Publié le: 6 décembre 2024

Une économie ouverte comme pilier de notre prospérité

Faute de marché intérieur suffisamment important, la Suisse doit pouvoir maintenir son accès aux grands marchés d’exportation et surtout résister aux tentations protectionnistes.

Rivalités protectionnistes sino-américaines, élection de Donald Trump et ses promesses de nouvelles taxes douanières, érosion de la voie bilatérale en cas d’échec des négociations avec l’Union européenne, notre pays, dont le modèle de croissance repose sur une économie d’exportation, est confronté à de multiples fronts protectionnistes.

La réélection de Donald Trump constitue le premier de ses fronts pour l’économie suisse. Premier partenaire commercial après le bloc européen, le marché américain représente une importance majeure pour notre tissu économique. En faisant passer de 2,5 à environ 15% les taxes sur les importations, le nouveau président américain menacerait sérieusement nos entreprises exportatrices, et à terme, l’emploi dans notre pays. La pharma, mais aussi l’industrie des machines ou l’horlogerie sont particulièrement concernées.

Une étude récente de l’Institut KOF rappelait récemment que la Suisse pourrait subir une contraction de l’ordre de 0,2% de son activité en cas d’augmentation des taxes douanières américaines et pouvant même atteindre jusqu’à 1%, soit 7 milliards de francs, en cas de guerre commerciale généralisée entre les trois grands acteurs du commerce mondial que sont les États-Unis, l’Union européenne et la Chine.

FaceĂ  cette situation, il convient de ne pas ajouter de la crise Ă  la crise en dilapidant nos acquis.

Depuisplus de vingt ans, grâce à la voie bilatérale, la Suisse a su construire une relation stable et structurée avec son premier partenaire commercial qu’est l’Union européenne. Grâce à son accès facilité au plus grand marché intégré du monde – qui va bien au-delà d’un simple accord de libre-échange –, notre pays exporte chaque année près de 140 milliards de francs de marchandise dans l’Union européenne. Ce qui représente la moitié du total du volume de l’ensemble de nos exportations mondiales, bien loin devant notre deuxième partenaire américain et ses 49 milliards de francs.

À titre d’exemple concret, grâce à l’accord sur les obstacles techniques au commerce, les PME de notre pays bénéficient d’un accès facilité au marché unique européen. Ce qui leur évite des obstacles bureaucratiques auxquels elles devraient se conformer, par exemple, par l’ouverture de filiale dans chacun des États-membres de l’Union européenne, renchérissant ainsi leurs coûts de manière totalement disproportionnée.

Dans ce contexte, les négociations en cours avec l’Union européenne ne sont pas seulement importantes pour notre place économique: elles s’avèrent capitales pour des milliers d’entreprises – des plus petites aux plus grandes- de notre pays. Échouer de telles négociations signifierait non pas la stagnation, mais le recul de notre place économique sur le long terme.

La réalité du retour du protectionnisme dans le commerce mondial illustre la chimère d’éventuels marchés alternatifs au marché européen que véhiculent les opposants à tout accord avec l’Union européenne.

Car s’il convient de continuer de renforcer et développer nos accords de libre-échange, à l’image du récent traité négocié avec l’Inde, dans le but de diversifier nos débouchés commerciaux, il paraît illusoire de considérer que de tels accords peuvent se substituer à une relation structurée avec notre principal partenaire commercial.

L’économie suisse doit beaucoup au libre-échange et aux échanges commerciaux. Ils sont la clé de son succès. De l’Europe au vaste monde, il convient de perpétuer cette vision d’une suisse ouverte, assurance de la prospérité de nos entreprises.

*conseiller national (PDC/GE)

maitre@dblex.ch

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