Publié le: 5 juillet 2024

Éviter les prélèvements salariaux

13E RENTE AVS – Après le oui sorti des urnes, d’épineuses questions de mise en œuvre se posent: quand faut-il la verser? Et qui doit la payer? L’usam, pour sa part, favorise une augmen­ta­tion de la TVA. Et demande un concept d’assainissement incluant le relève­ment de l’âge de la retraite.

La Suisse s’offre une 13e rente AVS. Ainsi en a décidé le peuple. Précisément: les retraités en ont décidé ainsi. Les sondages réalisés après le scrutin ont montré que les retraités se sont rendus aux urnes avec assiduité et qu’ils se sont majoritairement prononcés en faveur d’une amélioration de leur propre revenu. Les jeunes qui doivent financer en grande partie l’AVS ont en revanche été peu nombreux à voter. Ils doivent maintenant en payer le prix.

améliorer les rentes mensuelles s’avèreplus simple et moins coûteux qu’un versement unique.

La 13e rente AVS nous coûtera près de cinq milliards de francs à moyen terme. À long terme, ce sera nettement plus, car le nombre de retraités devrait fortement augmenter. Et une commission parlementaire a déjà décidé qu’il faudrait aussi une 13e rente pour l’AI. Les coûts augmenteront allègrement.

Se voiler la face n’arrange rien

20,2 % des dépenses de l’AVS sont financées par la Confédération. Et cela nous amène au premier point délicat de la proposition de mise en œuvre du Conseil fédéral. Notre gouvernement fédéral est d’avis que la 13e rente AVS ne doit rien coûter à la Confédération. Il propose donc de réduire la part de la Confédération aux dépenses de l’AVS à 18,7 %. Pour l’usam, c’est un «no go». La Confédération ne doit pas se soustraire à sa responsabilité financière.

Il est clair que les dépenses supplémentaires d’environ un milliard de francs font mal aux finances de la Confédération. Mais les taxes plus élevées sont tout aussi douloureuses pour les entreprises, les actifs et les consommateurs. Elles obligent ces derniers à se serrer la ceinture. La Confédération peut tout aussi bien en supporter le poids. Il doit être possible d’économiser ce milliard de dépenses supplémentaires quelque part dans le budget gonflé de la Confédération.

Des moyens en plus

D’une manière ou d’une autre, il faut réclamer plus d’argent. Le Conseil fédéral met deux variantes en consultation. L’une veut agir exclusivement sur les pourcentages salariaux. L’autre veut augmenter à la fois les pourcentages salariaux et les taux de TVA. Concrètement, c’est l’équivalent ici – en supposant que la Confédération parvienne effectivement à se dégager de sa responsabilité financière – de 1 %de salaire supplémentaire dans la première variante ou de 0,6 % de salaire et de TVA supplémentaires dans la deuxième variante.

L’usam rejette les deux variantes. S’il faut réclamer davantage de moyens, il faut le faire exclusivement par le biais de pourcentages de TVA plus élevés. C’est la manière la plus équitable de répartir la charge des sacrifices et la moins dommageable pour l’économie parmi toutes les variantes douloureuses.

Pas de décision hâtive

D’une manière générale, l’usam est d’avis qu’une décision rapide n’offre pas de bonne solution. L’AVS a des problèmes de financement fondamentaux. Il s’agit de les aborder de manière globale et durable. L’usam exige donc que l’on renonce à des mesures spéciales pour financer la 13e rente AVS et que l’on élabore en lieu et place un concept d’assainissement global. Dans ce cadre, un relèvement général de l’âge de la retraite doit impérativement être décidé.

Un petit plus chaque mois

Reste à savoir si la 13e rente AVS doit vraiment être versée en décembre en tant que 13e rente ou s’il n’est pas préférable de relever les rentes mensuelles de 8,3 %. L’usam est clairement en faveur de la revalorisation des rentes mensuelles. C’est plus simple et plus avantageux au plan administratif. Et aussi plus juste pour les retraités. De plus, les retraités dont la situation financière est effectivement mauvaise sont certainement plus avantagés s’ils reçoivent un plus chaque mois plutôt que de voir leur rente doublée d’un coup à la fin de l’année. Enfin, il est rarement possible de repousser le règlement des factures jusqu’à la fin de l’année.

Le mal est fait

La 13e rente AVS montre qu’il est nettement plus facile d’approuver une extension des prestations que de la mettre en œuvre et de la financer après coup. Le mal est fait avec la 13e rente AVS et ne peut être qu’atténué, mais pas vraiment corrigé. Il ne reste plus qu’à espérer que les votants en tireront une leçon. Chaque fois que l’on développe les prestations, cela coûte et crée des inefficacités. Et le plus souvent, une grande partie des personnes concernées paient au final nettement plus que ce qu’elles reçoivent.

Kurt Gfeller, usam

Avec cet article, Kurt Gfeller met un terme à sa collaboration avec la Schweizerische Gewerbezeitung et le Journal des arts et métiers – et prend sa retraite. Lisez aussi l’interview d’adieu en page 2.

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