Publié le: 9 août 2024

Le conseil à la personne, un facteur-clé

Association suisse des droguistes – La branche évolue dans un contexte dynamique avec de nombreux défis: réglementations et prescriptions de l’UE, révision de la loi sur les produits thérapeutiques. L’association qui existe depuis 125 ans mise sur la modernisation des formations et le conseil spécialisé dans le domaine de la santé et de l’automédication.

Les drogueries suisses mettent l’accent sur la santé globale et responsable et accordent un rôle important à l’automédication et aux remèdes naturels. Avec leurs conseils, elles contribuent à ce que chaque jour, de nombreux clients puissent prendre soin de leur santé en toute sécurité et en étant bien informés: «Tout un chacun, mais aussi les familles avec enfants apprécient beaucoup les conseils compétents de nos droguistes», lance Andrea Ullius, président de l’Association suisse des droguistes (ASD). Les droguistes connaissent bien les médicaments «classiques», mais sont aussi spécialisés dans les remèdes naturels. «C’est une autre raison de la popularité de la droguerie. Le conseil global est unique en son genre dans la droguerie», explique le responsable Politique et branche de l’ASD.

Il est important que le commerce stationnaire et le commerce en ligne soient sur un pied d’égalité.

Les drogueries sont solidement ancrées dans la population. La plupart des commerces se trouvent là où les gens vivent, c’est-à-dire dans les communes et les quartiers. Avec une évolution: un nombre réduit de sites génère un chiffre d’affaires nettement plus important. «Entre-temps, les drogueries réalisent un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de francs par an.» Il existe désormais de nombreuses entreprises dites «mixtes»: une combinaison de droguerie et de pharmacie. Ullius ajoute: «Statistiquement, ces entreprises sont comptées comme des pharmacies. Nous estimons qu’il existe en Suisse environ 140 entreprises mixtes, dont 80 sont également membres de l’ASD.»

L’année 2019 a marqué une étape importante pour le secteur de la droguerie: depuis, les drogueries sont autorisées à vendre tous les médicaments non soumis à ordonnance (liste D). Concrètement, 550 médicaments sont disponibles en droguerie, qui ne pouvaient jusqu’à présent être vendus que dans les pharmacies. De plus, les conditions générales pour la fabrication de médicaments selon sa propre formule (spécialités maison) ont été améliorées. «C’est très important pour, d’une part, préserver le trésor des médicaments, et d’autre part, pouvoir remettre aux clients des préparations individuelles et lutter contre les pénuries d’approvisionnement», explique Ullius.

Trop peu de droguistes

L’une des compétences-clés de l’ASD est la formation initiale et continue. En tant qu’organisation du monde du travail OrTra, l’association organise l’ensemble du parcours de formation, de la formation de base (apprentissage professionnel de 4 ans) à l’école supérieure ESD (études à plein temps de 2 ans). «Chaque année, environ 200 à 250 apprentis terminent leur apprentissage de droguiste avec le titre de droguiste/droguiste CFC», se réjouit Ullius. «Environ 15 % des apprentis diplômés fréquentent notre école supérieure. Cela représente entre 30 et 35 personnes par an.» Les drogueries ressentent également le manque de personnel qualifié, car les droguistes CFC et ES sont des professionnels très demandés, et pas seulement dans leur propre branche. Ils travaillent dans l’industrie pharmaceutique, les assurances ou encore les cabinets médicaux. «Nous manquons notamment actuellement de droguistes ES. Avec suffisamment de droguistes ES, on estime qu’il y aurait 30 à 50 points de vente de droguerie de plus.» L’ASD a donc pris différentes mesures. Ainsi, les droguistes qui ne travaillent pas aujourd’hui dans la branche doivent être motivés à reprendre leur activité. «Mais nous voyons également un potentiel chez les titulaires d’un baccalauréat / d’une maturité pro-fessionnelle ou d’autres professions de la santé.» Les préparatrices en pharmacie CFC, qui complètent parfaitement l’équipe en tant que droguistes ES et qui peuvent saisir l’opportunité d’une évolution de carrière, représentent également une grande chance.

Dans la profession de droguiste, la compétence autour de la thématique de la santé est centrale. «Nous mettons l’accent sur le conseil en matière de santé, raison pour laquelle de plus en plus de services payants sont proposés à ce sujet. En outre, les thèmes de la fabrication de médicaments selon notre propre formule et de la cosmétique sont mis en avant.»

Le thème de la numérisation gagne également en importance. En ce qui concerne la formation professionnelle, il faudra à l’avenir s’assurer, au niveau du CFC, que les apprentis diplômés disposent des connaissances nécessaires pour pouvoir vendre des médicaments en droguerie. «Les efforts de l’État visant à diluer les formations (plus d’examens finaux) doivent être systématiquement combattus. En outre, les entreprises formatrices doivent être soulagées, au moins sur le plan administratif», demande Ullius. Au niveau ES, l’introduction des titres «Professional Bachelor» et «Professional Master» reconnus au niveau international est impérative. «Les écoles supérieures et les hautes écoles spécialisées doivent être au même niveau que les universités.» Il est d’ailleurs frappant de constater que l’on trouve dans la branche de la droguerie un nombre particulièrement élevé de femmes qui font carrière en suivant une formation professionnelle supérieure. L’offre importante de postes à temps partiel, notamment pour les mères, est aussi très appréciée.

Trop de prescriptions de l’UE

Le secteur s’engage au niveau politique. L’une de ses principales revendications est l’instauration de bonnes conditions-cadres, ou plutôt l’endiguement de la grande frénésie réglementaire. «Nous demandons en outre que l’automédication joue un rôle plus important dans le système de santé.» Selon Ullius, le Parlement et l’administration ne doivent pas seulement parler de fournisseurs de prestations au sens de la LAMal, mais enfin prendre acte du fait qu’une prestation a également une valeur en dehors de la LAMal. «Tous les professionnels de la santé sont des fournisseurs de prestations, car ils fournissent chaque jour une prestation pour la collectivité.» Ce qui inquiète l’association, c’est que de plus en plus de prescriptions sont reprises de l’UE. «Cela peut être avantageux et juste pour les entreprises qui travaillent au-delà des frontières, mais c’est fatal pour le commerce suisse», déclare Ullius. Et il double la mise: «L’ordonnance sur les cosmétiques et l’ordonnance sur les produits chimiques sont deux exemples qui nous concernent. La révision en cours de la loi sur les produits thérapeutiques, avec quelques nouveautés radicales comme l’e-médication ou la réorganisation de la vente par correspondance, représente un grand défi pour la branche». De plus, les drogueries doivent se préparer au dossier électronique du patient (DEP). «Même s’il faudra encore attendre un certain temps avant que la nouvelle loi n’entre en vigueur, nous devons poser les jalons dès maintenant.» De même, il faut s’affirmer face à la concurrence étrangère et au commerce en ligne. Avec la révision prévue de la loi sur les produits thérapeutiques et la nouvelle réglementation de la vente par correspondance, il sera possible d’envoyer des préparations OTC. Cela peut contribuer à ce que la création de valeur reste en Suisse. «Il est important que le commerce stationnaire et le commerce en ligne soient sur un pied d’égalité. Il ne doit pas y avoir de compromis, notamment en ce qui concerne le conseil, la sécurité des patients et la sécurité des médicaments.» Le potentiel de la branche est grand, notamment pour ce qui est de l’automédication, qui aide à réduire les coûts – des études européennes identifient un potentiel d’économie de plusieurs milliards. «Le processus stratégique lancé en 2023 contribuera à affiner encore le profil des drogueries», ajoute Ullius. À condition bien sûr que les conditions-cadres ne changent pas radicalement. Corinne Remund

www.drogistenverband.ch/fr

Les plus consultés