Publié le: 5 avril 2024

l’édito

Sans aucun doute, – conservons les notes!

«L’esprit du temps balaye les notes scolaires», veut nous faire croire la presse quotidienne. En plus des nombreux parents et enseignants, «l’économie» elle-même en viendrait à douter du sens du système d’évaluation que nous connaissons. Mais dans ce cas, la question qui se pose est de savoir de qui l’on parle quand on mentionne l’«économie». Pour sa part, l’usam – la plus grande organisation faîtière de l’économie suisse représente quelque 600 000 PME dans tout le pays – ne partage pas ces doutes.

Le débat sur le sens et l’utilité des notes scolaires est sans doute aussi vieux que les notes elles-mêmes. Depuis les années 1950, leur utilité est sans cesse remise en question. Aujourd’hui, elles ne seraient plus «au goût du jour», comme le voudrait cet «esprit du temps».

Les performances spécifiques d’un élève dans une matière donnée doivent être évaluées pendant une certaine période. L’«esprit du temps» lui-même, souvent évoqué et toujours très sollicité, n’y échappe pas. Les performances globales sont représentées par une note qui permet de comprendre si un élève donné a atteint ou non les objectifs d’apprentissage visés.

Les notes peuvent décider de carrières scolaires entières. Dans certains cas, les mauvaises notes peuvent effectivement avoir des conséquences radicales. Mais il faut aussi se demander pourquoi elles existent. Les notes offrent un bilan et une boussole face aux objectifs d’apprentissage. Elles permettent de classer les performances. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles puissent à elles seules revendiquer le droit de donner une indication sur les performances d’une personne donnée.

Dans notre pays, une majorité de parents continue à soutenir le système des notes. C’est du moins ce que suggèrent les résultats des sondages. Le monde politique n’est pas non plus aussi négatif que certains voudraient le croire, ou le faire croire. Le fait est que le Grand Conseil zurichois s’est prononcé en 2022 contre la suppression des notes – à l’exception de la première année scolaire. La commission de formation professionnelle de l’association des PME et des arts et métiers du canton de Zurich s’est elle aussi nettement montrée en faveur du maintien des notes.

L’économie doit précisément déterminer d’une manière ou d’une autre, lors du passage à la vie professionnelle, les capacités des élèves qui entrent dans la formation professionnelle. Il faut que ce processus de sélection soit équitable avec des évaluations comparables et pertinentes. Les bulletins reflètent aussi à leur manière les attentes de l’économie et de la société. Ils permettent de donner une information compréhensible par tous sur les prestations fournies. L’évaluation sur la base de notes est profondément ancrée dans notre société.

Les notes telles que nous les connaissons peuvent bien sûr être une source de frustration. Mais il n’y a pour l’instant pas d’alternative qui soit meilleure ou, encore moins, plus simple. Une société axée sur la performance demande une information simple et mesurable sur les capacités des élèves. Il devrait en être de même à l’avenir. Pour conclure, les entreprises formatrices tiennent vraiment à savoir à quoi s’en tenir lorsqu’elles s’engagent à former des apprentis.

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