Publié le: 6 décembre 2024

Ce qu’il reste après le NON

ROUTES NATIONALES – Les votants ayant rejeté de justesse six projets d’élimination des goulets d’étrangle­ment sur les routes nationales, le sujet du désengorgement urgent et néces­saire des routes nationales et des zones d’habitation ne fait donc plus partie des priorités politiques actuelles.

Le sujet était pourtant simple: six projets devaient éliminer de graves goulets d’étranglement sur les routes nationales. De nouveaux tunnels étaient prévus à Bâle, Schaffhouse et Saint-Gall. Des voies supplémentaires à Berne et entre Genève et Lausanne. Le but était simplissime: décharger et fluidifier le trafic. Mais après la décision du peuple, rien ne sera fait.

Comment interpréter le non?

Un coup d’œil sur les résultats et les sondages montre que plusieurs raisons peuvent avoir conduit à ce rejet. Mais pour l’esssentiel, du point de vue de l’usam, c’est le fait que le non ne porte que sur ces six projets: ni sur l’ensemble du Prodes des routes nationales, ni sur l’ensemble de la politique des transports de la Confédération. Celle-ci a fait ses preuves et doit être poursuivie. Elle ne saurait être remise en question par le résultat de la votation et devrait donc rester inchangée. Le sondage montre que la population n’est pas foncièrement opposée à de futures extensions.

PME: là où ça fait mal

Le non aux six projets signifie que les bouchons resteront ce qu’ils sont: un obstacle majeur pour l’économie. La main-d’œuvre, déjà rare, est inutilement bloquée dans les embouteillages. Ce qui affecte le travail de tous. De même, les marchandises ne peuvent être livrées qu’avec du retard. Ces deux facteurs ont un impact sur les coûts. On l’a dit et redit ad nauseam: les embouteillages sur les routes nationales coûtent près de 1,2 milliard de francs par année à la Suisse. Pour de nombreuses PME, il n’existe pas d’alternative à la route. Transporter les marchandises par le train, ce n’est pas toujours aussi facile. De nombreux collaborateurs affectés aux services à la clientèle ont besoin d’une voiture pour y parvenir.

La population est aussi concernée. Lorsque les axes principaux sont encombrés, le trafic déborde dans les villages et les villes, où il s’accumule. Il «nuit gravement» à la sécurité routière, au détriment des cyclistes et des piétons. Au final, c’est la qualité de vie qui en pâtit. Malheureusement, cette évolution ne fera que s’intensifier tant que les goulets d’étranglement sur les routes nationales ne seront pas supprimés. Et ce n’est pas demain la veille!

Remettre l’ouvrage sur le métier

C’est pourquoi il faut s’attaquer à ces goulets d’étranglement. Les projets existants doivent être examinés et adaptés pour qu’ils puissent à l’avenir réunir une majorité. Dans l’intervalle, on ne pourra pas éviter d’examiner également des mesures immédiates. Car si l’on ne met pas un terme à la surcharge, la situation s’aggravera d’année en année et il ne sera bientôt plus possible de circuler. Il faudra donc poursuivre la politique des transports qui a fait ses preuves, respecter au mieux ses étapes de planification et ses projets, afin de trouver des solutions efficaces et effectives aux goulets d’étranglement.

Différentes théories circulent déjà sur la manière dont le désengorgement pourrait être obtenu par d’autres moyens. Pour l’usam, il est déjà clair que les projets unilatéraux comme le «road pricing» ne constituent pas une solution réaliste. Ils pénaliseraient excessivement les PME qui ne peuvent pas décider librement qui doivent se déplacer en fonction des besoins des clients.

Investir judicieusement

Il est tout aussi clair que les moyens financiers pour la réalisation de tels projets doivent rester disponibles. En effet, le fonds affecté aux routes nationales et au trafic d’agglomération (Forta) est alimenté par l’argent des usagers de la route: la vignette autoroutière et l’impôt sur les huiles minérales. Il s’agira à l’avenir d’investir judicieusement cet argent dans les routes nationales, comme on le fait pour les chemins de fer, car cette affectation est prescrite par la loi.

Michèle Lisibach, usam

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