mieux qu’une gestion saine et équilibrée des finances publiques.

Bastiat: l’aisance dans la dépense

Frédéric Bastiat, économiste et politicien français membre de l’Assemblée nationale vécut dans la première moitié du XIXe siècle. Ce pionnier du libéralisme s’était déjà demandé: «Pourquoi nos finances sont-elles dérangées? – Parce que, pour les Représentants, il n’y a rien de plus facile que de voter une Dépense, et rien de plus difficile que de voter une Recette (...). J’en sais encore une raison. Tout le monde veut vivre aux dépens de l’État, et on oublie que l’État vit aux dépens de tout le monde.»

Bastiat met en lumière une vérité fondamentale sur la nature des finances publiques: l’aisance dans la dépense par rapport à la difficulté de générer des recettes. Cette observation reflète la tendance des gouvernements à céder aux demandes populaires de dépenses sans considérer suffisamment les conséquences financières à long terme.

En effet, l’attrait de la dépense facile peut mener à des déséquilibres budgétaires et à une dépendance croissante de la société vis-à-vis de l’État. Bastiat souligne ainsi le besoin de responsabilité financière et de prise de décision éclairée de la part des gouvernants.

Gestion irresponsable

Les finances publiques ne sont pas simplement des chiffres sur un tableau, mais représentent surtout le poids de l’État sur la société et sur l’économie privée qui produit des biens et des services. En France, le poids des dépenses publiques représente déjà 56 % du PIB, en Allemagne, 49,5 %. Les politiques fiscales et budgétaires influencent directement la vie quotidienne des citoyens, déterminant les niveaux de services publics, les infrastructures, et les possibilités économiques disponibles.

Bastiat relève la tendance des gouvernements à céder aux demandes populaires de dépenses sans considérer suffisamment les conséquences financières à long terme

Une gestion irresponsable des finances publiques peut entraîner une augmentation de la dette, imposant des fardeaux financiers aux générations futures et limitant la capacité de l’État à répondre aux besoins de la société et aux éventuelles crises.

Ainsi, la question des finances publiques ne concerne pas seulement les gouvernants, mais également chaque citoyen qui en subira aussi les répercussions via les taxes et les impôts.

Erreur keynésienne

La critique keynésienne de plus en plus répandue en Suisse soutient l’idée que l’augmentation des dépenses publiques peut stimuler l’activité économique et favoriser la croissance. Cependant, cette approche est fausse, car elle implique à tous les coups une gestion imprudente de la dette et une politique fiscale irresponsable qui étouffe l’esprit d’entreprise. Bien que les dépenses publiques puissent jouer un rôle crucial dans la stabilisation de crise économique, une expansion incontrôlée entraîne clairement une augmentation de la dette publique, des pressions inflationnistes – pas forcément dans le panier de la ménagère, mais sûrement dans les valeurs patrimoniales – ce qui correspond en fait, et il faut le souligner, à une simple dévalorisation de la monnaie, et des distorsions sur les marchés.

Compromis et alternatives

La possibilité de s’endetter n’est pas un coût repoussé dans le futur. Le service de la dette se montait en 2023 en France à 51,7 milliards d’euros, en Allemagne, à un peu plus de 40 milliards.

En réalité, il n’y a pas de solution permanente aux problèmes économiques. Il n’y a que des compromis et des alternatives. Alors que les théories keynésiennes promettent monts et merveilles pour gérer les cycles économiques, une dépendance excessive à l’égard des dépenses publiques en résulte avec des conséquences néfastes à long terme.

Que ces exemples de la France et de l’Allemagne ne nous servent pas de modèle. L’usam insiste sur le fait que le succès de la Suisse réside bel et bien dans des dépenses de l’État maîtrisées, ainsi les dépenses publiques doivent à nouveau strictement être limitées. Le prix futur d’une telle mesure n’en sera que plus avantageux!

Mikael Huber, usam

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