Publié le: 5 juillet 2024

Autoroutes: faisons sauter les bouchons!

Tous les jours, des automobilistes sont coincĂ©s dans les bouchons aux heures de pointe. Nous sommes tous aux premiĂšres loges pour constater les limites de notre rĂ©seau routier, qui ne correspond plus aux besoins d’une Suisse de neuf millions d’habitants. Il ne peut plus faire face aux surcharges chroniques de trafic, malgrĂ© des mesures prises pour optimiser le flux de voitures comme les systĂšmes d’harmonisation de la vitesse ou les rĂ©affectations temporaires de bandes d’arrĂȘt d’urgence.

Construit il y a plus de soixante ans, notre rĂ©seau routier est vieux, dĂ©passĂ© et paralysĂ©. Prenons l’A1: elle a Ă©tĂ© conçue pour accueillir un trafic quotidien de 20 000 vĂ©hicules, alors qu’aujourd’hui elle en supporte prĂšs de 100 000.

Mais l’A1 n’est pas la seule autoroute Ă  causer des migraines aux automobilistes. En 2023, la durĂ©e des bouchons a atteint 48 807 heures, soit l’équivalent d’environ cinq ans et demi! Une augmentation record de 22,4 % par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. PrĂšs de 87 % des embouteillages sont dus Ă  une surcharge de trafic. Sans parler des accidents.

Les bouchons Ă  rĂ©pĂ©tition coĂ»tent cher, trĂšs cher Ă  notre Ă©conomie et Ă  la sociĂ©tĂ©. 50 000 heures d’attente Ă©quivalent Ă  plus d’un milliard de coĂ»ts. Le personnel et les livraisons sont bloquĂ©s sur les routes. Les dĂ©lais ne sont pas respectĂ©s. Tout ceci pĂ©nalise la productivitĂ© de nos entreprises et entraĂźne d’inĂ©vitables rĂ©percussions sur les prix et le pouvoir d’achat. En outre, les bouchons sur l’autoroute ont des consĂ©quences sur les routes secondaires.

Le trafic d’évitement engendre dans nos villages non seulement des pollutions sonores et atmosphĂ©riques, mais aussi des risques considĂ©rables pour la sĂ©curitĂ©. Le trafic routier doit se concentrer sur les autoroutes et non pas se reporter sur les zones d’habitation.

Nous avons pris un gros retard dans la modernisation de notre rĂ©seau routier. Et la situation va encore s’aggraver et les embouteillages, s’accentuer. En effet, une hausse de la demande de 11 % est attendue dans le trafic de personnes et de 31 % dans le transport de marchandises d’ici 2050.VoilĂ  pourquoi, le Conseil fĂ©dĂ©ral et le Parlement proposent par exemple d’investir 5,3 milliards dans l’élargissement de six tronçons d’autoroute dont l’axe Le Vengeron-Nyon.

Ce dĂ©veloppement est essentiel pour rĂ©pondre aux exigences de la mobilitĂ©. Et pourtant, cette extension est contestĂ©e par le camp rose-vert, et par des associations environnementales. Ils estiment que cet Ă©largissement va Ă  l’encontre des mesures pour la protection du climat. Or, ce sont bien les bouchons qui sont nuisibles Ă  l’environnement! Avec les nombreux arrĂȘts et redĂ©marrages, ils font grimper la consommation d’essence et de diesel des vĂ©hicules, ce qui provoque une hausse des Ă©missions de CO2.

Il est important de savoir que ces rĂ©alisations n’impliqueront aucune charge supplĂ©mentaire ni pour les contribuables ni pour les entreprises. Elles sont financĂ©es par les taxes et redevances (surtaxe sur les carburants vignette autoroutiĂšre) dĂ©jĂ  versĂ©es par les usagers de route.

Ce financement est d’ores et dĂ©jĂ  garanti. Il est issu du Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomĂ©ration (FORTA) spĂ©cialement constitué à cet effet et ne grĂšve donc pas les finances de la ConfĂ©dĂ©ration.

Croire que le rail peut absorber la croissance du trafic est une illusion. Il n’est pas question d’opposer la voiture au train: c’est une vision qui appartient au passĂ©. Notre pays aurait tout Ă  perdre d’une nouvelle guerre entre les diffĂ©rents de mode de transport. Tant le rĂ©seau routier que le rĂ©seau ferroviaire sont nĂ©cessaires et complĂ©mentaires. Ces deux doivent ĂȘtre adaptĂ©s aux besoins.

Nos routes nationales sont l’épine dorsale de notre systĂšme de transports, et vitales pour notre Ă©conomie. Il est urgent et indispensable de les rendre plus efficaces par des amĂ©nagements ciblĂ©s. Faisons donc sauter les bouchons. Un rĂ©seau routier performant contribue incontestablement Ă  la prospĂ©ritĂ© de nos entreprises. Un refus dans les urnes conduirait Ă  l’asphyxie de notre mobilitĂ©. Et nos PME auraient tout Ă  perdre.

jacqueline.dequattro@parl.ch

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