OUI à la suppression de la valeur locative
L’écosystème robuste et les passionnés
cycles – Pierre-Yves Kohler se décrit comme le «G.O.» du SIAMS, le salon de l’ensemble de la chaîne de production des microtechniques au cœur de l’Arc jurassien. Qui est aussi, rappelle-t-il, le berceau du Swiss Made. Il observe attentivement les soubresauts de la conjoncture.
JAM: Quel regard posez-vous sur cette année intrigante pour les sous-traitants, l’industrie des machines, le macrocosme de la microtechnique?
Pierre-Yves Kohler: L’année 2024 est une année compliquée pour l’ensemble de la chaîne de production des microtechniques. Que l’on parle de sous-traitance, de machines, d’accessoires, de périphériques ou de produits finis, comme par exemple des montres – tout l’écosystème est impacté. Paramètre aggravant, plusieurs domaines d’activités et plusieurs marchés géographiques sont touchés simultanément.
Parlant de cycles, oĂą en est-on?
De tout temps, l’industrie a dû faire face à des cycles conjoncturels importants, parfois plus rapides, parfois plus éloignés, parfois plus importants... mais toujours avec des hauts et des bas. Dans le domaine horloger par exemple, les chiffres de 2024 sont clairement à la baisse par rapport à 2023... mais encore supérieurs à ceux de 2022 qui étaient exceptionnels. On oublie assez vite. On l’entend de nombreux sous-traitants, les commandes ralentissent fortement et, si 2024 devrait encore être bonne, de nombreuses questions se posent pour 2025.
Qu’observez-vous du côté des sous-traitants?
Dans ce domaine et même si la notion de cotraitants est à la mode, les fabricants de pièces restent extrêmement sous pression, pression venant de leurs donneurs d’ordres, non seulement en termes de prix, mais également de délais, de qualité et de précision. Premiers touchés en cas de ralentissement conjoncturel, ils doivent sans cesse innover pour rester dans la course au niveau mondial. Par chance, la capacité à toujours trouver des solutions inédites pour les clients est une des forces de notre industrie et de notre région.
«Nos industriels ont le micron dans leur ADN et couplé à une volonté de fer, ça fait des miracles!»
Le monde de l’horlogerie est-il déjà impacté?
On constate un fort tassement du marché chinois, notamment au niveau de l’horlogerie, mais c’est plutôt parce que les clients n’achètent momentanément rien et non pas parce qu’ils achètent autre chose. Le Swiss Made fait toujours rêver! Ça n’est bien évidemment pas une raison pour arrêter d’innover et, ici également, de chercher et trouver des solutions originales. Nos industriels ont le micron dans leur ADN et couplé à une volonté de fer, ça fait des miracles! Ils doivent continuer à planifier l’avenir, à innover et à faire rêver. C’est la seule manière de préserver la plus-value créée par le Swiss Made.
À quoi faut-il attribuer le choc enregistré par la branche automobile en Allemagne?
L’industrie automobile, notamment en Allemagne, souffre grandement de la volonté politique de pousser l’électrification du parc. Le nombre de pièces mécaniques nécessaires à ce type de véhicules est très réduit et peu produit en Europe. Avec une vision à plus long terme et l’arrivée probable des véhicules à hydrogène, l’industrie doit préserver ses capacités afin d’être prête au moment opportun. La Chine se retrouvera sinon gagnante lorsqu’on aura à nouveau besoin de moteurs assez similaires à ceux de l’industrie du pétrole – et que l’Europe sera dans l’incapacité d’en produire. La recherche et le développement sont primordiaux pour faire cohabiter les volontés politiques et la survie de l’industrie. La vision stratégique est-elle d’actualité?
Et comment voyez-vous évoluer le médical?
En complément, le marché médical semble toujours bien se porter sur tous les continents. Les USA sont un peu fébriles avant l’élection présidentielle, mais les retours de l’IMTS, la plus grande foire industrielle qui vient de se terminer aux USA, semblent indiquer un certain regain de confiance, et l’industrie de la défense se porte plutôt bien. Toutes les industries ne peuvent bien entendu pas se tourner vers le médical en un clin d’œil pour compenser une baisse d’un autre domaine. Comme toujours, elles doivent être à l’affût et s’adapter. Bien malin est celui qui peut dire quand et comment cette crise va se résorber. Nos industries disposent de la volonté, du savoir-faire, de la capacité d’innovation et d’outils pour les aider à passer ce cap.
Avec l’arrivée probable des véhicules à hydrogène, l’industrie doit préserver ses capacités afin d’être prête au moment opportun.
Dans ce contexte, comment se portent les ressources humaines? On assiste à une reprise du chômage partiel, vous l’observez également?
L’optimisme béat n’est pas de mise, mais la sinistrose non plus. La crise actuelle fait suite à des années de croissance et les entreprises ont engagé massivement. Ce qui se dit assez peu! Elles doivent aujourd’hui réduire la voilure pour passer cette période. Par chance, avec le chômage partiel, la Suisse dispose d’un outil exceptionnel au service des collaborateurs et des entreprises. Ça n’est pas l’idéal et ça impacte négativement les revenus des collaborateurs. Cette solution permet néanmoins de préserver les emplois et le savoir-faire. Les entreprises peuvent ainsi garder leur personnel et être prêtes au moment opportun. Nombreuses sont celles qui profitent de cette période un peu plus calme pour continuer à former leur personnel et/ou améliorer leurs processus ou leur outil de travail.
Un défi de plus pour la formation professionnelle?
En plus de tous les problèmes qu’elle implique, cette crise n’est évidemment pas bonne pour l’image de l’industrie en général et plus particulièrement envers les jeunes qui doivent choisir une voie de formation. Mais l’image des banques ou du commerce est-elle meilleure? Presque toutes les entreprises sont confrontées au problème de relève dans les métiers techniques. Selon Swissmem, l’association faîtière de l’industrie des machines, il va manquer environ 17 000 personnes chaque année dans les métiers techniques.
Ce n’est donc pas la fin de la pénurie de personnel?
Ce qui est paradoxal, c’est que l’industrie est en crise aujourd’hui et a tendance à réduire le personnel, mais elle sait également que lors de la remontée du cycle suivant, elle manquera cruellement de collaboratrices et de collaborateurs. Oui, les métiers techniques sont des métiers d’avenir! Les entreprises doivent faire le grand écart, gérer la baisse de travail cyclique et néanmoins décider de former (ou de continuer à former).
Bien malin est celui qui peut dire quand et comment cette crise va se résorber.
Votre sentiment?
J’ai confiance! Les industriels du pays vont continuer d’être pragmatiques, mais également de se battre pour leurs clients et toujours faire partie de l’élite microtechnique mondiale. Étape par étape, avec bon sens et résilience. J’ai envie de dire aux décideurs: bravo et merci de tout ce que vous faites pour la Suisse!
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