Bois flotté, eucalyptus et bouteilles en PET déchiquetées: les constructeurs automobiles misent de plus en plus sur les matériaux durables. L’époque où certaines marques se vantaient du nombre de vaches qui avaient dû donner leur vie pour leur noble intérieur en cuir est définitivement révolue – aujourd’hui, les départements marketing préfèrent de loin souligner que leur voiture est entièrement vegan. Les imitations de cuir à faible émission de CO2, les revêtements de sièges fabriqués à partir de vieux filets de pêche ou de plastique issu d’algues sont aujourd’hui commercialisés comme l’étaient il y a quelques années encore le nombre de chevaux et l’accélération. La tendance est limpide: d’une part, les constructeurs automobiles veulent réduire leur empreinte carbone.

Les constructeurs veulent réduire leur empreinte carbone.

Beaucoup ont du moins annoncé des objectifs de manière offensive: certains ont adhéré à l’accord de Paris sur le climat et se sont imposés des mesures strictes. D’autres veulent réduire les émissions de dioxyde de carbone par véhicule produit. Dans ce domaine, les matériaux durables peuvent effectivement faire une grande différence. D’autre part, l’approche durable est actuellement à la mode. La clientèle attend aujourd’hui un certain degré de matériaux durables dans une voiture. Les constructeurs s’efforcent donc de les utiliser et de le faire savoir. Le professeur Werner Olle de l’Institut automobile de Chemnitz part du principe qu’il y aura à l’avenir des directives concernant la part de matières premières durables dans les nouvelles voitures.

Housses de siège: plastique usagé

En même temps, les matériaux durables ne sont pas nouveaux dans les voitures. De grands constructeurs comme Toyota, VW ou BMW les utilisent depuis longtemps. Mais jusqu’ici, seulement pour les pièces non visibles comme les matériaux d’isolation ou les coussins de siège. Ces derniers sont fabriqués depuis des décennies à partir de matériaux tels que le lin, le chanvre, le kénaf, le papier, la cellulose ou le coton. Mais pour les parties visibles d’une voiture, on a longtemps misé sur le cuir, les bois précieux, les métaux et les plastiques expansés. Depuis quelques années, parallèlement à l’introduction du moteur électrique, des matériaux durables sont également utilisés dans la partie visible de l’habitacle. Et parfois de manière très innovante.

Les exemples sont légion. Dans le crossover électrique MX-30, Mazda utilise pour l’intérieur des portes un tissu composé à 100% de bouteilles PET déchiquetées. Les revêtements des sièges contiennent 20% de fil recyclé, les tablettes ainsi que les poignées intérieures des portes sont faites de déchets de liège issus de la production de bouchons de vin. Polestar utilise également des tissus issus de bouteilles en PET et de déchets de liège. La filiale de Volvo mise sur de tels matériaux depuis le début de sa propre production automobile.

«En développant ces matériaux durables, nous faisons une déclaration claire et précisons nos intentions», a déclaré à ce sujet l’ancien chef d’entreprise Thomas Ingenlath. Cupra, la filiale de VW, utilise désormais pour ses sièges sport un tissu composé de fibres polymères recyclées, obtenues à partir de déchets plastiques pêchés dans la Méditerranée et dans d’autres eaux. De nombreux autres constructeurs utilisent de tels matériaux. En fait, rares sont les marques qui n’en utilisent pas.

Cuir d’ananas et Appleskin

Les ingénieurs vont nettement plus loin dans des études prospectives qui montrent quels types de matériaux seront utilisés dans les voitures de demain. Dans son concept-car Vision In, Skoda utilise du cuir d’ananas, fabriqué à partir de feuilles de fruits tropicaux, et mélange des betteraves à sucre aux matières plastiques.

le client s’attend à trouver un certain degrÉ de matériaux durables.

VW utilise dans son projet ID. Space Vizzion un matériau appelé Appleskin, un tissu vegan ayant les propriétés du cuir synthétique et fabriqué avec une part de résidus issus de la production de jus de pomme. Selon le fabricant, 20% du polyuréthane utilisé jusqu’à présent pourrait être remplacé par des résidus de pommes. Le toit et le capot de la Citroën Oli sont constitués d’un matériau composite en carton ondulé résistant.

La R&D cartonne

Des fournisseurs comme Continental développent activement de nouveaux matériaux durables: des tissus à base de coquilles de homard (en raison de leurs bonnes propriétés antimicrobiennes), des tuyaux en peau de tomate au lieu de caoutchouc ou de la pulpe de café utilisée dans les phares, par exemple.

certains matériaux durables sont utilisés depuis belle lurette sur les parties non visibles.

L’Université technique d’Eindhoven a mis au point une voiture dont le châssis est composé de fibres de lin et de bioplastique à base de sucre. Les promoteurs affirment que ces matériaux ne consomment qu’un sixième du total de l’énergie nécessaire à la fabrication de matériaux de construction légers courants comme l’aluminium ou les fibres de carbone.

Toutefois, pour la structure de collision d’un véhicule de série, on continuera encore longtemps à utiliser des aciers à haute résistance, de l’aluminium ou du carbone. Mais là aussi, les solutions existent. Comme l’aluminium «vert» réalisé au Canada grâce à un procédé spécial qui permet d’économiser environ 70% des émissions de CO2 par rapport à la production traditionnelle. Autre exemple, l’acier. BMW, utilise de l’acier produit à base de gaz naturel ou d’hydrogène et d’électricité verte. Cela permet de réduire les émissions de cet acier jusqu’à 95%. De quoi économiser environ 400 000 tonnes de CO2 par an. Cela montre de manière exemplaire l’ampleur de l’effet que peuvent avoir les matériaux durables dans la construction automobile.

Dave Schneider