Publié le: 4 octobre 2024

Pour assainir à long terme l’AVS et la LPP

Le premier pilier: à la surprise générale, le peuple suisse a voté pour une 13e rente AVS et il a bien fallu constater que les Romands ne sont plus les seuls à désirer l’assistance de l’État. La classe politique qui tablait sur la sagesse populaire n’a pas jugé utile de proposer des mesures de financement sérieuses, ce qui aurait peut-être convaincu les citoyens de refuser ce texte. Mais l’initiative est passée et elle va entraîner des dépenses de l’ordre de 5 milliards de francs, dont seule la moitié répond à un véritable besoin, l’autre moitié étant un arrosage pour améliorer les budgets loisirs, vacances ou que sais-je encore.

Dès lors que la majorité a tranché sur cette 13e rente qui n’a rien de solidaire, il est donc logique que ce soit la TVA qui assure son financement, puisqu’elle touche chacun équitablement. L’usam — qui représente l’économie — et le Conseil fédéral au nom de la classe politique l’ont bien compris et refusent de faire porter le fardeau aux employeurs et salariés, donc au monde économique.

Rien ne garantit qu’à l’avenir la gauche ne revienne à la charge avec une quatorzième rente ou une élévation des prestations, toujours plus coûteuses pour la classe active, d’autant plus qu’une malencontreuse erreur de calcul a sapé la confiance dans les arguments avancés par les partisans d’un meilleur équilibre à long terme. Pourtant, seules les prestations complémentaires sont capables d’améliorer la situation des plus démunis. Il est vrai que certains milieux jugent dégradant que les pauvres soient contraints à des démarches administratives, et préfèrent donc augmenter les rentes. Il est vrai également que les prestations complémentaires sont essentiellement à la charge des cantons et qu’elles sont lourdes à supporter pour ceux qui ont simultanément une faible capacité économique et de nombreux dossiers sociaux. Pour eux, c’est la double peine!

Le deuxième pilier: sachant que la gauche n’a jamais apprécié le deuxième pilier, trop individualiste à son goût, la victoire du NON le 22 septembre est une pierre blanche dans son jardin. À l’inverse, toutes les organisations patronales, aussi bien economiesuisse que l’usam en passant par l’Union patronale, se sont fourvoyées sur les intentions des citoyens. Attention à ce qu’elles ne deviennent pas hors-sol comme chez les grands voisins de la Suisse romande.

Le projet soumis au vote était trop compliqué et très difficile d’accès pour le peuple qui peine à faire la part des choses entre le premier pilier conçu sur la solidarité et le deuxième pilier fondé sur l’épargne individuelle. En Suisse où le souverain est décisionnaire, il faudrait vraiment que les supertechniciens de l’OFAS cessent d’inventer des usines à gaz et se mettent à sa portée. Trop de technocrates font face à une poignée d’élus qui ne sont pas tous enclins à s’attaquer aux questions complexes des assurances sociales. Pour la gauche et des syndicats, c’est plus facile: il suffit de refuser toute logique d’économie, de nier que l’espérance de vie augmente, de prôner un statu quo rassurant. Dès lors, elle enterre même la baisse du taux de conversion de 6,8% à 6,0% ce qui revient à faire mourir tout le monde à 80 ans. C’est navrant.

La solution: dès lors, après ces deux votes, nous sommes à un carrefour et pour consolider l’AVS et pour rééquilibrer la LPP. Pour ce faire, pourquoi ne pas considérer que la TVA doit soutenir l’AVS, mais aussi les prestations complémentaires, plus efficaces et mieux ciblées pour assurer un minimum vital aux plus démunis? À moyen terme, cela éviterait que les rentes AVS subissent des augmentations généralisées, finalement bien plus coûteuses, et que la LPP s’avère insuffisante pour toute une partie de la population.

Évidemment, cela ne va pas dans le sens des économies exigées par notre excellente conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, mais, face aux récents refus du peuple, il faudra bien trouver des solutions tenant compte de la globalité du problème des retraites, à la fois humain et financier, tout en proscrivant l’arrosage.

*Ancien membre de la Chambre suisse des arts et métiers

wicht.jeanpierre@gmail.com

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