Publié le: 9 août 2024

Lavaux-Riviera en mode proximité

tissu économique – Promove est l’organe officiel de développement de toute une région depuis trois décennies. Promotion endogène et exogène, dynamisation des activités économiques, création d’emplois et revitalisation, cette association se veut à l’écoute des préoccupations des acteurs de l’économie. Et des PME!

Dans quel contexte Promove a-t-elle été créée, par qui et dans quel but?

Stéphane Pommaz: À sa fondation en 1988, l’ADEM, pour «Association de développement économique de la ville de Montreux», ne destinait ses activités qu’à cette seule commune. C’est en 1990 qu’un élargissement de son périmètre d’activités à la ville voisine de Vevey lui a donné son nom actuel, Promove (PROmotion MOntreux-VEvey), et sa vocation régionale. L’ensemble des dix communes de la Riviera ont ensuite rejoint l’association entre 1990 et 2000. À la fin des années 2000, les communes de Puidoux et Bourg-en-Lavaux sont à leur tour venues étendre le territoire couvert par Promove et, de fait, y adjoindre Lavaux. En 2017, c’est la commune de Chexbres qui a rejoint l’association et en 2020 celle de Saint-Saphorin.

Aujourd’hui, Promove est l’organisme officiel dédié au développement économique de la Riviera et de Lavaux. Ses missions visent à contribuer à la qualité de vie des citoyens en veillant au dynamisme économique de la région. L’association renseigne et conseille les porteurs de projet d’implantation, de création et de développement d’entreprises. Elle joue également un rôle de centre de compétence économique régional. À ce titre, Promove accompagne les autorités locales sur les dossiers stratégiques touchant aux conditions-cadres afin d’assurer la pérennité de l’activité économique au sein de la région, garante de l’offre en emplois de proximité.

Comment cette association se finance-t-elle?

Stéphane Pommaz: Promove est une association de droit privé, à but non lucratif. Ses membres sont les 13 communes de la région, ainsi que toute entreprise ou personne privée désireuse de soutenir le développement économique de la Riviera et de Lavaux. À ce jour, l’association compte plus de 330 membres.

Son financement est assuré par les communes et par les cotisations annuelles des membres couvrant plus de 80 % du budget. Le solde provient d’une convention de prestation liant Promove au Canton de Vaud en tant qu’organisme régional de développement économique (ORDE) au sens de la loi sur l’appui au développement économique (LADE).

Comment faire travailler à l’unisson un ensemble de communes et d’acteurs privés?

Stéphane Pommaz: Promove se veut un trait d’union entre les acteurs publics et privés, en visant à les fédérer autour de thématiques régionales. La stratégie régionale de développement économique, développée en étroit partenariat avec les collectivités et les milieux économiques représentés au sein de notre comité, nous sert de boussole en donnant la vision et les objectifs.

Pour une large part, la réalisation de ces objectifs implique de sensibiliser, aligner puis mobiliser et coordonner l’ensemble des parties prenantes. En tant qu’organisme de droit privé, nous n’avons aucun moyen d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit, notre défi quotidien est donc d’être pertinents, crédibles et convaincants.

Nous sommes un soutien et un facilitateur, mais ceci ne nous empêche pas d’être également à l’origine de nombreux projets, pour lesquels nous nous engageons en sollicitant notre réseau en parallèle du savoir-faire interne.

Notre force, c’est la proximité, la connaissance profonde de notre région et de ses acteurs. Nous jouissons d’une image positive et avons la réputation d’être efficaces. C’est le fruit de plus de 30 ans d’activités au service de la région. C’est aussi notre meilleur atout, l’actif principal à notre bilan.

Nous en prenons soin en maintenant un dialogue permanent et structuré tant avec les collectivités qu’avec les entreprises de la région. Il s’agit de les informer de nos actions, au travers d’une communication régulière et transparente, mais aussi et surtout de nous tenir au courant de leurs enjeux et perspectives, ce qui implique des rencontres régulières.

Entre promotion endogène et exogène, quelle est votre stratégie?

Bernard Schmid: En termes de promotion économique endogène, le soutien au tissu économique existant est essentiel et constitue l’une des missions principales de Promove. Il s’agit de répondre aux besoins et enjeux de proximité des entreprises et de stimuler la création de valeur durable et l’innovation tout en encourageant le réflexe régional dans les relations d’affaires. Notre positionnement est clair: compte tenu des forces et faiblesses de notre territoire, nous privilégions une croissance qualitative en nous focalisant sur nos atouts et savoir-faire existants pour les valoriser au mieux.

Quant à la promotion économique exogène, Promove favorise et accompagne l’implantation d’entreprises dans la région en réalisant la promotion de la Riviera-Lavaux et en soutenant les investisseurs et responsables d’entreprises dans leurs démarches. Là encore, l’approche est qualitative. Nous disposons de peu de terrains et locaux, il s’agit donc de privilégier des acteurs qui viennent véritablement compléter et renforcer l’économie locale. Nous mettons en avant l’ouverture cosmopolite de la région, l’offre en écoles et cliniques internationales, la qualité de vie qui fait notre réputation, et la localisation exceptionnelle, depuis laquelle il est facile d’opérer dans toute la Suisse romande et en connexion avec la Suisse allemande.

Comment le tissu économique de votre région a-t-il évolué au cours des dix dernières années?

Bernard Schmid: Historiquement, Vevey est une ville remontant à l’ère romaine, un lieu de commerce et d’industrie, tandis que Montreux est une station touristique créée dans la seconde moitié du 19e siècle. Notre région est donc organisée autour de deux pôles économiques complémentaires. Leur évolution est différenciée, y compris au cours des 10 dernières années.

Du côté de Vevey, la désindustrialisation de la ville a engendré une profonde crise qui a marqué le début des années 2000. La ville a toutefois su se réinventer, au travers d’importants développements immobiliers ces 20 dernières années, et d’un effort de marketing territorial au-tour de la thématique «Vevey, ville d’images». Vevey accueille désormais une population jeune et urbaine. Le corollaire est une tertiarisation du tissu économique, où la pression résidentielle a bien souvent repoussé les artisans et industries en périphérie, sur les communes voisines, voire plus loin. Heureusement, Nestlé reste le poumon économique de la ville, y ayant même rapatrié le siège de Nespresso juste avant la pandémie.

À Montreux, c’est surtout le dossier de la rénovation du 2m2c (Montreux Music & Convention Centre) qui a marqué les dernières années. Cette infrastructure, datant des années 1970 pour sa première partie, est essentielle à l’équilibre économique de la commune. Au travers de l’accueil d’événements, tant culturels que professionnels, elle contribue à répartir l’activité touristique tout au long de l’année. C’est le gage d’emplois pérennes et stables, ainsi qu’une contribution indispensable à la vitalité urbaine. Malgré son importance, ce dossier n’a toutefois pas été facile à boucler. Les montants en jeu étant très importants, le processus a pris plusieurs années, jusqu’au démarrage du chantier en août 2023.

Comment voyez-vous ce tissu économique évoluer au cours des prochaines années?

Bernard Schmid: L’enjeu des prochaines années sera de permettre un accueil harmonieux des nouveaux habitants, tout en veillant à proposer un nombre proportionnel de nouveaux emplois afin d’éviter une explosion du trafic pendulaire. Concernant l’activité secondaire, artisanale et industrielle, il s’agit de permettre aux entreprises de ce secteur de développer leur activité sans devoir se délocaliser. En leur proposant des terrains adéquats, à l’écart des zones résidentielles, mais bien connectés aux infrastructures et services de transports. C’est le projet de Parc d’Activité de La Riviera à Saint-Légier que nous menons en partenariat avec les collectivités. On parle potentiellement de 700 emplois, idéalement situés, dans des locaux performants et exemplaires en termes d’écoresponsabilité et d’intégration paysagère.

La majorité des emplois à créer concerneront toutefois le secteur tertiaire, pour lequel il s’agit notamment de prévoir des locaux administratifs dans les centres, près des gares principales. En parallèle, il y a lieu de soutenir et stimuler la création de valeur (et donc d’emplois) au sein de l’économie de l’accueil (tourisme, mais également écoles et cliniques internationales).

Un projet actuel qui vous tient à cœur?

Bernard Schmid: Nous vivons un moment clé historique concernant l’économie touristique de la destination. Au travers de plusieurs projets, tant publics que privés, plus d’un demi-milliard de francs suisses va être investi dans différents équipements de l’offre touristique durant la période de 2023 à 2028. Pour la station de Montreux, en particulier, il s’agit d’une remise à niveau de certaines infrastructures clés et du développement de nouvelles offres, respectivement du redéploiement de certains produits. Cet effort coordonné est le plus important depuis la création de la station entre 1870 et 1910. C’est donc une période de chantiers qui s’est ouverte, mais avec des perspectives très réjouissantes!

La stratégie régionale de développement économique vise un tourisme qualitatif, durable et créateur de valeur. Les enjeux pour y parvenir incluent la gestion de la saisonnalité, la prolongation des séjours, et la multiplication des retombées économiques grâce à des projets comme le nouveau 2m2c, la requalification de la Grand’Rue, la revalorisation des Rochers-de-Naye ou encore la liaison directe avec Interlaken. Promove est impliquée dans pratiquement tous ces dossiers.

Quel rĂ´le accordez-vous aux PME?

Stéphane Pommaz:Le tissu économique de notre région est presque exclusivement constitué de PME! Hormis le siège de Nestlé et un important site de production biotechnologique de l’entreprise Merck, l’économie régionale est incarnée par des entreprises à taille humaine. Ceci vaut autant pour les artisans ou entités industrielles que pour les prestataires de services ou acteurs de la chaîne de valeur touristique. La région est petite, tout le monde se connaît, c’est aussi une force. Nous sommes en contact permanent avec ces acteurs de l’économie de proximité, à leur écoute pour relayer leurs préoccupations et enjeux, à leur côté pour les soutenir. Les PME sont au cœur de nos actions car, en créant de la valeur, en investissant, en proposant de nouveaux emplois, ce sont elles qui assurent la prospérité de la région, au service de la qualité de vie de ses habitants!

JAM/réd

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