Pour clore la 75e Conférence d’hiver des arts et métiers, Urs Furrer, directeur de l’usam, a consacré son exposé à la question des conditions-cadres dont les PME suisses ont besoin. En jetant un coup d’œil dans le rétroviseur, il constate que l’artisanat a été fortement dépendant de la Confédération durant la première moitié du 20e siècle. «La foi en l’État était bien ancrée.» L’usam a par exemple exigé l’interdiction des grands magasins. «Heureusement, cela n’a pas eu lieu. Car si l’État t’aide aujourd’hui, attends-toi à un retour de balancier demain», a-t-il rappelé aux participants.
«si l’état t’aide aujourd’hui, attends- toi à un retour de balancier demain.»
Désormais, l’usam plaide depuis de nombreuses années contre l’aide étatique. «L’État doit laisser les PME tranquilles et ne pas imposer toutes sortes de taxes et d’interdictions qui bloquent leur action.» Cette position date des années 1970, inscrite dans le «document de Wildhaus». La faîtière des PME y clarifiait sa ligne en matière de politique étatique, se prononçant en faveur du maintien de l’ordre économique et d’une société libérale basée sur les principes de la propriété privée, de l’économie privée et de la liberté économique. C’est ce que l’on peut lire dans la publication de 2004 commémorant le 125e anniversaire de l’usam.
Des avis divergents sur l’entrée dans l’EEE en 1992
Tout aussi intéressant à relever: jusque dans les années 1980, l’usam a rejeté presque tous les projets de politique étrangère, y compris l’adhésion à l’ONU. Les avis ont ensuite divergé sur l’EEE en 1992. Le secrétariat et le Comité directeur se sont prononcés contre l’adhésion. Mais un congrès extraordinaire des arts et métiers a renversé cette décision et le oui est passé de justesse. Le peuple a par la suite rejeté l’adhésion et l’usam a fait partie des perdants de la votation. «À l’époque déjà , on disait que le Conseil fédéral ne communiquait pas suffisamment», a rappelé Urs Furrer en tirant un parallèle avec le paquet d’accords actuels entre la Suisse et l’UE. L’échec de l’accord-cadre fut une bonne chose. Le résultat actuel semble être meilleur. Mais l’usam ne pourra procéder à une évaluation que lorsque le texte complet de l’accord sera disponible. Ce devrait être le cas au printemps prochain.
«Nous devons parler clairement et communiquer de manière plus offensive.»
Pour le directeur de l’usam, il est important de ne pas céder au chantage des syndicats et de leurs revendications. En outre, les éléments institutionnels doivent être examinés de près, y compris leurs effets sur les PME. «Nous devons tenir compte du fait que ces règles du jeu seront également fixées pour les futurs accords», estime Urs Furrer.
Plus d’un milliard de francs de coûts
Indépendamment de l’issue des accords avec l’UE, le directeur a plaidé pour un programme de revitalisation de l’économie. La loi sur l’allégement des entreprises (LEE), initiée par l’usam, joue un rôle important à cet égard. Celle-ci ancre des mesures visant à réduire les coûts de la réglementation, et ces coûts doivent désormais être estimés et présentés. «Le projet du conseiller fédéral Beat Jans sur le renforcement des rapports de durabilité coûtera probablement plus d’un milliard de francs à l’économie», indique-t-il. L’accent sera mis sur la formation professionnelle: «C’est notre Unique Selling Point. Ici, nos associations cantonales et les branches font un travail de grande valeur.»
Plus généralement, l’usam doit se défendre contre un État toujours plus envahissant. On le voit bien selon lui avec l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC). «L’administration veut la prendre de plus en plus sous son aile et, de manière générale, une forme d’économie planifiée bien néfaste s’insinue partout, a lancé Urs Furrer, les mesures de politique industrielle décidées par le Parlement le montrent clairement.» Autre thème, l’énergie. L’usam est favorable à un approvisionnement énergétique fiable et avantageux. Son directeur a plaidé pour une interaction entre toutes les sources d’énergie. Il a expressément qualifié la sortie du nucléaire d’«erreur».Le dénominateur commun concerne la communication: «Nous devons à nouveau parler clairement et communiquer de manière plus offensive.» Rolf Hug