Publié le: 7 juin 2024

L’édito

Du sucre et des médias: la gauche mainstream

Il y a quelques années, un député cantonal et médecin actif chez les Verts s’est rendu au Palais fédéral, pour faire du lobbyisme en faveur d’une taxe sur le sucre. Le fait qu’il n’ait pas trouvé de majorité n’a surpris personne. Une taxe sur le sucre n’a jamais été susceptible de créer un consensus. Pourtant, le «mainstream» journalistique a flairé un grand complot. Un média dominical a consacré un grand papier au voyage du politicien vert dans la Berne fédérale. Avec un titre racoleur – «La guerre du sucre». Le justicier, certes un brin naïf, croise le fer avec un adversaire méchant et puissant. Et comme dans toute histoire de lutte des classes pour l’école enfantine: «Les adversaires sont des entreprises (...). Leur influence sur la politique est énorme. L’histoire du médecin et de son combat contre le sucre est donc aussi un cas d’école sur les rapports de force et leurs mécanismes dans notre pays.»

Le journalisme à thèse était autrefois mal coté. Aujourd’hui, les auteurs vantent leurs histoires avec fierté. «Un bon idéaliste contre des entreprises puissantes», ça se vend mieux qu’une enquête de fond! Voilà pourquoi personne ne s’est intéressé au destin de notre lobbyiste des Verts. Aujourd’hui, il est médecin cantonal – l’une des fonctions les plus puissantes en matière de politique de santé.

Le bien contre le mal: le politicien Vert était un lobbyiste. C’est légitime. Mais dans l’article, il n’a pas été décrit une seule fois comme tel. Seuls les représentants de l’industrie alimentaire et les défenseurs des entreprises sont taxés de lobbyistes – et jamais leurs opposants. C’est une contrevérité de la morale bien-pensante. Autre exemple: Lobbywatch se considère comme une «plate-forme journalistique indépendante». Sur son site Internet, on y publie des événements qui ont lieu pendant les sessions des Chambres fédérales – principalement des événements organisés par des associations économiques. Mais on n’y trouve pas (site consulté le 5.6.2024, ndlr), par exemple, un événement organisé le 13 juin prochain par la «Coalition pour la responsabilité des multinationales». Un lobbyiste étranger y intervenait pour promouvoir auprès de nos parlementaires un monstre réglementaire européen baptisé «Corporate Sustainability Due Diligence Directive» (CSDDD) – cette réglementation entraînera des coûts bureaucratiques atroces pour les PME. Mais apparemment, aux yeux des «lobbywatchers», cette manifestation de parlementaires sert la bonne cause, donc ce n’est pas du lobbying. Les lobbyistes ne sont que ceux qui s’opposent à la réglementation galopante. C’est aussi simple que cela.

Perspectives: La Confédération a récemment annoncé de nouvelles interdictions de publicité et de nouvelles réglementations pour les denrées alimentaires. Sans oublier les directives pour la réduction du sel. Les gardiens de la morale au sein des médias sont déjà en position: qui aurait le culot de s’y opposer par des moyens démocratiques? Dans l’article de journal que nous avons mentionné, les opposants à la taxe sur le sucre ont été discrédités en beauté. On pouvait ainsi lire que leur «spécialité» était de «semer le doute» et qu’ils utilisaient un «truc populiste» en «ridiculisant» les opposants. En réalité, ce sont les journalistes de gauche qui utilisent des méthodes problématiques. On les voit dénigrer dans leurs médias tout défenseur de la liberté d’entreprise. Ceux qui, en politique, s’attaquent à la morale bien pensante doivent prendre leurs précautions.

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