Publié le: 5 avril 2024

Un groupe électrogène diesel par antenne, sérieux?

réglementation – «Durcissement des réseaux mobiles contre les perturbations de l’alimentation électrique», tel est le nom de code d’une nouvelle réglementation. Passionnant ou technocratique? Ni l’un ni l’autre – juste déconnecté de la réalité.

L’ordonnance sur les services de télécommunication doit être révisée. Il s’agit avant tout d’améliorer la disponibilité des réseaux et services de téléphonie mobile en cas de perturbations de l’alimentation électrique. C’est ce que l’administration appelle le «durcissement». On se le demande, qui pourrait bien être contre le fait de renforcer la téléphonie?

La seule question est de savoir comment cela doit se faire.L’administration semble le savoir et procède à une microgestion du plus bel effet. C’est ce que l’Office fédéral de la communication (Ofcom) avoue lui-même, en substance: «Les nouvelles dispositions décrivent les perturbations de l’approvisionnement en électricité concernées, définissent les services de télécommunication qui doivent être fournis à cette occasion ainsi que leur disponibilité géographique et temporelle.»

L’Ofcom pense donc connaître tous les détails de l’avenir et pouvoir planifier dès maintenant la manière de les gérer.

Une fois tous les trente ans

Les planificateurs centraux de la Confédération se basent sur deux cas exceptionnels extrêmement improbables. Le premier est celui d’une coupure de réseau contrôlée en raison d’une pénurie d’électricité. L’hypothèse sous-jacente: quatre heures sans électricité, suivies de huit heures, le tout pendant quatorze jours d’affilée.

Dans le deuxième scénario, une coupure de courant non planifiée se produit. Pendant 72 heures, jusqu’à 1,5 million de personnes restent sans électricité. Or, de tels scénarios sont extrêmement rares. Selon l’Office fédéral de la protection de la population (OFFP), ils sont attendus tous les trente ans environ.

Actuellement, les pannes de courant non planifiées durent en moyenne sept minutes en Suisse et se produisent environ tous les sept ans par fournisseur d’énergie. Ces courtes pannes sont en grande partie couvertes par le durcissement du réseau des opérateurs de téléphonie mobile existants.

Mille camions prĂŞts Ă  rouler

Ce qui suit n’est pas une blague: le Conseil fédéral prévoit des batteries d’une autonomie de quatre heures pour les sites d’antennes, des groupes électrogènes de secours diesel fixes pour 35 % des sites et mobiles pour les 65 % restants. En cas de crise, ces derniers devraient être transportés par camion vers les sites touchés.

Est-ce réalisable? Pour une région comptant jusqu’à 1,5 million de personnes, raccorder toutes les installations de téléphonie mobile à des groupes électrogènes de secours en l’espace de quatre heures et les faire fonctionner pendant les 72 heures suivantes serait une tâche logistique d’une ampleur inouïe. Rien que la quantité de véhicules à maintenir disponibles en permanence est énorme. Dans son analyse, la Confédération estime à 1000 le nombre de moteurs diesel qu’il faudrait tenir prêts en permanence en cas de panne de courant. Ils seraient alors utilisés tous les trente ans environ. Cela nécessiterait un personnel formé en conséquence, des tests réguliers et des exercices d’urgence. Comme de nombreuses installations de téléphonie mobile ne sont pas ou difficilement accessibles par camion, les groupes électrogènes mobiles de secours devraient être distribués avec des remorques. Il devrait en aller de même pour le ravitaillement en carburant. La charge logistique et les ressources humaines et matérielles nécessaires seraient considérables. L’expérience montre que les groupes électrogènes de secours mobiles installés à l’extérieur doivent en outre être sécurisés contre le vol et le vandalisme au plus tard après 24 heures d’utilisation. Et puis, il y a la question des autorisations.

La preuve par l’exemple

Quel manque de réalisme! Dans la peur panique d’un cas très improbable, on brandit des exigences sans tenir compte de la réalité de ce que les acteurs économiques doivent faire. La faisabilité de ces plans et leur coût ne semblent pas intéresser l’administration. C’est pourquoi le «durcissement» de la téléphonie mobile n’est ni passionnant ni technocratique. Il est tout simplement faux.

Henrique Schneider

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