Publié le: 24 janvier 2025

Plus de marché, moins de subventionnement

Énergie – Pour réduire le CO2 durablement et à moindre coût, il faut une ouverture technologique. Il est important de trouver des solutions de l’économie pour l’économie. Le fouillis des subventions doit être clarifié.

Le jeudi après-midi des journées de Klosters fut consacré au thème «Énergie, réduction des émissions de CO2 et coûts.» Dans son exposé sur les innovations nucléaires, Wilfried Hahn lorgne du côté de l’Allemagne et en conclut que la transition énergétique a échoué. «Les énergies éolienne et solaire ne seront pas en mesure de compenser de manière crédible la disparition des énergies fossiles d’ici 2050.» Selon lui, le changement climatique est un problème bien réel et les besoins en énergie vont continuer à augmenter dans le monde entier.

Pour ce spécialiste, il est donc clair que l’énergie nucléaire restera nécessaire. «Elle est parfaite pour la consommation de base lors de besoins élevés et constants, en particulier pour l’industrie et l’économie.»

Wilfried Hahn place de grands espoirs dans un réacteur à sel liquide de thorium de petite taille, comme celui qui a été développé par l’entreprise danoise Copenhagen Atomics, où Hahn est membre du board. «Un tournant énergétique sans CO2 serait possible pour une fraction des coûts.»

Testé par l’Institut Paul Scherrer

Le thorium offre de son point de vue de nombreux avantages: «La quantité de déchets nucléaires est 366 fois moins importante et les déchets sont plus rapidement éliminés.» Le thorium est disponible dans le monde entier et les réserves suffisent pour des milliers d’années.

De plus, souligne-t-il, ce matériau ne présente aucun intérêt militaire. «Il n’y a pas de risque de prolifération.» Une boule de thorium qui tient dans une main fournit toute l’énergie dont un homme a besoin dans sa vie. «L’équivalent de 1000 wagons remplis de charbon.»

Les problèmes techniques de ce nouveau réacteur sont résolus à 95%. Il devrait être testé à l’Institut Paul Scherrer (PSI) dans deux ans. La production en série est prévue pour les années 2030. L’entreprise en est au deuxième tour de financement. Des investisseurs sont recherchés. Il va aussi falloir convaincre les autorités de surveillance, ce qui n’est pas évident.»

De l’économie pour l’économie

Rudolf Minsch abordait pour sa part la transition énergétique et les solutions de l’économie pour l’économie recommandées par l’Agence de l’énergie pour l’économie (AEnEC) qu’il préside et qui a été fondée par les associations économiques. Pour économiser du CO2, les entreprises conviennent d’une cible sur dix ans. Si les objectifs sont atteints, la taxe sur le CO2 est remboursée aux entreprises. Avec 120 francs par tonne, cette taxe est la plus élevée au monde. Les succès de l’AEnEC ont été étayés par des chiffres. Jusqu’à présent, 4700 entreprises ont signé un accord. Les objectifs sont dépassés.

Néanmoins, tout n’est pas rose, à en croire les économistes. La mainmise de la Confédération s’étend de plus en plus. Nous observons une étatisation rampante, et dans le domaine de l’énergie et de l’environnement, il y a toujours plus de réglementations. Il est même devenu difficile de garder une vue d’ensemble de tous les programmes de soutien. Dans ce domaine aussi, l’AEnEC disposent de plus de 120 conseillers qui apportent leur aide concrète.

Des PME qui «chouinent»?

À l’heure du débat sur ces questions du renouvelable dans les énergies, nous retrouvons autour de la table: Peter Richner, directeur adjoint de l’EMPA. Priska Wismer-Felder, conseillère nationale du Centre et coprésidente de l’AEE suisse, une association faîtière de l’économie pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Benjamin Schmid, directeur de l’industrie suisse de la brique et de la tuile. Et Patrick Dümmler, responsable de cette thématique à l’usam.

Priska Wismer-Felder s’est étonnée du «ton négatif» employé par certains orateurs entendus et a critiqué l’attitude geignarde des PME. «Dire du mal des technologies n’apporte rien. Les solutions techniques existent, c’est la volonté qui fait défaut.»

Peter Richner a plaidé quant à lui pour une déforestation dans la jungle des subventions. Ou une clarification dans les logiques variées du subventionnement, qui toutes conduisent à fausser les paramètres et mener à de mauvaises décisions. «Les bonnes solutions émergent du marché.»

De son côté, Benjamin Schmid, qui représente un secteur à forte consommation d’énergie, s’est prononcé en faveur d’une neutralité technologique. Pour une stabilité énergétique, nous devrons construire sur le Plateau suisse de nouvelles centrales nucléaires ou des centrales à gaz à cycle combiné.»

Patrick Dümmler a pour sa part mis en garde les décideurs contre les tentations de surréglementation. «L’Allemagne est allée bien trop loin. En Suisse, nous devons plus faire confiance au marché et à l’économie.»Rolf Hug

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