Publié le: 8 novembre 2024

Boom US et larmes en Allemagne

exportateurs – Le dynamisme des exportations suisses vers les États-Unis a dépassé la hausse du commerce avec la Chine. Quant au marché allemand, il s’est fait dépasser par l’américain depuis 2021.

Pendant des décennies, c’était un dogme: l’Allemagne réunifiée était le principal marché d’exportation pour les marchandises suisses. Mais depuis 2021, c’est de l’histoire ancienne, les États-Unis ont dépassé notre voisin du nord. Si le volume des exportations vers l’Allemagne était de 41 milliards de francs en 2007, il n’était que légèrement supérieur en 2023, avec 43 milliards de francs. Dans le même temps, les exportations vers les États-Unis ont augmenté de 30 à 49 milliards de francs.

Malgré le manque d’élan du moteur économique allemand, l’UE reste de loin le marché le plus important pour les biens produits en Suisse, avec 50% de toutes les exportations. Les États-Unis arrivent en deuxième position avec 18%, la Chine (y compris Hong Kong) obtenant le bronze avec 8%. Pour de nombreux pays européens, la Chine est devenue le principal partenaire commercial (à côté du marché intérieur de l’UE), tandis que l’importance relative des États-Unis a diminué.

Exportations pharma aux «States»

Ce n’est pas le cas pour la Suisse, grâce à une seule branche: environ 60% des exportations de la Suisse vers les États-Unis concernent des produits pharmaceutiques. Les États-Unis sont le marché de la santé le plus grand et le plus important financièrement au monde. Dans ce contexte, l’industrie pharmaceutique bénéficie depuis longtemps d’avantages commerciaux accordés dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce. L’accord sur l’élimination des droits de douane pour les produits pharmaceutiques «zéro-pour-zéro») a profité à un grand nombre de médicaments. Depuis un an, un accord bilatéral règle la reconnaissance mutuelle des «bonnes pratiques de fabrication» (BPF) pour les médicaments. Il vise à simplifier davantage le commerce avec les États-Unis et à réduire les charges administratives pour la branche.

Toujours pas d’accord

Un accord de libre-échange (ALE) global entre la Suisse et les États-Unis fait toujours défaut. L’occasion de lancer des négociations s’est présentée à plusieurs reprises, la dernière fois sous l’administration Trump. Mais aucune de ces tentatives n’a abouti. La tentative la plus concrète date de 2005, mais début 2006, le Conseil fédéral a rejeté la proposition du ministre suisse de l’économie de l’époque, Joseph Deiss, d’ouvrir des négociations officielles. Berne a ainsi claqué la porte au nez de Washington. Des accords sectoriels, comme par exemple ceux qui ont été conclus pour l’industrie pharmaceutique, permettent de simplifier au moins partiellement l’accès au marché.

Il est intéressant de noter que la dynamique des exportations suisses vers les États-Unis a dépassé la croissance du commerce avec la Chine. Alors que la croissance des exportations suisses vers les deux pays a longtemps évolué en parallèle, les exportations de marchandises vers les États-Unis ont pris le relais dès 2021.

On se souvient aussi que la Suisse a conclu un ALE avec la Chine et que ce dernier devrait être mis à jour dans les années à venir. Cette mise à jour pourrait éventuellement donner de nouvelles impulsions au commerce, mais pour cela, la Chine doit surmonter sa faiblesse de croissance actuelle.

Morosité persistante allemande

Dans un avenir proche, il est donc difficile d’imaginer que l’importance de la Chine en tant que partenaire commercial pour la Suisse puisse égaler celle des États-Unis, et encore moins celle de l’UE.

Malgré la croissance fulgurante du commerce de la Suisse avec les États-Unis, le marasme du marché allemand ne peut être que partiellement compensé. Ainsi, les principales exportations de marchandises vers l’Allemagne, avec une tendance à la hausse, sont également des produits pharmaceutiques, mais derrière eux viennent les «machines, appareils, électronique». Leurs ventes en Allemagne sont stables depuis une trentaine d’années, c’est-à-dire qu’elles n’augmentent plus. Ce manque de dynamisme ne peut pas être compensé par une croissance correspondante sur le marché américain.

Le remplacement de l’Allemagne par les États-Unis à la tête des exportations suisses est donc aussi l’expression du succès de la Suisse en tant que site de production de produits pharmaceutiques, et témoigne en même temps de la baisse de la part relative de l’industrie MEM. Les tendances à la désindustrialisation constatées en Allemagne ces dernières années ne sont pas de bon augure pour l’industrie MEM suisse. Il est donc d’autant plus important d’améliorer les conditions que nous pouvons nous-mêmes influencer. La réduction conséquente des obstacles réglementaires et de la bureaucratie en fait partie, ce qui représente un facteur de compétitivité décisif pour les PME. Patrick Dümmler, usam

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