Publié le: 5 juillet 2024

«Nous allons tous en profiter»

ROUTES NATIONALES – Six projets permettent d’éliminer les goulets d’étranglement sur les autoroutes. Le tout sera au service du trafic et donc de toute la Suisse. Car les embouteillages entraînent des coûts élevés, et beaucoup de trafic de report dans les villages et les agglomérations.

«Ce projet n’est pas seulement soutenu par les groupes parlementaires bourgeois, l’économie et différents groupes d’intérêts, mais il est dans l’intérêt de tous les usagers de la route.» C’est ce qu’a déclaré le président de l’usam Fabio Regazzi lors de la conférence de presse de l’alliance «OUI à la sécurisation des routes nationales», qui s’engage pour un OUI dans les urnes le 24 novembre. Le peuple se prononcera alors sur six projets partiels visant à éliminer les goulets d’étranglement et à améliorer la fluidité du trafic sur les routes nationales.

«Ce projet est dans l’intérêt de tous les usagers de la route.» Fabio Regazzi

La mobilité nécessite des infrastructures, a fait remarquer l’entrepreneur. «Le rail et la route doivent être entretenus. Tous deux sont des pièces importantes du puzzle du réseau de transport de la Suisse. Nous profitons tous d’un système de routes nationales qui fonctionne bien.»

Pas de surcharge du contribuable

Le conseiller aux États (Le Centre/TI) a expliqué que l’entretien et l’élimination des goulets d’étranglement sur les routes nationales étaient des thèmes récurrents pour la Confédération. Le projet sur lequel on votera en novembre fait partie du Programme de développement stratégique pour les routes nationales (STEP). En septembre dernier, le Parlement avait largement approuvé cinq projets d’élimination des goulets d’étranglement proposés par le Conseil fédéral, et en avait ajouté un autre en Suisse romande. Il s’agit concrètement des projets Wankdorf-Schönbühl (BE), Schönbühl-Kirchberg (BE), du tunnel de Rosenberg à Saint-Gall, du tunnel du Rhin à Bâle ainsi que du tunnel de Fäsenstaub à Schaffhouse. En Suisse romande, l’élimination des goulets d’étranglement entre Genève et Nyon est en cours de planification.

La moitié des six projets sont des solutions en tunnel. «Des projets qui sont donc particulièrement peu encombrants», a confirmé Fabio Regazzi. Le président de l’usam a rappelé que le financement se faisait indépendamment du budget ordinaire de la Confédération. Ni la caisse fédérale générale ni les contribuables ne seront donc mis à contribution. Pour les routes nationales, les moyens proviennent du Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (Forta). Ce fonds est alimenté par les usagers de la route.

Chaînes d’approvisionnement

Diana Gutjahr, femme entrepreneur et membre du comité directeur de l’usam, a constaté: «Les embouteillages entraînent des coûts élevés et pèsent sur toute la Suisse. Si les travailleurs sont bloqués dans les embouteillages, ils ne peuvent pas faire leur travail et manquent là où on a besoin d’eux. À savoir sur le chantier ou au domicile du client.»

«Je suis aussi assise ici en tant que mère qui s’inquiète pour son enfant.» Diana Gutjahr

Ces retards dans les chaînes d’approvisionnement renchérissent les produits, voire entraînent l’impossibilité d’exécuter les commandes, a déclaré la conseillère nationale (UDC/TG). «Rien que sur les routes nationales, les goulets d’étranglement occasionnent aujourd’hui des coûts annuels d’environ 1,2 milliard de francs, voire même de 3 milliards de francs sur l’ensemble du réseau routier. C’est pourquoi nous avons besoin de toute urgence d’une élimination ciblée des goulets d’étranglement.»

Responsable de PME et mère

Diana Gutjahr, responsable de PME, a souligné que les bouchons sur les routes nationales étaient particulièrement dommageables pour les PME. «Car nous ne pouvons pas, par exemple, passer facilement au transport de marchandises par le rail. Et nous pouvons moins bien répercuter les coûts qui en résultent que les grandes entreprises.» De même, la distribution locale n’est toujours pas résolue. Elle associe ces chiffres impressionnants à un aperçu de son quotidien: «Pour l’instant, nous habitons encore dans un quartier calme, mais chez nous aussi, on constate le phénomène du ‹chemin détourné.» Des pendulaires donc, qui craignent les embouteillages sur les axes et les évitent. «Je suis aussi assise ici en tant que mère inquiète d’un enfant qui ira bientôt à l’école enfantine et qui se retrouvera avec ses camarades dans le quartier pour jouer.»

Contournement nord de Zurich

Peter Goetschi, président central du Touring Club Suisse (TCS), a souligné qu’une infrastructure bien aménagée améliorait la fluidité du trafic et donc la sécurité routière pour tous les usagers de la route. Après l’aménagement du contournement nord de Zurich, les accidents auraient diminué de près de 75 %. Parallèlement, le réseau routier adjacent est délesté et le trafic d’évitement dans les villes et les communes est réduit, ce qui améliore aussi la sécurité à l’intérieur des localités, notamment pour les cyclistes et les piétons (lire p. 21). La concentration du trafic sur les axes aménagés à cet effet réduit de plus les nuisances sonores et les gaz d’échappement dans les localités.

«D’ici À 2050, le transport individuel motorisé sera climatiquement neutre grâce notamment à l’électrification.» Peter Goetschi

Et le bilan environnemental du trafic individuel motorisé continuera de s’améliorer: «D’ici à 2050, il devrait devenir neutre pour le climat, notamment grâce à l’électrification», explique-t-il. Les six projets d’élimination des goulets d’étranglement prévus (parmi lesquels trois tunnels) sont très efficaces en termes de surface. «Au total, huit hectares de surfaces d’assolement seront utilisés à cet effet. Cela correspond à environ onze terrains de football, qui doivent être entièrement compensés au profit de l’agriculture.»

Pour les transports publics

Le conseiller national Martin Candinas (Le Centre/GR) a souligné que les routes nationales constituaient une pièce centrale du puzzle du réseau de transport suisse. Une grande partie des transports de personnes et de marchandises en dépendent. En tant que président de la Litra, le service d’information pour les transports publics, il s’engage depuis toujours pour des infrastructures de transport performantes et des offres de transports publics attrayantes. Comme pour l’extension du réseau ferroviaire, il soutient donc aussi les projets prévus pour le réseau des routes nationales. L’élimination des goulets d’étranglement profite aussi aux transports publics. Si l’on empêche le trafic d’évitement vers les villes et les villages, les transports publics routiers s’en trouveront déchargés.

90 000 véhicules par jour

Christophe Reymond, directeur général du Centre Patronal, a porté son regard sur la région Vaud-Genève. «Les besoins de mobilité dans la région lémanique ont fortement augmenté», relève-t-il.

«Les besoins en mobilité ont fortement augmenté dans la région lémanique.» Christophe Reymond

«Chaque jour, 90 000 véhicules y circulent, alors que l’A1 entre Lausanne et Genève n’a été conçue que pour 20 000 véhicules. Si le projet Prodes était rejeté, le nombre d’embouteillages exploserait au cours des prochaines années. Cela n’affecterait pas seulement les usagers de la route, mais aussi l’économie et donc de nombreux emplois.»

Secours, des minutes décisives

Le commandant des sapeurs-pompiers professionnels et député UDC de Bâle-Campagne Martin Karrer a donné un aperçu de la pratique lors de la conférence de presse. «Pour les sauveteurs, le temps est décisif.» Si les secours sont bloqués dans un embouteillage, de nombreuses minutes sont perdues, qui peuvent faire la différence entre la vie et la mort. Sur les routes encombrées, il est difficile pour les usagers de la route de former une voie de secours suffisamment large.

«routes encombrées: le nombre d’accidents dépasse la moyenne.» Martin Karrer

«Les goulets d’étranglement et embouteillages qui se forment fréquemment sans accident constituent un double risque pour la sécurité», explique Karrer. «D’une part, ils entravent le passage des secours, comme nous venons de le décrire, et d’autre part, c’est justement sur les tronçons embouteillés que se produisent un nombre d’accidents supérieur à la moyenne.» Bien que les routes nationales concentrent 41 % de l’ensemble du trafic routier et 74 % du trafic routier de marchandises, elles n’enregistrent que 14 % des accidents. Pour des raisons de sécurité, il serait dans l’intérêt de tous que le trafic reste sur les routes nationales et ne se déplace pas vers les localités. réd

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