Publié le: 6 décembre 2024

Des pistes pour les abricots sensibles

fruits – L’État du Valais et l’Interprofession des fruits et légumes du Valais (IFELV) viennent de publier leur «Stratégie arboriculture et cultures maraîchères à l’horizon 2030». Sébastien Besse, chef de l’Office d’arboriculture, évoque un projet en cours d’évaluation permettant de lutter à bon prix contre le gel des abricotiers à l’aide de pellets en bois.

Quelle est la situation de l’abricot en Valais? «Les changements climatiques sont au cœur de nos préoccupations et l’abricot, comme d’autres fruits, sont des cultures très exposées et vulnérables», confirme Sébastien Besse, chef de l’Office d’arboriculture et cultures maraîchères pour le canton du Valais. «Cela dit, le risque de gel de printemps a toujours existé, il s’étend de mars à avril et parfois même jusqu’en mai.»

Serait-il possible de retarder la floraison de quelques jours pour sauver les abricots du gel? «Je suis plutôt mitigé sur la possibilité de réduire ce risque en privilégiant des variétés qui fleurissent un peu plus tard, soit quelques jours de différence. Je pense que cela ne serait pas suffisant.»

Gestion du risque technique

Son office, rattaché au Département de l’économie et de la formation, vient justement de publier (le 11 novembre 2024, ndlr) en étroite collaboration avec l’Interprofession des fruits et légumes du Valais (IFELV) les grandes lignes de sa «Stratégie arboriculture et cultures maraîchères à l’horizon 2030». Qui rappellent notamment que le Valais abrite «la plus grande région de production de fruits de table de Suisse, avec environ le tiers des surfaces de cultures fruitières.» Principalement des pommes, des poires et des abricots. Au cœur de cette stratégie, une approche durable et résiliente, mais aussi la valorisation des exclusivités valaisannes. Comme l’abricot.

«La gestion technique du risque de gel est traitée différemment selon la zone considérée, détaille Sébastien Besse, l’abricot est très sensible puisque les jeunes fruits ne supportent pas des températures inférieures à -0,5 degré. Le phénomène du gel est donc très fréquent. La situation est différente en plaine, où le gel est plus sévère par accumulation d’air froid. En revanche, en plaine, il est possible de lutter très efficacement contre le gel par l’aspersion continue des cultures avec de l’eau qui, pompée dans la nappe phréatique, finit d’ailleurs par y retourner.»

Le cas spécial du coteau

En revanche, sur le coteau, la situation est différente. «Le gel est moins intense en raison du phénomène d’inversion de température. L’aspersion y est tout simplement impossible en raison des risques de glissements de terrain qui surviendraient en cas d’arrosages intensifs – nous parlons potentiellement de plus de dix heures par jour durant plusieurs jours.»

Par conséquent, il faut une approche différente pour le coteau. «L’utilisation de bougies est la solution la plus courante. Elle présente toutefois le désavantage d’être bien plus chère que l’aspersion. Pour cette raison, nous sommes en train de mettre au point un prototype de bougies fonctionnant à l’aide de pellets. Ce dispositif est actuellement en cours d’évaluation. Le coût d’utilisation réduit est l’un de ses avantages.»

Gestion financière des risques

Une autre réflexion menée par l’équipe de l’Office d’arboriculture concerne la gestion financière des risques météos. «Avec l’interprofession, nous avons mis en place un fonds de secours pour venir en aide aux producteurs en cas d’aléas graves. Ceux-ci participent au financement de ce fonds qui peut également être utilisé pour contracter une assurance. Les bases légales relatives à ce fonds sont entrées en vigueur en début d’année. C’est un moyen de protéger les producteurs contre le risque de gel qui frappe les abricotiers et d’autres arbres fruitiers précoces.

Diversifier, diversifier

Une dernière piste évoquée par Sébastien Besse concerne la diversification – pour augmenter la résilience des exploitations. «Nous voulons soutenir la production d’abricots tout en nous efforçant de trouver d’autres créneaux pour les producteurs. Mais cette priorité à donner à la diversification concerne finalement toute l’agriculture.»

François Othenin-Girard

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