Publié le: 24 janvier 2025

Éviter de faire tache d’huile

VOTATIONS – À Bâle-Campagne et à Soleure, l’introduction de salaires minimums cantonaux sera soumise au vote le 9 février. Pour ne pas mettre en péril les emplois, ces objets doivent être rejetés. Argumentaire.

À Bienne, l’initiative pour un salaire minimum légal de 23,80 francs de l’heure a été lancée le 1er mai 2024 et a été déposée avec succès fin août, indique Unia avec un petit ton triomphaliste. Comme à Berne et ailleurs. Après l’échec cuisant d’une initiative nationale sur les salaires minimums il y a une dizaine d’années, les syndicats, le PS et les Verts font avancer cette cause dans les villes et les cantons. Neuchâtel, le Jura, Genève, le Tessin et Bâle-Ville en ont adopté une version. Et le 9 février, on votera à Soleure et Bâle-Campagne.

Éviter le morcellement

Les salaires minimaux conduisent à un patchwork – avec tous ses effets négatifs. Les initiants à gauche demandent un salaire minimum de 22 francs pour Bâle-Campagne et de 23 francs pour Soleure. Ce qui est d’autant plus paradoxal, vu qu’il s’agit de deux cantons voisins. «Notre Schwarzbubenland est étroitement lié à Bâle-Campagne sur le plan fonctionnel et de l’économie régionale», explique Sarah Koch, directrice de l’Association des PME et des artisans du canton de Soleure. Certaines régions soleuroises sont même véritablement encerclées géographiquement par Bâle-Campagne. «Les différences entre les salaires minimaux cantonaux sont absurdes, ne serait-ce que dans ce contexte», ajoute-t-elle. Les bourgeois et les associations économiques cantonales, dont les unions cantonales des arts et métiers, des deux cantons mèneront une campagne commune. «Nous utilisons ainsi les synergies et augmentons notre visibilité à tous.» Les arguments contre ces mesures sont nombreux. En voici un aperçu.

Le salaire minimum coûte des emplois. L’adoption d’un salaire minimum entraîne automatiquement une augmentation des coûts salariaux pour les entreprises. Ces coûts supplémentaires peuvent représenter une charge financière considérable, en particulier pour les PME ou les entreprises des secteurs à faibles marges. Par conséquent, les entreprises se verront contraintes de supprimer des emplois afin de réduire leurs dépenses globales.

Le salaire minimum augmente les coûts pour tous. Les coûts salariaux plus élevés sont répercutés sur les consommateurs par le biais de prix plus élevés. Pour continuer à obtenir les résultats économiques souhaités, les entreprises adapteront elles aussi les prix de leurs produits ou services aux coûts réels, c’est-à-dire qu’elles les renchériront. Tous en paieront la facture.

Le salaire minimum est une attaque contre l’apprentissage. Un salaire minimum réduit l’intérêt pour les jeunes de commencer un apprentissage, car les travailleurs non qualifiés pourraient également atteindre un niveau de salaire similaire. La reconnaissance de l’apprentissage s’en trouverait affaiblie, ce qui priverait à l’avenir les PME d’une main-d’œuvre bien formée.

Le salaire minimum s’attaque au partenariat social. Les conventions collectives de travail (CCT) conclues entre les employeurs et les syndicats sont appelées à disparaître. Elles contiennent pourtant, outre les salaires, d’autres dispositions favorables aux travailleurs. De plus, les solutions de branche seront rendues impossibles.

Le salaire minimum réduit les possibilités d’emploi. Les jobs d’étudiants et d’élèves ne sont plus rentables. De nombreuses personnes perdent ainsi l’occasion d’acquérir une première expérience professionnelle avec toutes ses facettes positives.

Le salaire minimum crée de la bureaucratie. Les règles supplémentaires qui seraient imposées par l’introduction d’un salaire minimum nécessiteraient des contrôles plus poussés. Un salaire minimum crée donc encore plus de charges administratives pour les entreprises et les autorités. Les PME seront ainsi submergées par encore plus de bureaucratie et ne pourront plus se concentrer sur leurs activités quotidiennes essentielles.

Le salaire minimum fait obstacle aux emplois sociaux. Les organisations du secteur social pourraient employer moins de personnes, car elles ne pourraient plus se permettre de payer des salaires plus élevés. Les emplois sociaux sont toutefois appréciés dans l’ensemble de la société. La rémunération n’est pas nécessairement au premier plan. Il est plus important d’ouvrir des perspectives sociales à ce groupe et de lui permettre en même temps de vivre un quotidien bien réglé.

Salaires en Suisse alémanique

À Soleure, la pilule serait amère en cas de oui. «Bien que nous nous trouvions dans la moyenne en termes de puissance économique, nous aurions le salaire minimum le plus élevé de Suisse alémanique», relève Sarah Koch. Cela entraînerait des distorsions de concurrence massives et les PME ne seraient plus à armes égales. Comme les cantons d’Argovie et de Berne ne connaissent pas (pour l’instant) de salaire minimum, la directrice s’attend à des départs potentiels d’entreprises et à des délocalisations d’emplois. Elle s’engage dans la campagne. Selon elle, il faut éviter à tout prix de perdre le contrôle de la situation.

Rolf Hug

Sites (en allemand):

www.fwso.ch/mindestlohn-nein

www.nein-mindestlohn-bl.ch

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