«Vingt-sept millions investis dans la formation, c’est une histoire extraordinaire et périlleuse que nous avons vécue», commente Nicolas Leuba, président de la section vaudoise de l’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA-VD). Comment les garagistes vaudois ont bâti un centre ultramoderne de formation continue pour toute la Suisse romande pour une branche qui forme près de 1600 apprentis par année. Retour sur la création d’YMECA, centre de formation des métiers de l’automobile à Yverdon-les-Bains, neuf mois après son inauguration.

Métiers à évolution rapide

La genèse débute au comité de l’UPSA-Vaud. «Tout est parti d’un constat, il y a quelques années: le centre de formation situé à Yverdon-les-Bains au bord du lac ne correspondait plus aux exigences», résume Nicolas Leuba, gestionnaire d’entreprise, fondateur d’Elios Consulting et ancien conseiller municipal à Pully (PLR) en charge de l’urbanisme, président de l’UPSA-Vaud.

Les métiers de l’automobile ont évolué à vitesse grand V et l’adaptation des formations doit suivre le rythme. «Notre bâtiment ainsi que les installations étaient vétustes, et les nombreuses rénovations, subséquentes. Nous avons donc décidé de lancer un appel à investisseurs pour racheter la parcelle de terrain et l’ancien bâtiment. Finalement, les Retraites Populaires ont repris le tout, avec une cautèle concernant le développement du plan de quartier de la zone située entre la gare et le lac – projet qui soit dit en passant n’a toujours pas été réalisé.»

Coup de cœur pour Y-Parc

En parallèle, le comité de l’UPSA-VD et plus particulièrement, Alexandre Oulevey, président de la formation professionnelle, Philippe Monnard, directeur du Centre et Nicolas Leuba remuent leurs méninges et développent le nouveau projet. «Nous avons eu un coup de cœur pour une parcelle à Y-Parc Technopole Suisse – dédié à l’innovation, doté d’un sol plat, d’une excellente accessibilité proche de l’autoroute. Nous avons dû postuler et démontrer à la commission d’éligibilité le caractère innovatif de notre centre de formation et de nos métiers.»

C’est aussi dans les solutions de financement que se trouve le nerf de l’innovation. «Du côté de l’État de Vaud, les réponses furent négatives, tant du côté du Département de l’économie (DEC) que de la formation (DGEP): il n’existe pas dans la loi vaudoise d’aide à la pierre pour la formation professionnelle, c’est une spécificité de notre canton.»

Pourquoi dès lors ne pas changer la loi et son fusil d’épaule? Soutenu par un groupe de députés – Jean-Daniel Carrard (PLR), Alexandre Berthoud (PLR), Georges Zünd (PLR) et d’autres, un projet d’EMPD (exposé des motifs et projet de décret) est finalement déposé au Grand conseil vaudois.

Au terme d’une longue, voire très longue attente, le couperet tombe – la réponse est négative. «Je peux vous dire qu’à cette époque, le président ne dormait plus et son comité non plus. Nous avions déjà investi 2,2 millions de francs sur l’étude du projet et sa faisabilité.»

Le comité part à la recherche d’une solution de secours. Et finit par la dénicher. «Le Fonds interprofessionnel de prévoyance (FIP) du Centre patronal était d’accord de soutenir le projet. Une synergie rendue possible par les contributions des personnes qui cotisent, la rentabilité de la caisse de pension et la possibilité pour ce fonds de réaliser un investissement utile au fonctionnement de la formation.»

Trois partenaires, un bâtiment

Le FIP se retrouve donc maître de l’ouvrage et propriétaire du terrain et du bâtiment. Ainsi fut construit, puis inauguré sur une parcelle de de 8000 mètres carrés, le centre de formation romand YMECA des métiers de l’automobile, de la mécanique et des machines. C’était début septembre 2023.

La surface au plancher disponible est de plus de 8400 mètres carrés sur six niveaux. Le centre héberge donc trois locataires: UPSA-Vaud, le Groupement suisse de l’industrie mécanique (GIM-CH) et la section romande de 2Roues Suisse. On trouve dans ce nouveau bâtiment des salles de cours théoriques, des ateliers de simulation et des locaux de services. Il permet de regrouper les forces des trois partenaires.

Aujourd’hui, ce centre permet de former plus de 1600 apprentis et de décerner plus de 500 CFC par année.

«YMECA joue son rôle de centre de formation pour les formations supérieures dans toute la Suisse romande. C’est une première. À Yverdon, on fédère. Plus de 30 collaborateurs, des organisations d’événements, ouverts à tous les membres de l’usam et pour n’importe quelle séance. Venez à Yverdon pour y tenir vos assemblées! Nous avons de la place jusqu’à 100 personnes et plus. Et sans personne, on n’est plus rien», sourit-il.

Défendre l’apprentissage

L’actualité politique vaudoise a souligné un regain d’intérêt pour l’apprentissage au plus haut niveau. Au fait, ces déclarations se concrétisent-elles dans les faits et sur le terrain?

Nicolas Leuba tient d’emblée à souligner le rôle du Conseiller d’État Frédéric Borloz dans cette démarche. «Il s’implique systématiquement auprès des associations professionnelles. Il est actif et présent lors de nos assemblées. Pour nous, c’est un atout précieux.»

François Othenin-Girard